Josselin Tricou: Des soutanes et des hommes

 

 

Josselin Tricou: Des soutanes et des hommes
Enquête sur la masculinité des prêtres catholiques
Paris, P.U.F., 2021

 

L’auteur constate que la théorie catholique dégenre et désexualise le prêtre en le sacralisant. « Ceux qui prient », étant plus proche de la perfection et comparable à l’état angélique”.

“De fait, l’Église catholique n’a eu de cesse de renforcer la sacralité du prêtre : réforme dite « grégorienne », contre-réforme catholique post concile de Trente… Faut-il y voir une lente et patiente « émasculinité » (p. 38) ? Le prêtre apprend et est autorisé à mettre en pratique des valeurs codées comme féminines : l’écoute, la douceur, le soin… Pourtant, le « bon prêtre » est d’abord un prêtre virilisé, protégé par la sacralité de son sacerdoce.”

“L’ouvrage présente les années 1960 comme un tournant dans l’histoire contemporaine de l’Église. Celle-ci traverse alors une crise d’identité qui mène à la fois à une invisibilisation des signes religieux et à de nombreux départs pour une vie séculière. Les prêtres qui quittent le sacerdoce sont majoritairement des hétérosexuels qui se marient [Et qui portent des valeurs progressistes “de gauche*]. Les prêtres homosexuels [restent et seraient ainsi devenus proportionnellement plus nombreux*] dans l’Eglise Catholique Romaine que dans le reste de la société. Cette nouvelle composition a des répercussions sur le recrutement ecclésiastique. En même temps, les classes populaires se détournent de la prêtrise ; les catégories bourgeoises [Et qui portent des valeurs conservatrices “de droite”*] fournissent désormais la majorité des prêtres.”

“Josselin Tricou avance que le discours qu’il qualifie d’homophobe de l’Église lui permet à la fois de rester attractive auprès d’hommes qui ne pourraient vivre ouvertement leur homosexualité, et de mieux surveiller ses cadres et d’en obtenir parfaite obéissance.”

“Il s’appuie sur de nombreuses sources et entretiens. Sa thèse peut choquer, d’autant qu’elle ne fait jamais référence à la foi dans sa description de la vocation religieuse, mais elle intéressera celles et ceux qui cherchent à mieux comprendre le fonctionnement ecclésiastique et qui s’interrogent sur la « cléricalisation » de l’institution. En effet, selon l’auteur, le mode de recrutement influence les rapports du clergé avec les laïcs et les prises de décision sur les questions de société dont l’importance de certaines échappe au clergé.”

Extrait de l’article de Jean-Marc GOGLIN du Bulletin théologique de l’INSR 

 

Un des points soulevés par l’auteur me semble particulièrement important: “On n’est pas obligé de penser l’homosexualité comme un défaut de masculinité, ni la virilité comme une preuve d’hétérosexualité.” (p 446). Quand Josselin Tricoud parle d’homosexualité, il ne parle pas forcément de sexualité active, mais bien d’ identité sexuelle fondamentale. On ne peut penser et  comprendre a thèse sans ce rappel nécessaire.

Josselin Tricou est sociologue et son livre, dérangeant, pose cependant de vraies question qu’on ne peut évacuer simplement parce qu’elles sont iconoclastes….

*Ajout Geo

  Geo

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