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Mars 2023
La pitié sera le chagrin que nous cause un malheur dont nous sommes témoins et capable de perdre ou d’affliger une personne qui ne mérite pas d’en être atteinte, lorsque nous présumons qu’il peut nous atteindre nous-mêmes, ou quelqu’un des nôtres, et cela quand ce malheur parait être près de nous. En effet, il est évident que celui qui va être pris de pitié est dans un état d’esprit tel qu’il croira pouvoir éprouver quelque malheur, ou lui-même, ou dans la personne de quelqu’un des siens, et un malheur arrivé dans les conditions énoncées dans la définition, ou analogues, ou approchantes.
On aura de la pitié si l’on croit qu’il existe d’honnêtes gens ; car, si l’on n’a cette idée de personne, on trouve toujours que le malheur est mérité. Et, d’une manière générale, lorsqu’on sera disposé à se rappeler que la même calamité est tombée sur soi-même, ou sur les siens, ou encore à songer qu’elle peut nous atteindre, nous ou les nôtres.
Voilà pour les divers états d’esprit où l’on a de la pitié.
Quant à ce qui inspire ce sentiment, la définition donnée le montre avec évidence. Parmi les choses affligeantes et douloureuses, toutes celles qui amènent la destruction excitent la pitié, ainsi que toutes celles qui suppriment un bien, et celles dont la rencontre accidentelle est une cause de malheurs d’une grande gravité.
Aristote, Rhétorique, livre II, Chapitre VIII, 2-3 et 8
La communication de la part des évêques est non seulement déficiente dans la forme et le fond mais surtout parfaitement incompréhensible et inaudible. Et les tentatives récentes (2022) de « noyer le poisson » et de se dédouaner de Mgr de Moulin-Beaufort joignent l’odieux au ridicule.
Alors ?
- Quel rôle pour le Pape ? La monarchie quasi absolue d’aujourd’hui est-elle pertinente et nécessaire. Être le garant de l’unité veut-il dire nécessairement être garant de l’uniformité ? Nous avons peut-être a apprendre beaucoup de nos frères Anglicans et de la tache de Primat de l’évêque de Canterbury.
- La réforme de la Curie Romaine, qui va dans le bon sens, n’est pas sans ambiguïté en cas d’élection future d’un pape conservateur mais c’est une volonté de François qui fait bouger les lignes : https://fr.wikipedia.org/wiki/Reforme_de_la_curie_romaine_sous_le_pape_François
- Surtout, il faut une vraie cogestion du pouvoir dans l’Eglise Catholique : entre clercs et laïques, entre hommes et femmes. Le fait d’être un homme, célibataire, ordonné, compétent théologiquement, ne fait pas nécessairement une personne équilibrée et bien dans sa vie si c’est un choix par défaut. L’obligation du célibat sacerdotal dans l’Eglise Catholique ROMAINE -pas dans les autres Eglises Catholiques ! – est un non sens qui a des conséquences. La manière dont notre Eglise parle de la vie conjugale est irénique, désincarnée, hors sol. Ca ne veut pas dire qu’un clergé marié serait idéal, mais un prêtre est appelé à être serviteur parmi ses frères et sœurs. Ni à coté, ni au dessus, ni au dessous.
- Toute cette boue qui remonte de nos égouts ecclésiastiques a un nom : domination. L’exercice d’un pouvoir discrétionnaire sur les personnes qui sont soumises consciemment ou non, volontairement ou non. Elle est le fait de quelques uns, mais ce poison a été instillé par le type de prêtre formé pendant trop longtemps. Quand j’étais au séminaire, le let-motive était que nous devions nous préparer à diriger, enseigner et conduire le « troupeau » que nous confierait l’Eglise. Et il s’agissait bien d’une relation verticale – hiérarchique, pas horizontale – fraternelle.
Notre Eglise Catholique Romaine occidentale arrive au bout de son phénomène d’autodestruction. Manque de prêtres, oui, mais ce n’est qu’un symptôme. Il faut peut-être en passer par là pour que se pose la question principale : une Eglise pourquoi ? et ensuite une Eglise comment ?
Tout le problème est de savoir s’il sera suffisant.
Un signe d’espoir cependant qui montre qu’il est possible de bouger au moins localement : dans notre diocèse de Rouen, Mgr Dominique Lebrun à nommé Mme Carole de Villeroché, mariée et mère de famille, ancienne responsable de la catéchèse comme de Co-Modératrice de la Curie. Un nouveau ministère pour trois ans, pour travailler avec le Vicaire Général avec même pouvoir décisionnaire et même prérogatives que lui.
Un pas peut-être plus important qu’il n’y paraît….
L’assemblée des évêque à Lourdes fin mars va à l’encontre de l’ouverture désirée par un peuple laïc dont ils ne semblent pas percevoir les attentes, ou pire s’ils les perçoivent se sentent au mieux incapables d’y répondre et au pire refusent d’y répondre.
La synodalité consisterai selon eux a prendre leurs avis et à décider ensuite.
Est-ce que ça valait vraiment la peine de mobiliser et faire travailler dur une centaine de personnes pour renvoyer les décisions à d’hypothétiques “Comités Théodule” qui rendront leurs avis dans x années ? Un synode commun CEF/Laïcs tous les trois ans sur un sujet (choisi par qui ?) ne résoudra rien si les décisions ne sont pas prises en commun (dans tout ce qui n’est pas d’ordre dogmatique bien sur).
Hosanna ! Jésus reviens!
Georges
[1] Voir à ce sujet le livre de Josselin TRICOUT Des soutanes et des hommes PUF Paris 2021