Les grands accords œcuméniques du XX° siècle VI

 

XLIII Les grands accords œcuméniques du XX° siècle VI

 

Dialogue Communion Anglicane-Eglise Catholique Romaine (ARCIC)

 

La commission internationale anglicane – catholique romaine (connue en anglais sous l’acronyme ARCIC) est une instance de dialogue œcuménique établie en 1967, un an après la rencontre historique entre l’archevêque de Canterbury Michael Ramsey et le pape Paul VI. Elle a pour but de faciliter la réunion ecclésiologique de la communion anglicane et de l’Église catholique romaine et d’adopter des positions communes dans les débats sociaux et éthiques.

Quelles sont les limites de ce dialogue ?

À la différence des textes adoptés en commun avec d’autres Églises, les dirigeants catholiques et anglicans n’ont jamais abouti à une déclaration commune concernant des points de doctrine. Il faut noter que, même s’ils sont mandatés par l’Église catholique et la Communion anglicane, les travaux des théologiens de l’ARCIC ne constituent pas des « déclarations autorisées » des deux institutions.

1971 – 1981: La première phase des discussions (ARCIC – I)

     Des réunions préliminaires ont eu lieu en Italie, en Angleterre et à Malte, où fut adopté le rapport de Malte [1].

     Une déclaration commune fut signée en 1971 sur le thème de « la doctrine eucharistique ». D’autres débats suivent, au sujet du « ministère et de l’ordination » conclu par une déclaration commune en 1973, puis de « l’autorité dans l’Église » qui donne lieu à deux déclarations en 1976 et 1981. L’ensemble est regroupé en un rapport final qui sera publié en 1981 [2].

     Ce document est ratifié par la communion anglicane lors de la conférence de Lambeth de 1988, parlant d’accord substantiel avec la foi des anglicans.

    Réponse catholique

     L’Église catholique donne sa propre réponse en 1991. Si elle salue les travaux accomplis et les points d’accord dégagés, elle constate qu’un tel accord n’est pas possible sur tous les points soumis à la commission, et qu’« il reste entre anglicans et catholiques des différences importantes concernant des éléments essentiels de la foi catholique. ». Certains commentateurs de tendance conservatrice ont considéré qu’il s’agissait d’un désaveu des travaux de l’ARCIC. Selon eux, cet échec est dû à la volonté pressante des représentants catholiques de conclure un accord, fût-ce au prix de formulations d’une inacceptable ambiguïté.

 

1983 – 2007: La deuxième phase des discussions (ARCIC – II)

     La deuxième phase des discussions eut lieu à partir de 1983. Les sujets de dialogue incluent alors la sotériologie (déclaration sur « Le Salut et l’Église » de 1986), la communion ecclésiale (« La vie en Christ : morale, communion, Église » en 1993). En 1999 est publiée une troisième déclaration commune sur l’autorité magistérielle. En 2005 est abordé le rôle de Marie en tant que Theotokos (« Marie : Grâce et espérance dans le Christ »).

     Un document publié en 2007 acheva cette deuxième série de discussions en demandant à la partie anglicane de réfléchir davantage au rôle donné au pontife romain en tant qu’arbitre suprême ecclésiastique [3].

Les difficultés

     Les travaux de la commission ont été paralysés depuis au moins 1993 lorsque l’Église d’Angleterre a voté en faveur de l’ordination des femmes.

     Les discussions ont été interrompues en 2003 lorsque l’évêque homosexuel Gene Robinson fut élu à la tête du diocèse épiscopalien du New Hampshire. Contre l’avis de la majorité de la Communion anglicane et notamment de l’archevêque de Canterbury, l’évêque président Frank Griswold consacre Robinson, mais il démissionne alors de son poste de président de la partie anglicane dans les discussions ARCIC.

     De plus, la question des femmes évêques divise actuellement la communion anglicane de l’intérieur, ce qui oblige en pratique à interrompre le dialogue avec la hiérarchie catholique.

 

La constitution apostolique Anglicanorum Coetibus

     (« À des groupes d’anglicans ») est une constitution apostolique qui crée une structure canonique spécifique destinée à accueillir et intégrer des institutions et groupes anglicans au sein de l’Église catholique romaine, tout en assurant « que soient maintenues au sein de l’Église catholique les traditions liturgiques, spirituelles et pastorales de la Communion anglicane, comme un don précieux qui nourrit la foi des membres de l’ordinariat et comme un trésor à partager »

Certains commentateurs ont vu dans la publication de la constitution apostolique Anglicanorum Coetibus [4] du 4 novembre 2009 permettant l’intégration de groupes d’ecclésiastiques et laïcs anglicans au sein de l’Église Catholique Romaine, un abandon de la démarche de discussions bilatérales. Je ne pense pas que ce soit là un réel danger.

     Une préoccupation pour certains a été de savoir si le processus menant à la constitution apostolique a été, ou non, un exercice d’œcuménisme. Certains y voient un exercice d’unilatéralisme. Cela me semble être surtout une maladresse !

Certainement, la constitution apostolique elle-même semble présenter son système comme une initiative (quasi) œcuménique, qui met l’accent sur le scandale de la division chez les baptisés et les Églises et Communautés chrétiennes séparées  de l’Église catholique .

Mais justifier la création de l’ordinariat par le fait que « Cette unique Eglise du Christ, dont nous professons dans le Symbole qu’elle est une, sainte, catholique et apostolique, « subsiste dans l’Eglise catholique gouvernée par le Successeur de Pierre et les évêques qui sont en communion avec lui, bien que des éléments nombreux de sanctification et de vérité se trouvent hors de ses structures, éléments qui, appartenant proprement par don de Dieu à l’Eglise du Christ, appellent par eux-mêmes l’unité catholique »

On pourrait faire croire revenu le « bon vieux temps » de la théorie de l’œcuménisme façon Pie XII et retour à la Mère Eglise (Catholique et Romaine bien entendu), puisqu’en elle subsiste, etc… C’est un abus de citation de Lumen Gentium fait hors contexte.

Et les choses sont devenues encore un peu plus confuses lorsque le cardinal Kasper a cru nécessaire de donner aux anglicans l’assurance que la constitution n’était pas un substitut pour le dialogue œcuménique entre les anglicans et Rome . Alors c’était quoi ?

Lors d’une réunion le 21 nov. 2009, le pape et l’archevêque de Canterbury ont réaffirmé leur volonté de renforcer les relations œcuméniques entre les deux Eglises. Anglicanorum Coetibus me parait être un moyen que je qualifierai d’inapproprié pour ne pas être désagréable.

 

2011 – ?: La troisième phase des discussions (ARCIC – III)

     Le pape Benoît XVI et l’archevêque de Canterbury Rowan Williams annoncent  leur souhait de voir une troisième session de discussions ARCIC se mettre en place. Le cardinal Levada confirme que les deux démarches seront poursuivies de front et indique que le mandat d’ARCIC III est de « faire avancer le dialogue bilatéral, sur le thème « Eglise comme Communion – locale et universelle », y compris le discernement de questions éthiques à ces deux niveaux et sur leur interaction » [5] .

La troisième phase de discussions démarre le 17 mai 2011. Elle est hébergée par la communauté monastique œcuménique de Bose.

    Les thèmes choisis sont les questions d’ecclésiologie, et la façon de discerner l’enseignement juste en matière d’éthique (principal blocage actuel des discussions) [6], à la fois aux niveaux local et universel.
La composition internationale de cette nouvelle phase de l’ARCIC représente un large éventail de contextes culturels et apporte à la Commission une variété de disciplines théologiques.
Les discussions comptent dix-huit participants, dont cinq femmes.

Sur le plan de la formation, les évêques suggèrent une étude commune des Écritures saintes, et plus particulièrement pour les séminaristes.

De 2011 à 2023 une douzaine de document ont été publiés. Même s’il n’ont pas le statut d’accords doctrinaux, il sont des avancées très importantes sur la voie d’accords théologiques partiels entre catholiques et Anglicans.

 

[5] Documents ARCIC III : https://iarccum.org/author/?a=36
[6] Voir l’article de Sr Martineau: MARTINEAU Suzanne, « Mauvaise passe pour la Communion anglicane », Études, 2004/9 (Tome 401), p. 215-225.  https://www.cairn.info/revue-etudes-2004-9-page-215.htm  

 

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Ils sont ajoutés sur les pages [Histoire de l’Eglise: Eglise et unité] ou [L’Orthodoxie, Eglise des sept Conciles] au fur et à mesure de leur parution

 

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