Quand la Fédération Protestante de France change de Président

Le pasteur Christian Krieger élu président de la Fédération Protestante de France (FPF).
Il a pris ses fonctions le 1er juillet, succédant ainsi à François Clavairoly, qui exerçait cette responsabilité depuis l’automne 2013.

 

 

Analyse d’une transmission à caractère démocratique. 
Entretient avec Jean-Arnold de Clermont,  président du Conseil de la Fédération protestante de France de 1999 à 2007 et président de la Conférence des Églises européennes de 2003 à 2009

 

Il est important de rappeler suivant quel processus la Fédération Protestante de France désigne son président- peut-être un jour sa présidente…

« A chaque échéance, le Conseil sortant de la FPF demande aux Eglises de lui proposer des noms de personnes capables de composer le Conseil à venir, explique Jean-Arnold de Clermont. Pour éviter de désigner quelqu’un qui se rétracterait, le conseil sortant demande aussi aux Eglises de lui suggérer le nom d’une personne pour le poste de président. »

Au sein de la liste ainsi constituée, le Conseil élit le futur président. Cette année, Christian Krieger a bénéficié d’une élection très large, malgré quelques tensions préalables, vite résolues. Même si les statuts n’imposent rien, la coutume veut qu’un évangélique succède à un luthéro-réformé.

Cette fois-ci, cela n’est pas le cas, puisque Christian Krieger est également réformé. Ses compétences et son charisme auraient dû permettre à Valérie Duval-Poujol d’accéder à la présidence de la FPF. Mais cette théologienne baptiste unanimement reconnue n’est pas pasteure et l’on peut penser qu’en ces temps de représentations religieuses, un tel manque ait pu devenir un obstacle. Ceci étant posé, Christian Krieger va demeurer président de la Conférence des Eglises Européennes (CEC) jusqu’au début de l’année 2023. Durant les six mois de transition, la vice-présidente de la Fédération, qui n’est autre que Valérie Duval Poujol, tiendra un rôle prépondérant.

Des garde-fous

Volontiers taquins, les protestants aiment affirmer que le président de la Fédération Protestante de France ne préside pas le protestantisme. Est-ce tout à fait juste?

« C’est ambigu, commente Jean-Arnold de Clermont. Certes, il n’est que le président d’un Conseil qui, lui, prend un certain nombre des décisions au nom du protestantisme français. Mais un président de la Fédération, quand la situation l’exige, peut engager le protestantisme sans en référer à son Conseil. Ainsi, le jour où George Bush a décidé de lancer son pays dans la guerre en Irak, le président de la FPF que j’étais s’est senti absolument libre de se déplacer avec une délégation de l’Union européenne à Washington. Bien entendu, mon choix faisait l’unanimité ou presque ; si cela n’avait pas été le cas, j’aurais sans doute sollicité l’avis du Conseil. Mais cela vous montre que le président de la FPF possède une vraie liberté d’action. »

L’exercice de pareilles responsabilités suppose des garde-fous, non seulement sur un plan institutionnel, mais encore sur un plan moral. «Quand j’ai été désigné, en 2003, j’ai écrit à cinq ou six amis protestants pour leur dire que la responsabilité qui m’incombait désormais exigeait du recul et donc je leur ai demandé de m’accorder leur point de vue, confidentiellement. Je crois essentiel de bénéficier d’un avis dénué d’arrière-pensées. »

Le poids des réseaux sociaux, des chaînes d’information continue, rend l’exercice de responsabilités publiques de plus en plus complexe. « Un président forme avec la personne chargée de la communication ce qu’on peut appeler un tandem, admet Jean-Arnold de Clermont. Bien sûr, il serait malvenu que celle-ci prenne part aux décisions assumées par celui-là. Mais que les propos tenus en public puissent être évalués, pesés par une personne spécialiste des médias est une absolue nécessité. Je note au passage que les personnes chargées de la communication auprès du président de la FPF ont toujours quitté leur fonction en même temps que celui-ci, tout simplement parce que la coordination ne pouvait pas s’adapter au successeur. »

 

Quand on demande à Jean-Arnold de Clermont s’il a souffert de ne plus être président de la Fédération Protestante de France, il répond que bien sûr il était préparé au départ et qu’il a surtout veillé à ne jamais interférer dans les affaires de son successeur. Nul ne doute qu’il en ira de même de la part de François Clavairoly.

 

Un contenu proposé par Le blog de Frédérick Casadesus

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