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” Très cher Saint Père,
Une année s’est écoulée depuis notre dernière rencontre. Vous nous aviez invités à revenir vous voir. C’est donc dans une profonde gratitude que nous sommes à nouveau devant vous aujourd’hui. Cette fois, certains ont traversé des océans, et nous sommes heureux de nous présenter devant vous avec toute la diversité d’histoires, de cultures, de langues et de confessions chrétiennes que rassemble la Fraternité Politique.
L’an passé, nous avions été profondément marqués par votre appel à “ne pas avoir peur de parcourir les routes de la fraternité et à construire des ponts entre les hommes”, et c’est fort de cet encouragement que plusieurs initiatives germent et poussent dans différents lieux : à Budapest l’été dernier, le rassemblement Changemakers a permis à des jeunes de toute l’Europe de se rencontrer tout en se mettant à l’écoute des plus pauvres du quartier ; au Burundi, nous poursuivons le travail de dialogue et de réconciliation, inspirés par le témoignage des martyrs de la fraternité à Buta ; à Bruxelles, nous sommes engagés autour du projet européen, pour en porter l’horizon de justice et de fraternité entre les peuples ; en France, plusieurs d’entre nous ont choisi de vivre une colocation dans un quartier défavorisé de Paris. Ces jeunes portent le désir d’aller humblement aux périphéries, et d’y rendre visible “une Eglise pauvre avec et pour les pauvres, une Eglise en sortie”.
A travers ces expériences de rencontre, nous trouvons la présence du Christ qui « pour nous s’est fait chair » et qui « en sa chair a vaincu la haine ». Nous contemplons son œuvre au cœur de la plus grande misère, celle du monde comme celle de nos propres infirmités. Ainsi, pauvres et humbles, le cœur plein de reconnaissance, nous avons le désir de continuer à suivre le Ressuscité, et de témoigner aussi de l’espérance qui nous anime.
Pourtant la Croix demeure. Les crises actuelles ébranlent souvent notre espérance et celle des jeunes d’aujourd’hui. Notre rencontre ici ces derniers jours nous met face au scandale des migrants contraints de quitter leur pays, et face au défi d’accueillir ceux qui frappent à nos portes. Autour de nous, nous entendons combien l’incertitude et la peur entravent la confiance de notre génération en l’avenir : les replis identitaires nous sidèrent, les questionnements anthropologiques et bioéthiques nous bousculent, l’immobilisme devant le cri des pauvres et le cri de la Terre nous révolte, la guerre à nos portes nous horrifie et nous renvoie à notre impuissance… Sur ces sujets qui divisent, questionnent et fragilisent notre humanité, notre génération a besoin de repères, d’espérance et d’émerveillement. Nous croyons que l’Esprit Saint est à la mesure des défis de notre temps, et que chacune de ces situations est l’occasion de témoigner de l’espérance du Christ.
C’est pourquoi nous vous présentons notre Fraternité Politique et son désir de servir le monde, pour vous demander de prier pour nous, et de nous envoyer là où la folie de l’Evangile a besoin d’être portée.
Saint-Père, vous qui nous exhortez à « oser rêver », nous nous réjouissons de vous retrouver dans un an pour les JMJ à Lisbonne, avec les jeunes de toutes nations. Nous en rêvons comme véritable témoignage de paix. En concertation avec le Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, la communauté du Chemin Neuf espère pouvoir y aider à l’organisation d’une veillée œcuménique, témoignage de communion pour porter au monde le Christ, Prince de la Paix.
Avec toute notre gratitude, nous vous assurons de notre prière pour vous et votre apostolat. Que l’Esprit de Dieu inspire toujours votre ministère, et soit votre force pour conduire l’Eglise du Christ.”