Les grandes avancées œcuméniques protestantes du XX° s

 

Les articles sur l’histoire des Eglises resteront disponibles individuellement pendant trois mois
Ils sont ajoutés sur les pages [Histoire de l’Eglise: Eglise et unité] ou [L’Orthodoxie, Eglise des sept Conciles] au fur et à mesure de leur parution

 

 

XXXVIII Les grandes avancées œcuméniques protestantes du XX° s

 

Les organismes mondiaux de communion

 

Conseil œcuménique des Églises

 

 

     Les racines historiques du Conseil œcuménique des Églises [1] se trouvent dans les mouvements étudiants et laïcs du XIXe siècle, dans la conférence missionnaire mondiale d’Edimbourg de 1910 et dans une encyclique de 1920 du Synode (orthodoxe) de Constantinople suggérant une « communauté d’Églises » similaire à celle du Conseil œcuménique des Églises, la Ligue des Nations.

     Les dirigeants représentant plus de 100 Églises ont voté en 1937-38 pour fonder un Conseil œcuménique des Églises, mais son inauguration a été retardée suite au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.
Les organismes qui ont été incorporés au Conseil au fil des décennies comprennent les commissions internationales «Foi et Constitution[2] » (théologie, sacrements, ordonnances) et « Christianisme pratique» (ministères sociaux, affaires internationales, services de secours), le « Conseil missionnaire international » (IMC), ainsi qu’un conseil issu du mouvement des écoles du dimanche du XIXe siècle.

 

     Deux projets pionniers du COE ont été lancés en coopération avec le CIM en 1946 : la Commission des Églises pour les affaires internationales (CCIA) et l’Institut œcuménique de Bossey, en Suisse.
Aujourd’hui, l’Institut œcuménique propose des diplômes de maîtrise et de doctorat en études œcuméniques par l’intermédiaire de la faculté de théologie de l’Université de Genève.

     Lorsque le COE a vu le jour lors de la première Assemblée en 1948, il comptait 147 Eglises membres. Fin 2013, le nombre de membres s’élevait à 345 églises. Le Concile Vatican II a grandement amélioré les relations entre le COE et l’ Eglise Catholiques Romaine qui, si elle n’est pas membre du COE est membre de « Foi et Constitution » depuis 1968.

     Le Programme de lutte contre le racisme suscita mainte controverse, mais contribua à mettre fin à l’apartheid en Afrique australe. Le document intitulé Baptême, eucharistie, ministère [3] (1982), qui constitue un jalon notable, permit de parvenir à un certain consensus entre les Eglises dans leur recherche de l’unité pleine et entière.

     Le Pasteur Jerry Pillay est depuis 2023 secrétaire général du COE. Membre de l’Église presbytérienne unifiante d’Afrique australe, il vient d’Afrique du Sud et était doyen de la Faculté de Théologie et de Religion à l’Université de Pretoria.

  

 

Communion Mondiale d’Eglises Réformées (CMER)

      L’Alliance des Églises réformées dans le monde ayant adopté le système presbytérien » a été créée à Londres en 1875 et regroupait alors 21 églises presbytériennes d’Europe et d’Amérique du Nord. Le Conseil congrégationnel international a également été fondé à Londres en 1891.

     En 1970, à Nairobi, au Kenya, ces deux organisations (congrégationnelle et presbytérienne) ont fusionné pour former l’Alliance mondiale d’Églises réformées (CMER) avec 114 Églises membres dans 70 pays sur tous les continents.

     Parallèlement, le Conseil œcuménique réformé (REC) a été créé en 1946. Il regroupait t des Églises qui n’avaient aucun autre lien œcuménique au niveau international et qui s’étaient engagées à se soutenir mutuellement dans une unité confessionnelle réformée. Le Conseil œcuménique réformé comptait 41 Églises et 12 millions d’adhérents dans 26 pays, dont la majorité en Afrique et en Asie.

     En 2010, à Grand Rapids, au Michigan (USA), l’Alliance réformée mondiale et le Conseil œcuménique réformé ont fusionné pour former la Communion mondiale d’Églises réformées [4].

     Appelée à la communion et engagée pour la justice, la CMER favorise l’unité de l’église et coordonne les initiatives en faveur de la mission, de la réflexion et de la formation théologique, du renouveau de l’église, de la justice et du dialogue.

 

Fédération Luthérienne Mondiale

 

     La Fédération Luthérienne Mondiale a été créée en 1947 en tant que Fédération des Églises luthériennes. Fondée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, à une époque où les Églises luthériennes aspiraient à une plus grande fraternité et solidarité entre elles [5] repose sur quatre piliers :

    1. Sauver les nécessiteux
    2. Initiatives communes en mission
    3. Efforts conjoints en théologie
    4. Une réponse commune au défi œcuménique.

Elle est actuellement présidée par Le pasteur Musa Panti Filibus, archevêque de l’Église luthérienne du Christ au Nigéria (LCCN)

 

Alliance évangélique mondiale (AEM)

     L’Alliance évangélique mondiale est une organisation mondiale  interdénominationnelle d’églises chrétiennes évangéliques et protestantes fondée en 1846 à Londres, en Angleterre.
Elle regroupe 143 alliances nationales d’Églises, 104 associations membres et 6 commissions.
C’est la plus importante organisation internationale d’Églises évangéliques et protestantes. Elle a son siège à Deerfield (Illinois), aux États-Unis. Cette organisation ne regroupe qu’une partie des églises chrétiennes évangéliques.

Son secrétaire général est le théologien allemand Thomas Schirrmacher.

 

Les organismes européens de communion

Conférence des Eglises Européennes

    La Conférence des Églises européennes[6] est née de l’Europe fragmentée et divisée des années 1940 et 1950. Après la Seconde Guerre mondiale, l’Europe a réellement eu besoin de surmonter les divisions politiques et d’œuvrer à la guérison et à la paix.

     À cette époque, un petit groupe de dirigeants d’Églises d’Europe de l’Est et de l’Ouest commença à considérer la possibilité de rassembler les Églises de pays européens séparés par des systèmes politiques, économiques et sociaux différents.

     Les premières réunions préparatoires ont eu lieu en 1953 et 1957 et, en 1959, les représentants de plus de 40 Églises se sont réunis à Nyborg (Danemark) pour la première assemblée officielle de la Conférence des Églises européennes .

     Aujourd’hui, la KEK est une association de 114 églises orthodoxes, protestantes et anglicanes de tous les pays d’Europe. Un réseau de conseils nationaux d’Églises nous maintient en contact avec les préoccupations nationales et régionales et les organisations en partenariat développent notre expertise dans un certain nombre de domaines, notamment la théologie publique, la paix et la réconciliation et les droits de l’homme, avec une forte participation des femmes et des jeunes dans les Églises.

 

Communion des Eglises Protestantes en Europe (CEPE)

       Elle rassemble les Eglises signataires de la concorde de Leuenberg [7] (majoritairement en Europe, et majoritairement luthéro-réformées).   (Je reviendrai plus en détail dans un prochain article sur cet accord fondamental)

     Le texte de la concorde de Leuenberg est bref. Une formulation consensuelle aboutit au constat que les condamnations ne concernent plus l’autre tradition dans l’état actuel de sa doctrine.
     La déclaration de la communion et la reconnaissance mutuelle que l’autre famille est une expression authentique de l’unique Église du Christ. Cette reconnaissance inclut la communion de chaire et d’autel.

     La concorde de Leuenberg permet de dépasser les anathèmes hérités de l’histoire qui interdisaient pareille reconnaissance mutuelle. La reconnaissance des ministères est la conséquence de la communion dans la Parole et les Sacrements, condition nécessaire et suffisante de la vraie unité de l’Église.

Portée œcuménique

     La compréhension de l’unité ainsi que la méthode de la concorde de Leuenberg ont conduit à des démarches analogues aux États-Unis et au Proche-Orient.
     Les Églises méthodistes européennes ont par une déclaration complémentaire rejoint les Églises signataires de la concorde de Leuenberg en 1997, et formé avec ces dernières la CEPE en 2003.
     Dans divers pays européens la communion anglicane a mené des dialogues qui ont conduit à des affirmations et des déclarations de communion avec les Églises de la CEPE.
        • L’affirmation commune de Meissen en Allemagne (1987);
        • anglicans et Églises scandinaves (1993)
        • les accords de Reuilly[9](anglicans et Églises luthériennes et réformés françaises en 2001) ont conduit à une reconnaissance mutuelle et à des échanges de ministres, même si l’exercice commun de l’épiscopat n’est pas encore partout possible.

 

Les structures nationales de communion

 

Résultant de la concorde de Leuenberg

          En France , le résultat de la concorde de Leuenberg conduit à la création en 2006, de l’ Union des Eglises Protestantes d’Alsace et de Lorraine (UEPAL) constituée par les Églises luthérienne (EPCAAL) et réformée (EPRAL) d’Alsace et de Lorraine. (Eglises françaises concordataires).
Chacune des Églises a ainsi rassemblé ses pasteurs dans un corps pastoral unique et a délégué à l’Union une grande partie de ses compétences pour conduire des actions communes.

    De même l’ Eglise Protestante Unie de France -Communion luthéro-réformée est née de l’union de l’Église évangélique luthérienne de France (EELF) et de l’Église réformée de France (ERF)  en 2012, suite aux synodes conjoints de Belfort.

 

Fédération Protestante de France (FPF)

 

     La Fédération protestante de France [10] est créée le 25 octobre 1905. C’est une association à but non lucratif loi de 1901, religieuse mais non cultuelle, qui a pour but de représenter et de rassembler les différentes Églises et associations protestantes de France.

    •      Une trentaine d’union d’Églises issues de toutes les sensibilités du protestantisme (réformée, luthérienne, évangélique, pentecôtiste, adventiste), soit plus de 1 400 paroisses avec 1 600 pasteur(e)s
    • plus de 80 Associations, regroupant 500 Institutions, Œuvres et Mouvements agissant dans divers secteurs (médico-social, d’accueil, de la jeunesse, culturel, etc.).

     La FPF favorise le partage et le débat en son sein, pour fortifier le lien qui unit ses membres : les Églises, les communautés, les institutions, les œuvres et les mouvements.
Elle est présente dans la société par la réflexion et le travail de ses commissions : Écologie et justice climatique, Éthique et société, Droit et liberté religieuse, Jeunesse, Relations avec l’islam, Relations avec le judaïsme, Conseil scolaire, et de ses quatre aumôneries* : aux Armées françaises, aux Prisons, aux Établissements sanitaires et médico-sociaux et aux Aéroports.

La Fédération est présidée par le pasteur Christian Krieger depuis le 1er juillet 2022.

 

Le Conseil national des évangéliques de France (CNEF)

 

     Le Conseil national des évangéliques de France [11] est une alliance évangélique nationale affiliée à l’Alliance évangélique mondiale et l’Alliance évangélique européenne.

     Le 15 juin 2010, se tient la première assemblée générale avec 200 délégués, durant laquelle les textes statuaires sont adoptés, créant officiellement le CNEF

Le CNEF regroupe 33 confessions chrétiennes évangéliques et 172 œuvres en France. L’organisation estime représenter 70% des 2 689 églises évangéliques et de ses 745 000 pratiquants.

Son président est le pasteur baptiste Erwan Cloarec depuis le 7 juin 2022.

 

 

[3] Texte : http://www.catho.org/9.php?d=3t ; Analyse : MEHL Roger. Chronique Œcuménique. Baptême, eucharistie, ministère. In: Revue d’histoire et de philosophie religieuses, 63e année n°4, Octobre-décembre 1983. pp. 447-453. www.persee.fr/doc/rhpr_0035-2403_1983_num_63_4_4734
[7] La Concorde de Leuenberg (CL) est la charte fondamentale qui établit et réalise l’unité de l’Église entre les traditions de la Réforme en Europe. Ce document déclarant la communion ecclésiale entre les Églises luthériennes,  réformées,  unies,  vaudoises et les frères moraves a été finalisé en 1973 au centre de séminaire de Leuenberg, à proximité de Bâle (Suisse). C’ est ce texte qui a conduit après 1997 et la signature des Églises méthodistes européennes à la Communion d’Églises protestantes en Europe (CEPE).

 

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