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En ce jour où nous célébrons tous les saints,
En cette curieuse époque où il semble que le trône de st Pierre soit le marchepied qui vous conduit automatiquement vers les autels et la vénération des fidèles, dans une ferveur cléricale qui ne manque pas d’interroger alors que qui s’est ouvert sous les pieds de l’église de France -mais pas seulement d’elle- le marais nauséabond de la pédocriminalité,
en ces temps troublés,
j’ai appris avec infiniment de tristesse le décès d’un saint.
Un très grand théologien qui toute sa vie et à travers toutes ses recherches a d’abord cherché à être un frère à l’écoute de son frère.
En 2009 il écrivait « Le propre du dialogue œcuménique est d’entendre les appels de son partenaire. Ce qui n’est pas une question pour une Eglise doit le devenir du simple fait que l’Eglise partenaire la lui pose [1]»
Bernard Sesboué, décédé il y a quelques jours à l’âge de 92 ans, enseigna la patristique et la dogmatique à la Faculté de théologie jésuite de Fourvière, à Lyon de 1964 à 1974. Il fut ensuite professeur au centre Sèvres de Paris de 1974 à 2006
Ce théologien « classique », auteur de plus de quarante ouvrages, n’en fut pas moins un théologien libre : ainsi, certaines de ses réflexions à propos des ministères « n’ont pas plu », et il pense[2] que cela lui valut d’être « beaucoup moins consulté » qu’auparavant par la Conférence des évêques de France. Cela lui est arrivé aussi à la Commission théologique internationale, quand il a dit « des choses qu’il ne fallait pas dire » : des « gaffes lucides et volontaires », dont il revendiqua le droit d’expression pour un théologien : « mon désir, disait-il, est d’être courageux dans les deux sens : quand j’estime que quelque chose appartient à la foi, je le dis et je le soutiens. Quand la foi laisse ouverte une porte, je n’hésite pas à la franchir et à mettre au service de l’Église des possibilités nouvelles. »
Le P. Sesboüé a fait partie de la Commission théologique internationale.
Spécialiste de l’œcuménisme, il a participé depuis 1967 au groupe des Dombes dont il a été coprésident de 2003 à 2005.
Il a aussi participé au dialogue officiel en co-présidant la seconde Commission de dialogue entre l’Église catholique et l’Alliance réformée mondiale, et comme expert auprès de la Commission épiscopale pour l’unité. Il a siégé à la Commission de dialogue catholiques-baptistes.
En cette fête de tous les saints j’avais envie de rendre hommage à ce grand chrétien, travailleur infatigable et sans concession, ni avec son église ni avec les églises partenaire,s dans un dialogue qu’il a toujours voulu ouvert et fraternel.
Que le Seigneur garde et bénisse tous et chacun
Geo
[1] SESBOUE, Bernard s.j. Sauvés par la grâce. Editions Facultés Jésuites de Paris 2009 p 275
[2] La Patience et l’Utopie (DDB, 2006)