Sommaire
C’est le gadget à la mode : un petit objet que l’on fait tourner entre ses doigts et aurait des effets positifs contre le stress et pour la concentration. Vertus auxquelles on pourrait donc ajouter… la théologie trinitaire.
La légende du « hand spinner » s’est répandue aussi vite que cette drôle de toupie s’est incrustée entre les mains des adolescents ou de vos collègues de bureau. Originellement conçu pour aider à la concentration des enfants autistes, cet objet qui semble tourner à l’infini une fois lancé viendrait remplacer de nombreux gestes du quotidien, du stylo qu’on manipule en permanence aux cheveux enroulés autour d’un doigt, en passant par les ongles rongés… Le phénomène est tel que la question finit par se poser : faut-il faire la chasse au jouet du moment ou simplement attendre que la mode passe ? Il existe pourtant une autre option, plus étonnante : en profiter pour comprendre enfin le concept chrétien de la Trinité !
Observons en effet les caractéristiques de l’objet. Un « hand spinner » est composé d’un axe central autour duquel se déploient trois bras (sur la plupart des modèles, du moins), chacun étant lesté de la même façon pour garantir l’équilibre. Dès que la toupie commence à tourner sur elle-même, la force centripète vient encore renforcer son équilibre, si bien qu’on peut la faire tenir aisément sur un doigt aussi longtemps qu’elle reste en mouvement.
Mais alors, quel rapport avec la théologie ? Eh bien il se trouve que par sa forme générique, le « hand spinner » n’est pas sans rappeler un vieux symbole chrétien, connu sous le nom de « bouclier » (ou « écusson ») de la Trinité. Il s’agit en effet d’un schéma très simple, de forme triangulaire, qui explique comment le Père, le Fils et l’Esprit saint peuvent être trois personnes distinctes tout en étant un seul Dieu.
Comment le “hand spinner” vous fera faire de la théologie
Dieu y est en effet l’axe central autour duquel « tournent » les trois personnes de la Trinité, toutes égales et participant d’une même substance divine (on dit qu’elles sont consubstantielles). Les Pères de l’Église différenciaient ainsi, en grec, l’ousia (l’essence, l’être) et l’hupostasis (l’hypostase, soit le fondement, traduit ensuite par « personne »). Il n’y a donc pas trois dieux différents mais un seul Être, au sein duquel coexistent trois personnes dans un mouvement incessant d’amour que la théologie chrétienne a d’ailleurs appelé périchorèse… du grec périchôrèsis, que l’on peut traduire par «rotation ».
Le schéma est né comme une interprétation visuelle d’un texte apparu au VIe siècle, le Symbole d’Athanase (attribué à Athanase d’Alexandrie, rien ne prouve cependant qu’il en soit réellement l’auteur). Également appelé Quicumque (son premier mot en latin), il s’agit d’un credo dont voici les premières lignes : « Quiconque veut être sauvé doit, avant tout, tenir la foi catholique : s’il ne la garde pas entière et pure, il périra sans aucun doute pour l’éternité. Voici la foi catholique : nous vénérons un Dieu dans la Trinité et la Trinité dans l’Unité, sans confondre les Personnes ni diviser la substance : autre est en effet la Personne du Père, autre celle du Fils, autre celle du Saint-Esprit ; mais une est la divinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit, égale la gloire, coéternelle la majesté. » L’idée de « tenir la foi catholique » pour être sauvé a inspiré cette image de bouclier rappelant la Trinité.