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Utile , même aux simples fidèles qui veulent se sanctifier dans le monde, cette règle s’impose plus particulièrement aux membres des communautés et à ceux qui vivent dans le ministère. Pour se sanctifier, il faut bien utiliser son temps, surnaturaliser ses actions et suivre un certain programme de perfection. Or une règle de vie, bien concertée avec le directeur, nous procure ce triple avantage.
A ) Elle nous permet de mieux utiliser notre temps Comparons en effet la vie d’une personne qui suit une règle de vie , et celle d’une autre qui n’en a point.
a) Sans règlement on gaspille fatalement beaucoup de temps :
1) alors en effet il y a des hésitations sur ce qu’il y a de mieux à faire ; on met du temps à délibérer, à peser le pour et le contre, et, comme pour beaucoup de choses il n’y a pas de raison bien décisive, on peut demeurer incertain; et, la nature prenant le dessus, on est exposé à se laisser entrainer par la curiosité, le plaisir ou la vanité.
2) C’est alors qu’on néglige un certain nombre de devoirs : n’ayant ni prévu ni déterminé le moment et le lieu favorables à l’accomplissement de ces différents devoirs , on en omet quelques-uns, parce qu’on ne trouve plus le temps de les faire.
3) Ces négligences amènent de l’inconstance: tantôt on fait un effort vigoureux pour se ressaisir, et tantôt on se laisse aller à l’indolence naturelle, précisément parce qu’on a pas une règle fixe pour corriger les inconstances de notre nature.
b) Au contraire, avec un règlement bien tracé, on épargne beaucoup de temps :
1) Plus d’hésitations : on sait exactement ce qu’on a à faire, et à quel moment ; si l’horaire n’a pu être tracé d’une façon mathématique, on a posé des jalons, fixé des principes sur les exercices de piété, le travail, les récréations, etc .
2) Plus d’imprévu, ou du moins il y en a peu : car, même pour les circonstances un peu extraordinaires qui peuvent se présenter, on a déterminé quels exercices on peut abréger, et comment on peut y suppléer par d’autres pratiques; en tout cas, l’imprévu disparaissant, on est immédiatement ressaisi par la règle.
3) Plus d’inconstance, puisque le règlement vient nous solliciter à faire sans cesse ce qui nous est prescrit, et cela chaque jour et aux principales heures du jour. Ainsi se forme des habitudes qui donnent de la continuité à notre vie et assurent notre persévérance; nos jours sont des jours pleins, pleins de bonnes œuvres et de mérites.
B) Elle nous permet de surnaturaliser toutes nos actions
a) Toutes en effet se font par obéissance, et cette vertu ajoute son mérite spécial au mérite propre à chacun de nos actes C’est dans ce sens qu’on a dit que vivre de la règle, c’est vivre pour Dieu, puisque c’est accomplir sa sainte volonté. Il y a en outre, dans cette fidélité à la règle, une valeur éducatrice incontestable : au lieu du caprice et du désordre qui tendent à prévaloir dans une vie mal réglée, c’est la volonté et le devoir qui prennent le dessus, et par conséquent l’ordre et l’organisation : la volonté est soumise à Dieu, et les facultés inférieures s’assouplissent pour obéir à la volonté : c’est un retour progressif à l’état de justice originelle.
b) Il est alors facile d’avoir, en toutes ses actions des intentions surnaturelles : le seul fait de vaincre nos goûts et nos caprices met déjà de l’ordre dans notre vie, et oriente nos actions vers Dieu; mais de plus un bon règlement de vie prescrit un moment de recueillement avant chaque action principale , et nous suggère les intentions les plus surnaturelles pour les bien accomplir; chacune se trouve ainsi explicitement sanctifiée et devient un acte d’amour de Dieu. Qui dira le nombre de mérites accumulés ainsi chaque jour. !
C) Elle nous trace un programme de perfection.
a) C’est déjà un programme que celui que nous venons de décrire, et le suivre est une marche en avant vers la perfection : c’est la voie de conformité à la volonté de Dieu si prônée par les Saints.
b) Mais de plus il n’est pas de règle de vie complète qui n’indique les principales vertus à pratiquer en rapport avec la condition du pénitent et son état d’âme. Sans doute il y aura lieu de modifier parfois ce petit programme en raison des besoins nouveaux qui pourront se produire; mais tout ceci se fera d’accord avec le directeur et viendra s’insérer dans la règle de vie pour nous servir de guide.
Ad. TANQUEREY: Précis de Théologie Ascétique et Mystique, 7e éd, Desclée Paris
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Au-delà d’un légitime agacement dû sans doute au vocabulaire de l’époque, il me semble que cette petite musique catholique rejoint ce qui s’appelle dans les Eglises de la Réforme, une doctrine de la Sanctification au sens Weyslésien du terme.
Jean Ayrault
( Cf. aussi : Th. BOVET : L’art de trouver du Temps – Oberlin 1955.)