Le principe du consensus panorthodoxe est la base du processus préconciliaire, depuis la Conférence de Rhodes en 1961.
“Le même principe est fixé dans le Règlement de l’organisation et du travail du Saint et Grand Concile de l’Église orthodoxe, élaboré par la Synaxe des Primats des Églises orthodoxes, qui a eu lieu à Chambésy du 21 au 28 janvier 2016. Le susdit Règlement prévoit, entre autres, que le Concile « est convoqué par Sa Sainteté le Patriarche œcuménique avec l’accord de Leurs Béatitudes les Primats de toutes les Églises orthodoxes locales autocéphales reconnues de tous” (art 1). Lors de cette même Synaxe, la majorité des Primats des Églises orthodoxes locales ont approuvé la convocation du Saint et Grand Concile de l’Église orthodoxe aux dates des 18-27 juin 2016 en Crète.
Ainsi un problème se pose dès la publication du règlement du concile : l’art 8 précise :
« 2) Ne peuvent être introduits pour être débattus dans le Concile des textes non approuvés à l’unanimité par les Conférences panorthodoxes préconciliaires et les Synaxes des Primats ou de nouveaux thèmes, hormis le Message final du Concile, dont le projet doit être préparé par un Comité spécial une semaine avant sa convocation avec l’approbation des Primats… » Or à la synaxe des primats des Églises orthodoxes à Chambésy (01/2016), le projet de décision du Concile sur le thème « Sacrement du mariage et ses empêchements » a été signé par les chefs de délégations de toutes les Églises locales, à l’exception de l’Église orthodoxe de Géorgie et de l’Église orthodoxe d’Antioche, dont les chefs de délégation ont exprimé par écrit leur désaccord sur ledit document. La délégation du Patriarcat d’Antioche a également exprimé son désaccord sur le texte du règlement des travaux du Concile, signé au nom des autres délégations ayant participé à la synaxe ».
Stricto sensu le concile aurai dû être reporté pour aboutir à un consensus sur les textes présentés à la discussion et le règlement. Cette position « vertueuse » défendue par le Patriarcat de Moscou accompagnée de l’annonce de sa non-participation intervenant le 13 juin -soit une semaine avant l’ouverture du concile- laisse entrevoir des arrières pensées qui ont peu à voir avec la vertu et beaucoup avec les querelles de leadership et la politique.
Il n’en reste pas moins que les débats ont eu lieu et que des résultats importants ont été obtenus et approuvés par une assemblée qui est à juste titre qualifiée de Concile Orthodoxe et qui engage dix des quatorze Eglises Orthodoxes et ne peut être ignorée par les quatre autres dont les mobiles sont divers et pas tous théologiques (voir lien).
Il souligne la volonté du concile de ne pas se poser en opposition aux autres Eglises et Communauté, mais au contraire de continuer le dialogue de façon positive, et même de reconnaitre l’ecclésialité des « Eglises historiques » qui ne sont pas dans la communion orthodoxe (Eglises d’Orient et Eglise Catholique Romaine). -Le Protestantisme étant reconnu comme Communauté mais non comme Eglise.
C’est le grand sujet de dispute à l’intérieur de l’orthodoxie entre ceux qu’il nomme les « zélotes » partisans d’un intégrisme fanatique, et beaucoup de communautés monastiques qui fonctionnent sur le mode « quand on est sûr d’avoir raison, on a pas besoin de discuter avec ceux qui ont tort ».
Ce qui est intéressant, c’est que de nombreux évêques se plaignent de cette attitude.
Autre point intéressant : c’est la décision de rencontre tous les sept à dix ans pour continuer le travail commencé.
Et la tâche est immense !
Beaucoup de sujets sensibles ont été mis de côté dans ce concile qui ne traitait que d’affaires internes à l’orthodoxie. (voir article de La Croix)
Reste à prendre connaissance des textes votés et de leur réception dans un monde orthodoxe sinon divisé au moins extrêmement diversifié :
entre Grecs et Slaves ;
entre tenant d’un approfondissement du dialogue théologique avec les « Eglises historiques » et les intégrismes majoritaires dans le monde slave ;
entre les terres traditionnellement orthodoxes et les terres d’immigration (Europe, Amérique, Afrique subsaharienne) qui représentent aujourd’hui un tiers de l’effectifs de l’Eglises Orthodoxe, et qui devraient peu à peu devenir des Eglises autonomes par le biais des assemblées d’Evêques locales -comme l’ Assemblée des Evêques Orthodoxes de France (
AEOF)-
[1] Jean Renneteau, évêque de Charioupolis, Archevêque-Exarque de l’Exarchat des églises orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale. Français, est né le 13 novembre 1942, à Bordeaux.
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