Synode sur la famille: interventions Orthodoxe et Baptiste

Le Métropolite Athénagoras de Belgique, délégué du patriarcat œcuménique décrit quatre aspects de la tradition orthodoxe au sujet de la famille et le Dr Valérie Duval-Poujol parle de trois thèmes qui questionnent les baptistes dans le domaine de la pastorale du couple et de la famille

2014 11 06 synode famille

La déclaration orthodoxe : le Métropolite Athénagoras de Belgique, délégué du patriarcat œcuménique

Votre Sainteté, Chers frères et sœurs en Christ,
C’est un honneur que de pouvoir représenter le Patriarche Œcuménique Bartholomée à l’occasion de votre Synode consacré à la famille. Le Patriarche Bartholomée m’a demandé de vous saluer tous en son nom.
Je vous remercie de m’offrir l’occasion d’intervenir dans vos débats et de présenter ainsi quelques réflexions issues de la tradition de l’Église orthodoxe.
  1. Premièrement, notre Église veut toujours rester une aide pour ceux qui souffrent. C’est assurément le cas lorsque le mariage a cessé d’être une réalité à cause de la « faiblesse humaine ». Cela est concédé comme une approche pastorale, en vertu de l’« économie » envers la faiblesse de l’homme et du monde corrompu dans lequel nous vivons. Mais le deuxième mariage sera toujours une déviation par rapport à l’« idéal d’un mariage unique », souvent une nouvelle chance pour « corriger une faute ».Déjà dans l’Église primitive, saint Basile le Grand affirmait, à propos de l’homme trompé par sa femme, que cet homme est « pardonnable » s’il se remarie.Hier on a déjà entendu ce qu’est l’« économie » dans l’Église orthodoxe ; c’est l’application souple des directives canoniques et ecclésiastiques dans la direction et dans la vie de l’Église. La mise en œuvre de l’économie n’est réalisée que par l’évêque et ne vaut que pour des cas concrets, mais ne crée aucun précédent.D’abord chaque situation particulière doit bénéficier d’un accompagnement pastoral qui tente de réconcilier les conjoints. Si vraiment ce n’est pas possible, on peut envisager un remariage. D’ailleurs, la tradition orthodoxe veut que chaque fidèle choisisse librement son père spirituel. Il s’agit d’une personne qui a de l’expérience dans la vie spirituelle et qui est appelée à apprendre la façon de vivre.
  2. Deuxièmement, il est certain qu’on ne doit être ni trop moralisateur ni trop rigide envers les jeunes, sous peine de ne pas être écouté.Parmi nos jeunes ils y en a qui ne sont pas encore suffisamment engagés dans l’Église pour dire : ‘Nous allons nous marier parce que notre couple, notre future famille, sera une cellule d’Église, et donnera un exemple d’engagement évangélique’. Il arrive pourtant qu’ils vivent quelque chose de vrai qui les prépare à un amour durable, et que ces jeunes se tournent finalement vers l’Église. Ici le rôle du prêtre est important pour proposer le sens de l’amour et du mariage. Dans ces cas-là, nous pourrons mieux leur expliquer – sans jugement – qu’ils se privent d’une grâce mais que le moment venu ils pourront toujours la recevoir.
  3. En troisième lieu, je tiens à me référer à un écrit de Saint Séraphim de Sarov – un saint bien-aimé tant en Occident qu’en Orient – à propos de la Communion. Il affirma « … comment tout au long de sa vie, il recourt à la communion aux Saints Dons comme à la nécessaire rencontre avec le Christ. Il exhortera d’ailleurs toujours les fidèles à recourir fréquemment à l’Eucharistie et recommandera aux prêtres de la leur donner volontiers, car, ajoutait-il, la grâce qu’elle nous donne est tellement grande que tout homme, fût-il le plus grand des pécheurs, s’il approche du Seigneur avec humilité et contrition de ses fautes, est complètement purifié et renouvelé ».
  4. Quatre : en ce qui concerne les pratiques anticonceptionnelles, l’Église orthodoxe, en général, se contente de rappeler le sens de l’amour, mais laisse le choix des méthodes à la conscience de l’homme et de la femme, avec l’aide, s’ils le souhaitent, de leur père spirituel. À propos d’Humanae Vitae, le Patriarche Œcuménique Athénagoras, ami de Paul VI, a déclaré que l’Église doit faire comprendre aux hommes et aux femmes de ce temps que l’amour est possible, que la vraie rencontre veut la fidélité, que la puissance amoureuse de l’homme peut ainsi se transfigurer et, disait le patriarche, « si un homme et une femme s’aiment vraiment, je n’ai pas à entrer dans leur chambre, tout ce qu’ils font est saint ».

Je conclus, en plaidant pour un retour à la possibilité des prêtres mariés, étant moi-même fils d’un prêtre et ayant un frère et beau-frère qui sont des prêtres mariés !

 La déclaration baptiste : Dr Valérie Duval-Poujol

Très Saint Père, vénérables pères synodaux, frères et sœurs en Christ.

La joie de la fraternité spirituelle, exprimée en des termes remarquables par le psalmiste, est la mienne cet après-midi : « Qu’il est agréable, qu’il est doux pour des frères et des sœurs de demeurer ensemble ! » (Psaume 133).

L’appellation même que vous avez choisie de nous donner de « délégué fraternel » est pour nous baptistes le reflet de cette fraternité spirituelle qui nous unit. C’est au nom de cette fraternité et de notre commun désir de témoignage à ce monde que l’Alliance Baptiste mondiale a accepté avec joie votre invitation et vous adresse ses plus chaleureuses salutations et vous assure de ses prières. Nous suivons avec attention et intérêt les travaux et les réflexions de ce synode.

Pour nous baptistes, trois thèmes nous questionnent dans le domaine de la pastorale du couple et de la famille.

  1. La défense des plus vulnérables  Nous pensons, avec vous, à celles et ceux qui dans nos pays respectifs, souffrent : les sans voix, croyants ou non, qui ont besoin que les chrétiens soient le sel de la terre, qu’ils soient les mains, les bras et la parole du Christ pour les protéger et dire la justice. Nous savons bien que cette préoccupation « du plus fragile » ou, comme le dit la Bible, « de la veuve et de l’orphelin », est aussi la vôtre.

    Martin Luther King, pasteur baptiste, prix Nobel de la Paix, déclara : « Ce qui m’effraie, ce n’est pas l’oppression, la cruauté des méchants ; c’est l’indifférence, le silence des bons. »

  1. Nous sommes également sensibles à la place du couple et de la familledans un contexte pluriel et mouvant. C’est pourquoi nous sommes nous aussi engagés dans une réflexion qui articule aujourd’hui le message biblique sur le couple et la famille avec les défis que posent l’évolution de nos cultures.Le couple, nourri par l’amour, s’épanouit grâce à la construction du « Je » de chacun, de façon à pouvoir dire avec le philosophe juif Martin Buber : « Par la grâce du “toi”, le “je” advient. » L’affirmation de l’altérité et de l’égalité entre conjoints est au cœur de notre travail. Comme nous le lisons dans les textes de la Genèse, l’homme et la femme ont une même origine, une même dignité, une même vocation, une même tragédie, mais une même espérance.De cet amour et respect entre conjoints découle l’ensemble des relations au sein de la famille et de la société.
  1. Pour finir, osons l’audace de la foi                                              Nous accueillons votre sous-titre choisi pour ce synode « dans le contexte de l’évangélisation » comme un encouragement à l’audace.En effet, baptistes et catholiques partageons le désir de proclamer audacieusement à tous « EVANGELII GAUDIUM », « la joie de l’Évangile » pour reprendre la si belle expression du pape François.                                                                                           Nous prions pour que nos couples et nos familles soient des lieux où la bonne nouvelle de Jésus-Christ se partage, où l’espérance, la justice et l’amour grandissent. Ainsi, guidés par l’Esprit Saint, nous trouverons des solutions face aux défis rencontrés ensemble et nous nous remettons entre les mains de notre Père « de qui toute famille tient son nom ».

L’Alliance baptiste mondiale souhaite un plein succès à vos débats, vos décisions et vos actions.
Source FPF

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