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Marié, Catholique, membre engagé dans la Communauté de Chemin Neuf, Co-Président de l'Association Chrétienne Oecuménique de Normandie, délégué à l’œcuménisme et à la promotion de l'unité des chrétiens du diocèse de Rouen

La Bible un Jardin de Vie

EXPOSITION au Temple Saint Eloi place Martin Luther King à Rouen
Du samedi 6 octobre au dimanche 14 octobre,

 

Exposition “La Bible un Jardin de Vie”

 

 

 Dix panneaux soit une superficie de 66 mètres carrés, pour le texte complet de la Bible (version Nouvelle Bible Segond)
Entrée libre avec invitation à participer aux frais.

Horaires : 11h – 19h en semaine et 12h 30 – 19h les dimanches.

Des animations sont proposées chaque jour  :
A partir du dimanche 7 Octobre et chaque jour différents temps forts sont proposés :

 

de 14h à 15h : des concerts d’orgue
de 15h à 16h : des contes bibliques, des poèmes
de 16h à 17h : des temps de réflexion “La Bible et nous”
Dieu dans ma vie ?
Un Dieu qui libère …
Qu’est ce qu’un prophète ?
L’attente d’un Messie …
Qui est Jésus ?
Qu’est-ce qu’aimer ?
La résurrection, y croire ?
Qu’est ce que l’Apocalypse ?

 

Vous trouverez également un stand de librairie (en partenariat avec La Procure), avec des livres pour tous les âges .

 

 

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Ordinations à la Semaine Communautaire à Sablonceaux

Vendredi 24 Août 2018 à l’Abbaye de Sablonceaux (17).

 

Ordinations presbytérales et diaconales

La célébration de l’ordination presbytérale de Clément SALAÜN-PENQUER et de Guillaume VIENNOT,
de l’ordination diaconale de Toussaint DUMBI, ÁronSISAK et Goh Rodrigue YAPI
ont été célébrées par Monseigneur Georges COLOMB, Evêque de La Rochelle et Saintes, au cours de la semaine communautaire.

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Engagements à Vie 2018

Le 23 juin 2018 à l’Abbaye des Dombes.

Se sont engagés au célibat à vie pour le Royaume et
ont fait professions perpétuelles dans l’Institut du Chemin Neuf :

Stéphanie BARBAN, Annadeline BURGNARD, Maria Olga DIAZ ESTEBAN,
Toussaint DUMBI, Maher EL HAGE, Damien GENBRUGGE, Thomas GEZE,
Jacqueline KANYANGE, Rita KISPÁL, Marie Jeanne KOFFI, Hubert NAGEL,
Sarah NG TIM HUNG, Gisèle NOIRAN, Séverine PEROUSE DE MONTCLOS,
Ryan RABATHALY, Yvon-Amour SIMBARE, Áron SISAK, Christian SOLOFONIRINA
Maureen SOOKAHET, Goh Rodrigue YAPI.

Se sont engagés à vie dans la Communauté du Chemin Neuf :

Stéphanie BARBAN, Annadeline BURGNARD, Maria Olga DIAZ ESTEBAN,
Toussaint DUMBI, Maher EL HAGE, Damien GENBRUGGE, Mauro & Antonella GHIGNONE, Thomas GEZE, Jacqueline KANYANGE, Rita KISPÁL, Marie Jeanne KOFFI,
Hubert NAGEL, Séverine PEROUSE DE MONTCLOS, Raphaël & Marie SALMON,
Yvon-Amour SIMBARE, Áron SISAK, Goh Rodrigue YAPI.

lors d’une eucharistie présidée par Mgr. Giacomo MORANDI,
archevêque secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi

 

 

 

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Que devient le Monastère de Tibhirine

Que devient le Monastère de Tibhirine

Faisons tout d’abord un petit rappel historique. Les trappistes (moines cisterciens de la stricte observance) se sont installés une première fois en Algérie au 19ème siècle entre 1843 et 1904 à Staoueli à 20 km d’Alger. Ils étaient plus de 100 moines.

Les moines veulent revenir au 20ème siècle et achètent en 1938 le domaine de Tib-Harine (jardins potagers en berbère) propriété de l’avocat Benoit Mosca. Tib-Harine deviendra Tibhirine en 1962. Ce domaine de 374 ha à 1000 mètres d’altitude est proche la ville de Médéa mais suffisamment isolé pour respecter leur besoin de solitude.
Le monastère a été érigé en abbaye en 1947 ; frère Luc venait d’arriver. Le dispensaire, qu’il ouvre aussitôt pour la population voisine constitue assez vite un lien fort avec l’extérieur. Quelques moines décident de rester en 1962 lors de l’indépendance de l’Algérie. Le cardinal Duval réussit à convaincre les responsables cisterciens de maintenir une communauté sur place grâce à l’arrivée de nouveaux moines.
Les moines de Tibhirine ont donné la quasi totalité du domaine à l’Etat Algérien dès 1964 en ne conservant que 14 ha dont 8 ha de terres agricoles.

En 1984 la communauté élit un nouveau prieur le père Christian de Chergé. Après avoir tous décidé de rester en 1993 malgré les menaces et les événements tragiques de la décennie noire, sept d’entre eux sont enlevés dans la nuit du 26 au 27 Mars 1996 et exécutés en Avril ou Mai 1996.

Avec la venue de 5 moines d’autres abbayes, les 2 « rescapés » frère Amédée et frère Jean-Pierre essaient de relancer la vie monastique. Les normes exigées de sécurité ne s’accordent pas au rythme cistercien de prière et de travail. Aussi, après avoir planté environ 1 600 arbres fruitiers, pommiers surtout, ils confient en Mai 2001 le domaine au diocèse d’Alger qui appelle le père Jean-Marie Lassausse prêtre de la Mission de France. Celui-ci a une formation agricole et avec deux ouvriers algériens Samir et Youssef ils exploitent les 8 ha de cultures principalement des arbres fruitiers.

En 2010 Xavier Beauvois réalise un film « Des hommes et des Dieux » sur les moines de Tibhirine qui retrace leur vie quotidienne et leurs angoisses face à la montée de la violence dans le pays durant les mois précédant leur enlèvement. Ce film a un succès considérable compte tenu du sujet (plus de 3 millions de spectateurs) et contribue à la notoriété du monastère en France et à l’international .

En Août 2016 le diocèse d’Alger en la personne du père Paul Desfarges appelle la Communauté du Chemin Neuf à prendre la suite. Le père Henri Teissier évêque d’Alger de 1988 à 2008 avait déjà demandé à de nombreuses communautés de venir.

Quel est le rôle de la Communauté du Chemin Neuf (CCN) aujourd’hui ? Il est de plusieurs ordres : maintenir une vie de prière et une tradition d’hospitalité en ce lieu dédié à la fraternité, entretenir les lieux et exploiter les terres agricoles, élargir sa vocation pour l’Unité des Chrétiens au dialogue entre les personnes de religions différentes.

Actuellement nous parons au plus pressé l’exploitation agricole, l’entretien de la maison et l’accueil des nombreux visiteurs qu’ils soient des membres des communautés chrétiennes d’Algérie dans une hôtellerie d’une dizaine de lits, des familles d’expatriés, de quelques groupes de touristes mais surtout des visiteurs algériens de plus en plus nombreux attirés par ce lieu de mémoire. Ces visiteurs se chiffrent par centaines chaque mois. Certains viennent par exemple par amitié car beaucoup d’entre eux ou de leur famille ont été soignés par le frère Luc (Frélou!) Mais si les sept moines sont martyrs c’est à dire témoins de leur foi et de leur amitié pour le peuple Algérien ; on peut dire aussi pour reprendre l’expression de l’écrivain Karima Berger que « c’est l’hospitalité Algérienne qui a été martyrisée à Tibhirine », nos visiteurs veulent en témoigner.

La présence de la CCN se limite aujourd’hui à trois frères, deux prêtres Eugène et Bruno, Yves et une sœur célibataire consacrée Félicité qui a pris la suite du père Jean-Marie Lassausse pour les travaux agricoles avec les fidèles Youssef et Samir. Ils reçoivent des aides bénévoles ponctuelles.

Pour l’entretien de la maison les besoins sont importants. Le monastère dont certains bâtiments ont plus de 100 ans et d’autres datent des années 1950 a été érigé pour héberger une vie commune de cinquante moines ! L’ancienne ferme coloniale du 19ème a un besoin urgent de refaire sa toiture (notre photo – un semi-remorque de tuiles). L’hôtellerie manque de confort. Le chauffage central n’a pas fonctionné depuis plusieurs décennies….

Que nous réserve l’avenir nous ne le savons pas mais Tibhirine est un pont entre les peuples Algériens et Français, entre l’Islam et le Christianisme.

 

Arnaud Motte, ccn  Vincennes
30 mai 2018

 

 

 

Site internet du monastère de Tibhirine

Page Facebook du monastère de Tibhirine

Bibliographie sur les moines de Tibhirine géré par l’abbaye d’Aiguebelle

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La Communauté du Chemin Neuf installée à  Tibhérine

Tibhérine: vingt-deux ans après, les moines sont de retour.
Reportage de Matthieu Delmas publié le 22/06/2018 dans le Figaro Magazine

 

En mai 1996, sept moines trappistes étaient sauvagement assassinés en Algérie. Depuis deux ans, une nouvelle communauté catholique s’est installée à Tibhérine. Alors que l’enquête n’a toujours pas déterminé les vrais responsables du massacre, nous avons rencontré ces quatre religieux décidés à vivre leur foi en terre d’islam, malgré les dangers qui demeurent.

Elle est toujours là, perchée sur le rocher Abd el-Kader qui surplombe le village. La Vierge de l’Atlas n’a jamais cessé de contempler Tibhérine, veillant sur les villageois et sur le monastère. Elle a tout vu: l’indépendance de l’Algérie, le repli de l’abbaye sur quelques hectares après la nationalisation de ses terres, et bien sûr le drame de 1996, au plus fort de la guerre civile: l’enlèvement et l’assassinat des sept moines catholiques, annoncé le 21 mai dans un communiqué attribué au Groupe islamique armé (GIA). Un sacrifice qui a acquis une dimension planétaire avec le film Des hommes et des dieux, de Xavier Beauvois (2010), et qui a laissé ici des cicatrices aussi profondes que les vallées de la région.

Vingt-deux ans après, une nouvelle communauté religieuse s’est installée à Notre-Dame de l’Atlas. Depuis deux ans, dans une grande discrétion, père Eugène, sœur Félicité, frère Yves et frère Bruno de la Communauté du Chemin Neuf (1) ont décidé de faire revivre l’esprit des moines dans ces montagnes meurtries par ce que les Algériens appellent désormais «la décennie noire».

Les baroudeurs de la foi

À la suite des moines cisterciens, ils se sont installés dans ce monastère perché à 1000 mètres d’altitude au-dessus des gorges de la Chiffa, une merveille naturelle connue pour le ruisseau des Singes où les Algérois aiment à se rendre en famille. Un havre de paix à une centaine de kilomètres au sud de la capitale où la terre est fertile et la nature généreuse, grâce à des sources d’eau abondantes qui permettent l’irrigation des cultures. «Tibhérine» signifie, en langue tamazight, «les jardins potagers».

À l’image de père Eugène, un ancien médecin passé par l’Afghanistan et la jungle congolaise, les nouveaux habitants de l’abbaye sont des baroudeurs de la foi ayant déjà servi l’Église dans les endroits les plus reculés. Eugène a accepté de s’installer à Tibhérine après un temps de réflexion. «C’est un beau cadeau d’être ici, nous prenons la suite des moines qui sont restés à Tibhérine par amour de Dieu et des Algériens. Avant de m’en aller pour le monastère, je suis parti faire une retraite et j’ai compris que la Vierge avait reçu notre projet ; je savais que nous serions guidés une fois sur place.» Eugène a été ordonné prêtre en 1986 puis a consacré sa vie à l’Eglise. «Le testament de Christian de Chergé (un des moines assassinés, qui avait accepté par écrit une mort violente au nom de sa foi, ndlr) nous montre le chemin. C’est un prophète car il voit loin, il sent bien qu’un rapprochement est possible. Il a une vision de Dieu qui ne nous sépare pas. Les moines font vœu de stabilité, ils sont enterrés là où ils sont morts.»

«Le café est prêt. Viens!» Au téléphone, Youssef appelle frère Yves, 75 ans, un autre religieux du monastère, fine barbe blanche et yeux bleus perçants, qui a consacré sa vie à la spiritualité de saint Ignace. Chaque matin, les frères se retrouvent avec Youssef et Samir, les deux ouvriers agricoles originaires du village qui, comme leurs pères avant eux, partagent la vie de ces hommes de religion. En apparence, la vie s’écoule paisiblement. Le monastère produit à nouveau du fromage, des confitures et du miel dont la vente permet de rémunérer les deux ouvriers agricoles et les dépenses courantes des frères. Depuis la fondation de l’abbaye en 1938, l’activité agricole a permis de créer des liens solides avec les habitants des villages voisins. Un temps, les paysans de la vallée venaient même y utiliser le pressoir pour fabriquer leur huile d’olive.

Escorte policière

Mais le temps de la paix n’est pas encore revenu: aujourd’hui, les frères sont tenus de sortir dans le village accompagnés d’une escorte policière, et vivent le plus souvent reclus derrière les murs du monastère, surveillés jour et nuit par des gardiens communaux installés face à l’entrée.

La Communauté du Chemin Neuf tente tant bien que mal de faire perdurer l’esprit de Tibhérine en continuant le travail de dialogue interreligieux commencé par les moines assassinés. C’est le Ribat es-salam – le Lien de la paix -, fondé par le père Christian de Chergé en 1979, qui consiste en des rencontres avec les autorités religieuses musulmanes, notamment la communauté soufie et son représentant, le cheikh Bentounès. Ce lien, Père Eugène le résume ainsi: «Pour nous, Tibhérine doit être un espace de dialogue avec les Algériens. Une passerelle plutôt qu’un mur.»

Des visiteurs venus de tout le pays toquent chaque jour à la porte métallique noire du monastère, celle-là même par laquelle les habitants de la vallée sont entrés pendant près de cinquante ans afin de se faire soigner par le frère Luc, le médecin. Il s’agit «d’accueillir l’amitié de l’autre, comme Marthe et Marie accueillaient l’amitié de Jésus à Béthanie», résume Jean-Marie Lassausse, prêtre et agronome, qui a passé quinze ans à cultiver la terre du monastère et à découvrir l’héritage spirituel des frères, avant de passer la main. Ouvrir les portes aux visiteurs, quelles que soient leurs confessions, «c’est le chemin pour que les barrières de la langue, de la culture et des traditions s’estompent». C’est la statue de la Vierge qui remporte le plus franc succès auprès des visiteurs algériens qui enchaînent les selfies. Frère Bruno qui a appris l’arabe en Égypte puis étudié l’islamologie au Caire l’explique ainsi: «La Vierge Marie est un pont entre l’islam et le christianisme. Marie est souvent citée dans le Coran comme la mère de Jésus. Les musulmans lui vouent aussi une dévotion.» Les visites s’achèvent dans le cimetière du monastère, où les sept moines assassinés reposent côte à côte, comme ils l’étaient dans leur foi, dans leurs doutes, et peut-être dans leur peur, jusqu’à la mort. Les stèles de marbre blanc affichent leurs prénoms, Christian, le responsable de la confrérie ; Célestin, l’hôtelier ; Luc, le médecin ; Christophe, l’agriculteur ; Michel, le cuisinier, et les frères Bruno et Paul, qui étaient arrivés au monastère la veille de leur enlèvement, dans la nuit du 26 au 27 mars 1996.En 2016, quatre religieux de la Communauté du Chemin Neuf se sont à nouveau installés à Tibhérine.

Le souvenir des martyrs

Ce matin, un groupe d’une dizaine de visiteurs suivent frère Yves. Parmi eux, Souleymane, originaire de la région se souvient de frère Luc, «Frélou» de son surnom, interprété par Michael Lonsdale dans Des hommes et des dieux. «Il m’a soigné pour une otite en 1966 à l’âge de 6 ans. Les moines étaient des personnes d’une grande humanité qui priaient Dieu chaque jour.» Youcef Sekini, un autre visiteur, en convient: «Ils étaient une source de bonheur, ils ont choisi de rester au côté du peuple algérien pendant la décennie noire. C’est une preuve d’amour que nous ne pouvons oublier.»

Le comédien Michael Lonsdale s’est lui-même rendu ce printemps à Tibhérine. Il évoquera ce voyage bouleversant dans un ouvrage à paraître cet été (2). En particulier le moment où il a découvert la tombe de Paul Gabriel Dochier (frère Luc). «Quelle émotion! Une émotion rentrée. Un peu privée. Je cherche mes mots pour le saluer. Nous nous connaissons depuis longtemps, mais nous nous rencontrons pour la première fois! C’est pour lui que je viens en premier lieu puisque c’est lui que j’ai incarné à l’écran, mais, à travers lui, ma pensée va à tous les moines, ses frères». Lorsqu’ils évoquent les moines, les deux ouvriers agricoles du monastère, se souviennent eux aussi «d’hommes de paix appréciés par les habitants de la vallée». Youssef esquisse un large sourire, «les frères ont toujours aidé les gens d’ici», et Samir de baisser le regard puis de murmurer:«Lorsque nous avons appris leur disparition, j’étais à la maison. Nous n’aurions jamais pensé qu’ils seraient tués. Jusqu’à l’annonce de leur mort, nous étions convaincus qu’ils reviendraient.» Personne ici ne souhaite s’attarder sur les circonstances de ces assassinats. Seules les têtes des moines ont été retrouvées un mois après leur enlèvement devant une station-service à l’entrée de Médéa. Youssef concède seulement que «c’était une période très difficile. Nous devions nous cacher. Nous vivions dans la peur».

 

Mgr Paul Desfarges, l’archevêque d’Alger qui nous reçoit dans son bureau du centre-ville, veille avec sollicitude sur les nouveaux habitants du monastère. «C’est une excellence chose que des religieux retournent vivre à Tibhérine. C’est une joie pour nous. Vous savez, nous sommes une petite Eglise. Pour nous, l’important n’est pas de se montrer mais d’aider les autres. Nous mettons en place des bibliothèques, des centres culturels dans les maisons diocésaines. C’est une manière de servir sans être prosélyte.»

 

La prudence des catholiques

La vie des catholiques en Algérie n’est pas simple. L’Eglise nationale compte 5000 fidèles répartis sur quatre diocèses qui sont menacés depuis 2008 par l’application de plusieurs lois, notamment l’ordonnance 06-03 qui limite la pratique des religions non musulmanes. Le prosélytisme non musulman constitue une infraction criminelle passible d’une amende d’un million de dinars (7500 euros) et d’une peine de cinq ans de prison pour quiconque «incite ou contraint un musulman à se convertir à une autre religion». Les personnes qui fabriquent ou distribuent des documents dans l’intention «d’ébranler la foi» d’un musulman peuvent se voir infliger cette peine.

Mgr Desfarges en est convaincu, «la suspicion des musulmans et des autorités augmente à cause des Églises évangéliques. Contrairement à nous, elles sont dans une dynamique de conversion de natifs algériens et de rejet de l’islam». Pour l’évêque, «c’est leur activisme qui a provoqué la rédaction de cette ordonnance qui nous mettrait tous hors la loi si elle était vraiment appliquée».

La presse arabophone qui mène une campagne contre le prosélytisme évangélique organise cet amalgame en illustrant systématiquement ses articles par des photos de la basilique Notre-Dame d’Afrique, à Alger. Pourtant, l’évêque confie ne pas se sentir menacé en Algérie: «Parfois, des musulmans frappent à nos portes. Nous prenons le temps d’un long discernement afin de vérifier qu’il s’agisse d’une réelle expérience spirituelle. La difficulté de certains chrétiens algériens vient de leurs familles. Parfois, cela peut être très difficile, certains sont déshérités.»

Bientôt béatifiés

Le décret en béatification des 19 ecclésiastiques tués pendant les années noires, signé en janvier dernier par le Vatican, fait la joie de la communauté catholique algérienne malgré certaines inquiétudes. Il concerne Mgr Pierre Claverie tué en août 1996 par une bombe déposée dans l’enceinte de l’évêché d’Oran, et 17 religieux tués entre 1993 et 1996, dont les moines de Tibhérine.

«Nous souhaitons construire une humanité avec ce que nous avons et avec ce que nous sommes», résume le père Christian Reille en visite au monastère. Les béatifications n’étaient pas une évidence pour celui qui a rejoint la communauté jésuite de Constantine en 1970: «A titre personnel, j’étais contre, par crainte de blesser les Algériens. 99 imams ont aussi été tués. Des centaines de milliers de victimes innocentes ont perdu la vie pendant le conflit. Ils étaient pour leur immense majorité des Algériens.» Ne pas donner le sentiment d’une autocélébration, c’est le dilemme auquel est confrontée la communauté. «Notre vocation ici, poursuit ce père jésuite, est d’être ouvert à ce pays qui est magnifique. Dieu fait partie de la vie des Algériens. Nous devons favoriser le dialogue entre les religions. Etre chrétien seul dans son coin est inutile, nous croyons que nous avons quelque chose à faire ensemble.»

 

(1) Fondée par le père jésuite Laurent Fabre, à Lyon, en 1973, à partir d’un groupe de prière charismatique, la Communauté du Chemin Neuf, à vocation œcuménique, compte aujourd’hui près de 2 000 membres permanents répartis dans 26 pays.

(2)Retour à Tibhirine, Cerf, 144 p., 15 €. Le même éditeur publiera aussi les autobiographies spirituelles des moines assassinés: Heureux ceux qui espèrent, 448 p., 22 €.

Crédits photo : Chris Huby / Le Pictorium

 

Article du Figaro Magazine paru dans FOI revue de la Communauté du Chemin Neuf: https://www.chemin-neuf.fr/fr/actualites/5b34f88d396588123da6e614/tibherine:-vingt-deux-ans-apres,-les-moines-sont-de-retour

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Visite du Pape François pour les 70 ans du COE à Genève

21 Juin 2018

Le pape a été accueilli par le pasteur Olav Fykse Tveit, secrétaire général du COE. Les deux hommes se sont fait une chaleureuse accolade.
Il s’est ensuite rendu dans la chapelle du centre pour la prière œcuménique où l’attendait les représentants du Comité central du COE qui réunit 350 Églises protestantes, orthodoxes et anglicanes de plus de 100 pays.

 

Le discours du Pape au COE

Dans son homélie, le pape François a mis l’accent sur le fait que l’humain est appelé à se mettre en route, de sa naissance à sa mort. « Marcher. L’homme est un être en chemin… Le cœur nous invite à marcher, à atteindre un but. Mais marcher est une discipline, un effort; il faut de la patience quotidienne et un entraînement constant. Il faut renoncer à beaucoup de chemins pour choisir celui qui conduit au but et vivifier la mémoire pour ne pas la perdre… Dieu nous appelle à cela, depuis les débuts… Jésus nous en a donné l’exemple. Pour nous, il est sorti de sa condition divine et il descendu parmi nous pour marcher, lui qui est le Chemin

Homélie du pape dans la chapelle du COE, 21 juin 2018. © Magnus Aronson

Le pape a aussi a rappelé à l’assemblée qu’en tant qu’êtres d’esprit mais aussi de chair, il nous faut perpétuellement lutter contre nos instincts et rejeter la mondanité. Ce dernier terme, présenté comme un facteur de division, est revenu à plusieurs reprises dans son homélie. «Au cours de l’histoire, les divisions entre chrétiens sont souvent advenues parce qu’à la racine, dans la vie des communautés, s’est infiltrée une mentalité mondaine: on défendait d’abord ses intérêts propres, puis ceux de Jésus Christ… L’œcuménisme nous a mis en route selon la volonté de Jésus et pourra progresser à condition qu’en marchant sous la conduite de l’Esprit, il rejette tout replis autoréférentiel.» (vidéo: https://www.youtube.com/watch?v=zkN-A87Zabk  et texte: ici

 

Fondé en 1948, le Conseil œcuménique des Eglises (COE) rassemble les Eglises orthodoxes, anglicanes, méthodistes, baptistes, luthériennes et réformées du monde entier, mais pas l’Eglise catholique, avec laquelle il a entretenu des relations complexes. La visite du pape s’inscrit dans son programme «Marcher, prier et travailler ensemble». Elle est le résultat de cinq années d’efforts de la part des responsables du COE pour le persuader de venir à Genève après sa nomination en 2013. Une cinquantaine d’observateurs du Vatican participent aux travaux des comités du COE traitant de questions telles que la promotion de la paix, la doctrine religieuse et l’éducation.

Cette visite au Conseil œcuménique des Églises et à l’institut oecuménique de formation de Bossey est un choix personnel du pape, qui voulait clairement éviter que d’autres sujets viennent éclipser la dimension œcuménique de sa journée à Genève.

 

Le discours du Pape François a été salué par le représentant du Patriarcat de Constantinople: l’archevêque Job de Telmessos qui partage ses impressions : « Le Pape François exhorte à un «nouvel élan évangélisateur» permettant à l’unité de «grandir». Et c’est depuis la tribune du COE qu’il est venu interpeller les chrétiens les appelant à marcher ensemble selon l’Esprit. Devant les membres de ce centre qui célèbre son 70e anniversaire, le Saint-Père a invité à une «charité démesurée» capable de «pardonner sans limite et d’être ensemble comme des frères et des sœurs réconciliés». Suite sur:  https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2018-06/pape-francois-geneve-wcc-entretien-representant-orthodoxe.html

Au retour, dans l’avion, le pape à la fin de sa conférence de presse a insisté : « …Je voudrais seulement dire un mot, clairement: aujourd’hui a été une journée œcuménique, véritablement œcuménique. Et à déjeuner, nous avons dit une belle chose, que je vous laisse pour que vous y pensiez et que vous y réfléchissiez et que vous fassiez une belle analyse sur cela: dans le mouvement œcuménique, nous devons ôter du dictionnaire un mot: prosélytisme. C’est clair? Il ne peut y avoir d’œcuménisme s’il y a du prosélytisme, il faut choisir: ou tu as un esprit œcuménique, ou tu es « prosélyte ».
Merci. »

 

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Semaine œcuménique des Avents – Amitié entre chrétiens

 

 

Du 9 au 13 juillet 2018 à Sees,

les Avents – Amitié entre chrétiens organiseront leur session annuelle sous le thème :

« Envoyés en mission ».

Fondée sur l’envoi du Fils par le Père, l’Église reçoit mission d’annoncer la bonne nouvelle.
Au fil de l’histoire et aujourd’hui encore, cette mission a pris des formes différentes.
La session visera à interroger ces modèles et leur fondement biblique.
Comment la mission, enracinée dans le don de l’Esprit, manifeste-t-elle la nature même de l’Église ?

 

Avec l’intervention d’Eric Boone, Eric Brauns, Agathe Brosset et Marianne Seckel.

 

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Renseignements :
Email : f.e.wild@orange.fr
www.avents-unite-des-chretiens.org

Semaine œcuménique 

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La mort de Jésus, un sacrifice ? et la messe ?

 

Notre dernière rencontre sur le thème du sacrifice approche.
Nous nous retrouvons

 

Lundi 28 mai
45 rue de Buffon, à Rouen.

 

Notre soirée débute à 18 h 15 par l’assemblée générale de notre association suivie de notre rencontre sur le Sacrifice, à 20 h 15.

 

Enrichis de nos précédentes rencontres sur la notion de sacrifice, nous nous demanderons :
  • est-ce que la mort de Jésus doit être considérée comme un sacrifice ?
  • D’abord, lui-même comment l’a t-il envisagée ? concrètement vécue ? quel sens lui a-t-il donné ? Pour cela nous interrogerons en particulier les récits de la Passion.
  • Nous verrons aussi ce qu’en dit l’épitre aux Hébreux, quelle analyse elle en a fait.

 

Un pasteur protestant et un prêtre catholique nous présenterons comment cela se traduit dans nos liturgies respectives.

 

Comme d’habitude, tout ceci se fera à partir des textes de l’Ecriture, d’abord en groupes- n’oubliez pas de prendre votre Bible- puis avec des mises en commun.
Venez échanger, apporter vos propres questions, il n’est jamais trop tard pour nous rejoindre : “Venez et Voyez”
Venez nombreux et dès 18 h 15 si vous pouvez avec votre pique nique.Vous pourrez donner votre avis à l’assemblée générale et faire vos propositions pour le thème 2018-2019.

 

Une exposition sur la Bible est prévue du 6 au 15 octobre 2018, au temple Saint Eloi. 
Une réunion est organisée le lundi 11 juin à 14h30 au 45 rue de Buffon pour en parler et prévoir les animations autour de l’exposition.
site de La Bible à Rouen: ici: http://labiblearouen.org/

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Les Eglises Vieilles-Catholiques vers l’unité sans l’uniformité*

*le titre est du webmestre

Le frère Marie-Elie Joseph est prêtre de l’Eglise Vieille-Catholique Mariavite, animateur de la communauté Sainte Marie à Rouen.
Il nous fait entrer dans la complexité des relations entre les différentes églises qui composent le Vieux Catholicisme, à partir de l’expérience de son Eglise

 

 

L’Eglise Vieille- Catholique Mariavite est – elle une église vieille – catholique ?
Quelques réflexions:

 

Souvent la question est posée, et en elle même elle renferme la complexité des églises vieilles- catholiques.

 

En effet celles ci peuvent se répartir en 3 vagues suivant leurs apparition :
  • l’Eglise d’Utrecht qui est la première a se séparer de Rome au XVIII° avec la consécration sans mandat pontifical par une évêque romain, Mgr Varlet qui en 1724 ordonne  premier évêque , Cornelis Steenoven .
  • puis suite au concile Vatican I et le refus de l’infaibillité pontifcale des prêtres allemands, et suisse à partir de 1875, constituent des églises nationales et demandent les ordres à l’Eglise d’Utrecht qui consacre alors des évêques pour ces pays. l’Autriche viendra ensuite au XX°.
  • en 1906, aux Etats-Unis et en Pologne, deux groupes de prêtres rejettent la juridiction romaine pour des raisons de sensibilités spirituelles, et cela donnent la PNCC [1]  aux USA, et l’Eglise Vieille -Catholique Mariavite en Pologne.

 

Ces différentes Eglises sont regroupées d’abord dans une “Union d’Utrecht” en 1889 sur la base de principes théologiques ( contenu de la foi  et des dogmes définis dans les 7° conciles œcuméniques , refus des dogmes nouveaux ( mariaux) et de l’infaillibilité pontificale….).
L’Union d’Utrecht est donc postérieure aux différentes consécrations épiscopales et relève à la fois d’un principe organisationnel mais surtout de principes théologiques et ecclésiologiques  notamment qui veut que l’Eglise du Christ soit une communauté de communautés réunies…
L’ecclésiologie vieille -catholique tient ensemble deux piliers :
  1. la primauté des églises locales ( nationales avec leurs synodes )
  2. et la communion  des églises nationales dans un ensemble plus grand qui témoigne de la communion qui fait l’Eglise ,sur le principe des églises anciennes ( d’où le nom de  « vieux- catholiques »).
L’Union d’Utrecht n’est pas une Eglise en soi, ni un super archevêché : chaque évêque avec les fidèles réunis en synode est l’Eglise. Le rôle de l’archevêque d’Utrecht est de veiller à la diversité et la communion, par et au travers cette diversité. L’image qui rassemble le mieux les églises issues d’Utrecht est celle d’une famille aux origines et cultures diverses mais manifestant tous  le même attachement à «  ce qui a été toujours cru, toujours et partout » selon le principe de St Vincent de Lérins.
De ce fait les expressions de la foi peuvent être diverses selon les pays  et il n’est que de participer aux eucharisties dans les différentes Eglises vieilles catholiques pour s’en rendre compte.

 

Les Eglises dernières entrées sont aussi celles qui sont sorties de l’Union d’Utrecht :
  • -En 2003 la PNCC quitte l’Union  principalement à cause de l’ordination des femmes et les bénédictions de couples du même sexe  et forme alors l’Union de Scranton  (siège principal de cette Eglise aux Etats-Unis).
  • En 1924 l’Eglise vieille-Catholique Mariavite sort de l’Union à la demande de celle-ci suite à des innovations de l’archevêque Vieux-Catholique Mariavite de l’époque, Jean-Michel Kowalski notamment le sacerdoce des religieuses   .
  • En 1935 le chapitre général (organe regroupant les prêtres mais aussi des fidèles pour certains d’entre eux, ce qui le rapproche d’un synode)  des Mariavites dépose l’archevêque Kowalski et revient aux  pratiques primitives et un évêque primat est chargé de coordonner l’Eglise depuis le siège de Plock.

Une minorité de fidèles, de religieuses, de prêtres suivent l’archevêque Kowalski et ses innovations  et forment l’Eglise Mariavite dite de « Felicianow « : le titre de l’Eglise est « Eglise Catholique Mariavite », leur nombre va décroitre,  et actuellement ne restent que quelques sœurs-prêtres… Il est à noter que ce groupe n’appartient pas au conseil œcuménique des Eglises et qu’il est uniquement en Pologne et parfois il y a confusion avec les Vieux-Catholiques Mariavites.

Il serait intéressant de revenir sur cet épisode de la sortie de l’Union d’Utrecht  et sur les motifs cette sortie en les replaçant dans le contexte de l’époque notamment le climat passionnel qui agitait le milieu polonais : persécution des  Vieux-Catholiques Mariavites, catholicisme polonais aux expressions dévotionnelles propres liant spiritualité et identité nationale .
Notons aussi que, malgré l’abandon des innovations de Mgr Kowalski en 1935, la seconde guerre mondiale  et la vie sous l’emprise soviétique  ainsi que  les difficultés de communications entre les blocs, ont empêché le retour rapide à une normalité des relations entre Plock et Utrecht.

 

Il faudra attendre 1972 pour que l’intercommunion entre l’Eglise Vieille-Catholique Mariavite  et le Siège d’Utrecht (et non l’Union) soit rétablie.

Cette intercommunion avec l’Eglise historique d’Utrecht, et sous la présidence de l’Archevêque qui préside à l’Union du même nom, démontre bien la proximité dans la  foi et les sacrements. D’ailleurs les archevêques d’Utrecht depuis cette date ont participé comme consécrateurs à des ordinations  épiscopales Vieilles-Catholiques Mariavites.
De même des évêques Vieux-Catholique Mariavites ont été co-consacréateur pour un des évêque de l’Eglise Vieille-Catholique Polonaise. Ce qui montre, que même en dehors de l’appartenance à l’Union, la vie sacramentelle continue entre les membres des Eglises vivant de l’ecclésiologie vieille-catholique.
En 2009 à l’occasion du centenaire de la fondation de l’Eglise Vieille-Catholique Mariavite, l’archevêque d’Utrecht J.Vercammen, envoya une lettre à l’évêque primat de Plock  rappelant le rôle de l’Eglise d’Utrecht dans la consécration du premier évêque Vieux-Catholique Mariavite et le renouvellement des contacts depuis les années 1970 en vue d’un « renouvellement de l’adhésion à l’Union d’Utrecht ».
La présence de l’évêque Vieux-Catholique polonais à cette cérémonie en est un exemple .
Et les primat Vieux-Catholique Mariavites sont  depuis ce jour invités à la conférence des évêques vieux catholiques d’Utrecht .
En 2014 était signé par l’ensemble des évêques Vieux-Catholique Mariavites et des évêques Vieux-Catholiques de l’Union d’Utrecht  un décret de réintégration. (http://www.utrechter-union.org/2/395/communiqué_about_the_re-admissio ).
Il était demandé aux Vieux-Catholique Mariavites de s’interroger autour  des aspects  des pratiques mariales et de convoquer un synode pour acter cela .

A ce jour cela n’est pas encore fait .

Plusieurs éléments peuvent expliquer cela :
  • le dialogue a eu lieu entre évêques et de ce fait les fidèles Vieux-Catholique Mariavites n’ont pas été informé , ce qui provoqua une inquiétude des prêtres également  .
  • si les principes du vieux catholicisme sont bien reçus chez les Vieux-Catholique Mariavites depuis le début ,notamment l’essence de l’Eglise locale, l’expression liturgique et dévotionnelle propre au mariavitisme est ancrée culturellement et  il faut beaucoup d’explication de part et d’autre pour comprendre, par exemple, la place de la Vierge Marie, l’immaculée conception, l’assomption, le rôle de Notre Dame sous le vocable de Notre Dame du Perpétuel Secours, non comme  des dogmes mais comme  « opinion théologique »; il en est de même avec la pratique de l’adoration du Saint Sacrement .

Nous touchons là les limites d’une diversité dans l’unité .

Quelques précisions permettent de mieux comprendre  les différents  existants:
  • les formes de spiritualités polonaises qui ont perduré dans le mariavitisme  peuvent être perçues comme dépassées ou trop « romaines »  pour certains Vieux-Catholiques de l’Union  alors qu’elles sont fortement identitaires pour les  Vieux-Catholique Mariavites à la fois dans l’aspect spirituel mais aussi national ( par exemple la place de la Vierge dans l’identité polonaise).
  •  L’importance du milieu de naissance du mariavitisme  est celui d’un ordre religieux féminin : Les ordres religieux n’existent pas dans l’Union d’Utrecht ( même si cela commence à changer timidement ) et l’expression propre de ce mode de vie ( par exemple le rôle clef du chapitre général, la formation religieuse des mariavites avec nom de religion, habit, l’importance de la vie spirituelle ancrée sur une vie liturgique dépassant les seuls sacrements ) peut interroger des Eglises Vieilles-Catholiques éloignées de ces formes d’expression communautaire .
  • Le climat de tension dans la société polonaise (persécution des premiers mariavites dont le mémoire est encore vive ) , les tensions politiques (joug soviétique, communication difficile ) impliquent  imprégnation  moins rapide  aux évolutions  sociétales et religieuses des années 1960/1989 et à  une sécularisation moindre de la société .
  • Les diversités nationales dans les expressions religieuses dans l’Union d’Utrecht également (les chronologies diverses à accepter l’ordination des femmes -tout le monde n’avançant pas au même rythme-), font que chacun de parle pas forcement du même point  .
  • Une réticence peut être chez les Vieux-Catholique Mariavites à accepter certains points (ordination des femmes par exemple ) qui les avait fait exclure de l’Union en 1924… là encore les mémoires sont longues à guérir .
  • La présence sur une même territoire de plusieurs entités du vieux catholicisme : en Pologne et en France il y a une église Vieille-Catholique et une église Vieille-Catholique Mariavites avec chacune des évêques  d’où une réflexion sur le poids de chacune au sein de l’Union et un vrai problème ecclésiologique : doit-il y avoir qu’un seul évêque par diocèse ou peut-il y avoir des évêques liés à des rites ou des communautés particulières.

Notons que les choses avancent avec une volonté ferme des deux côtés :

  • le primat Vieux-Catholique Mariavite est toujours invité aux réunions de la conférence des évêques d’Utrecht .
  • la formation des séminaristes des 2 Eglises en Pologne a lieu dans un même endroit dans une université de Varsovie  avec des cours communs aux Vieux-Catholiques  et aux Vieux-Catholiques Mariavites, université qui accueille ensemble des orthodoxes , des protestants , des Vieux-Catholiques de l’Union.
  • une volonté partagée de témoigner de l’apport du vieux catholicisme avec les autres églises chrétiennes.

Il faudra certainement encore du temps pour que les choses soient clarifiées.  Mais comme nous l’avons vu les liens spirituels  et de communion existent. [2]

 

Evêques Vieux-Cathoiques Mariavites (a g Mrg Le Bec (France))

 

Les Eglises vieilles-catholiques ne sont pas monolithiques et l’exercice de l’union  est toujours périlleux car il demande du temps, de la patience de part et d’autres pour rencontrer chacun en vérité sans froisser les légitimes expressions de sensibilités religieuses.
Les choses ne peuvent évoluer qu’à partir d’un travail commun entre les vieux-catholique de Pologne mais ces derniers sont à la fois dans l’union d’Utrecht et liés par leur histoire à la PNCC de Scranton qui elle est sortie d’Utrecht (2003) .
Rappelons que ces deux Eglises ont entamé des discussions avec Rome à part de l’Union  d’Utrecht des 1983 pour le PNCC … ce qui montre bien que l’Union n’est pas une uniformité .
Et l’extension des liens intercommunion de l’Union d’Utrecht avec l’Eglise de Suède scellée récemment (2018) ne fait qu’augmenter la difficulté (femmes évêques par exemple) sur le sol polonais.
Alors pour répondre à la question posée au départ : les Vieux-Catholiques Mariavites sont bien des Vieux-Catholiques  par l’importance qu’ils accordent à l’ecclésiologie vieille-catholique, par leur histoire avec Utrecht.
Ils ne sont plus, ou pas encore, dans l’Union d’Utrecht, mais la communion sacramentelle avec l’Eglise d’Utrecht existe de fait, et l’on sait l’importance de cette communio in sacris constituant l’Eglise.
Ceci peut sembler bien complexe vu d’une position plus centralisatrice comme par exemple l’Eglise catholique romaine ; ceci est un défi pour tous au nom de l’Unité voulue par le Seigneur et de l’urgence de la paix entre tous.

 

Fr M.Elie-Joseph

 

[1] Polish National Catholic Church (PNCCÉglise catholique nationale polonaise) est une église catholique en dehors de la juridiction du Pape. Elle est surtout présente en Amérique du Nord et rassemble environ 30000 fidèles aux États-Unis et Canada, principalement parmi les Polono-Américains. Elle est membre du Conseil œcuménique des Églises.
[2]  Officiellement, à ce jour, cela n’a été le cas que pour l’Eglise des Pays-Bas. Il existe une commission mixte pour la discussion des questions à clarifier. Le problème des relations de l’Eglise vieille-catholique des Mariavites en Pologne avec des groupes hors de la Pologne est venu se greffer aux anciennes questions.
Malgré tout, la Conférence internationale des Evêques vieux-catholiques (IBK) espère que ces difficultés pourront être aplanies et qu’ainsi l’Union d’Utrecht ouvrira à nouveau ses portes à l’Eglise vieille-catholique des Mariavites en Pologne. voir: https://sites.google.com/site/mivicafrancophoneuniondutrecht/l-oecumenisme

Les Eglises Vieilles-Catholiques vers l’unité sans l’uniformité* Lire la suite »

L’ Eglise Vieille-Catholique Mariavite

Au début, il s’agissait d’un mouvement intérieur visant à une réforme du clergé polonais, mais après un conflit avec des évêques polonais elle est devenue une Église séparée et indépendante qui compte actuellement suivant ses chiffres plus de 35 000 fidèles dont environ 5 000 familles en France

Le nom de « mariavite » vient des mots latins : Mariae vitam (imitans) – ([celui qui imite] la vie de Marie).

 

Histoire

Situation de l’Église catholique en Pologne sous l’Empire russe

L’histoire du mouvement mariavite remonte à la deuxième moitié du XIXe siècle.
En 1887, Feliksa Kozłowska fonda une congrégation de clarisses, ordre qui fut appelé plus tard l’Ordre des Sœurs mariavites, mais qui, au début, était une communauté religieuse catholique parmi bien d’autres.
Ces organisations religieuses étaient illégales selon les lois de l’Empire russe.

Révélation de Feliksa Kozłowska – 1893-1903

En 1893 Feliksa Kozłowska, en religion sœur Maria Franciszka, reçut sa première révélation.
Plusieurs visions de sœur Maria Franciszka entre 1893 et 1918 furent recueillies en 1922 dans le volume intitulé “L’Œuvre de la Grande Miséricorde”, qui est la source religieuse la plus importante pour les mariavites à côté de la Bible.
Dans sa révélation la fondatrice reçut l’ordre de se battre contre le déclin moral du monde, particulièrement contre les péchés du clergé.

Tentatives pour légaliser le mouvement – 1903-1906

Pour sœur Maria Franciszka et les prêtres mariavites, le mouvement qui venait de se créer devait être le moyen de fonder une mission intérieure destinée à réformer l’Église. On ne se proposait pas de créer une Église différente. Jusqu’à 1903, l’existence du mouvement n’a pas été officiellement reconnue par les autorités catholiques dans la Pologne divisée et occupée. C’est cette année-là que les provinciaux de l’ordre des mariavites décidèrent de présenter les textes des révélations et l’histoire du mouvement aux évêques de trois diocèses concernés : Płock (où sœur Maria Franciszka vivait), Varsovie et Lublin.
Les chefs du mouvement furent interrogés et les documents envoyés au Saint-Siège.
1903: Election du Minister Generalis (Ministre Général) de l’ordre, Jan Maria Michał Kowalski, qui était alors la personne la plus en vue dans le mouvement.
1904: La décision finale fut prise par la Congrégation Saint-Office en août, un mois après l’audience du pape et annoncée en décembre 1904, : les révélations de Feliksa Kozłowska étaient écartées, le mouvement était dissout et tout contact était interdit entre les prêtres et la fondatrice. Les historiens actuels reconnaissent que c’est la hiérarchie polonaise à son sommet très hostile au mouvement mariavite, qui a joué le rôle le plus important dans la prise de  décision.
Avec le temps l’attitude des mariavites changea. Au lieu d’obéir aux recommandations du Saint-Siège ils se rebellèrent contre elles.
1906: le pape Pie X prépara l’encyclique “Tribus circiter” où il approuvait la décision du Saint-Office.
En décembre 1906, Feliksa Maria Franciszka Kozłowska et Jan Maria Michel Kowalski furent excommuniés avec tous leurs disciples, prêtres et fidèles. (On comptait de cinquante à soixante mille mariavites regroupés en seize paroisses.)
Le mouvement fut légalisé par les autorités russes en tant que « secte tolérée » en novembre 1906, alors que le conflit avec la hiérarchie catholique était à son comble.

L’Église mariavite – Première période

1909: A Utrecht, consécration épiscopale du premier évêque mariavite. Adoption officielle du nom d’Église vieille-catholique des mariavites.
1912: Reconnaissance comme une Église particulière et indépendante. Choix de la langue locale comme langue liturgique.
1921: La mort de Feliksa Kozłowska marqua la fin de la première époque du mouvement. graduellement le nombre des adhérents diminua et en 1921 il ne restait plus officiellement que 43 000 mariavites.

Sous l’administration de l’archevêque Kowalski (1921-1935)

Il Introduit dans l’Église un grand nombre de changements, qui relevaient – dans un  sens très large – du modernisme théologique et dogmatique, qui suscitèrent de vives controverses, non seulement de la part des catholiques, mais chez les mariavites eux-mêmes. Entre autres:
    • la possibilité pour un prêtre d’être marié (1922-1924),
    • la communion sous les deux espèces (1922),
    • le sacerdoce des femmes (introduit en 1929, supprimé en janvier 1935),
    • la suppression des titres ecclésiastiques (1930),
    • la suppression des prérogatives du clergé (1930).
Ces changements perturbent les relations avec les Vieux-Catholiques.
1924: Sortie de l’Union d’Utrecht, mais conservation des liens d’intercommunion.

La crise de 1935

Le Chapitre Général du 29 Janvier 1935 déposa Mgr Jean Marie Michel KOWALSKI de sa fonction.
Très rapidement, il se retira de l’Église, formant avec 2 prêtres, 80 religieuses et 20% des fidèles, une scission qui dure encore aujourd’hui.
Ce même Chapitre Général supprima la plupart des nouveautés introduites par l’Archevêque KOWALSKI.
L’administration de l’Église fut basée sur le système collégial et synodal. Le premier Evêque-Primat, après la réforme et le retour aux sources du Mariavitisme fut l’Evêque Klemens Maria Filip FELDMAN.
L’Église comptait en 1935, outre les 3 évêques, 110 prêtres, 484 religieuses et 45.000 fidèles.

 

Aujourd’hui

 

Aujourd’hui, cette branche de l’Église mariavite est la plus importante et elle compte environ 25 000 adeptes en Pologne et  environ 5 000 en France (surtout à Paris) Le clergé est encore jeune et les deux tiers des prêtres ont entre 25 et 45 ans.
L’évêque-primat est Mgr M. Jan OPALA, Évêque-Primat de l’Église vieille-catholique Mariavite de Pologne depuis 2023
 L’Église vieille-catholique des mariavites est membre fondatrice du Conseil Œcuménique Polonais .

Relations avec l’église catholique

En 1972 la Conférence Épiscopale catholique romaine de Pologne, par l’intermédiaire de son secrétaire de la Commission épiscopale polonaise pour l’œcuménisme, le Père Stanislaw BAJKO, s.j.  adressa une demande de pardon à l’Église Mariavite pour toutes les persécutions dont elle fut l’objet dans le passé de la part de l’Église catholique romaine.
Également leur attitude envers Feliksa Kozłowska a changé:  le Père Bajko, a fait une étude théologique sur les révélations de Feliksa Kozłowska et n’y a trouvé aucune trace de discordance avec la doctrine catholique.
Le fait que le Saint-Siège a reconnu comme vraie la révélation à Faustyna Kowalska de la Miséricorde du Seigneur, est pour eux un signe évident de la pertinence et de la véracité du message que Dieu a adressé aux hommes par Mère Feliksa Kozłowska.
 Une commission mixte de dialogue catholique-mariavite travaille depuis 1997.
Une petite critique sur les publications de l’ Eglise Mariavite concernant les relations avec l’église catholique: il est fait état d’une mention dans un projet de rédaction du décret sur l’oecuménisme du concile Vatican II de l’église Vieille-Catholique comme pleinement église.
Il faut remarquer que ce texte est un extrait du rapport de la commission mixte internationale Catholique Romaine / Vieille-Catholique (en français; revue ISTINA, 2012,1 et sur le site du Vatican.
Cet extrait de la relation de 1964  fait état du projet d’un paragraphe exprimant la notion d’ Eglises appliquée aux communautés Vieilles-Catholiques comme elle l’est aux communautés Orthodoxes, et de fait de la reconnaissance de la validité du sacrement de l’ordre et de l’eucharistie dans leurs Eglises.
Ensuite il est question d’une note de la Congrégation pour la doctrine de la foi de 1987 autour de l’application du canon 844 .3. Par exemple ( 844.1); la note de 1987 précise que ” parmi les Eglises  , qui se trouvent dans la même situation que les églises orientales nommées dans la canon 844.3, on compte les Eglises vieilles-catholiques en Europe et l’Eglise nationale polonaise aux Etats-Unis”  et ceci  , même sans caractère officiel exprime une opinion communément admise par le Siège Apostolique“.

Ces deux textes ( le projet de relatio de 1964 et celui de 1987 ) se répondent et marquent le fait que la commission en 2012 voulait marquer déjà les acquis d’un dialogue commun .

Une autre source à consulter: le décret ” Dominus Jésus” chap. 17, qui fait la distinction entre Eglises et communautés ecclésiales sur la base de la validité du sacrement de l’ordre et de l’eucharistie.

On peut donc penser a bon droit que -dans la mesure ou l’ Eglise Mariavite est reconnue comme église Vieille-Catholique- cela s’applique à elle.

 

 

En France:

La paroisse ste Marie à Paris est fondée en 1972

Mgr M. André LE BEC, évêque, a été consacré le 21 Octobre 1979

 

La province et diocèse de France est érigé en 1989 et suite à l’effondrement du bloc communiste, la consécration épiscopale de Mgr M. André LE BEC est reconnue en 1993 dans l’église de Varsovie par l’évêque-primat.

 

En Normandie

Le Père Elie-Joseph POTTIN, (à droite de Mgr Le Bec sur la photo) anime la communauté Sainte Marie de Rouen.
Il est membre de l’ Association Chrétienne Œcuménique de Normandie.

Création du diocèse de Normandie

Le Chapitre Général tenu le 17 février 2024 au Sanctuaire de la Miséricorde et de l’Amour à Plock a intégré la Communauté de l’Église Sainte Marie de Mont-Saint-Aignan avec l’Église Vieille-Catholique Mariavite de Pologne, en érigeant un nouveau diocèse de la Province Mariavite de France:  le diocèse de Normandie.
Mgr M. Roland FLEURY a reçu l’habit  et a été intégré dans l’Eglise Vieille-Catholique Mariavite et est devenu le premier évêque mariavite du diocèse de Normandie. (voirhttps://www.oecumenisme-normandie.fr/category/eglises-en-normandie/eglise-mariavite)

 

 Pour d’autres renseignements:
– Le livre de Mgr Marie André Le Bec: Miséricorde & Amour, l’ Eglise Mariavite, ECAP Paris 2017.
– Le site de l’église mariavite en France: http://mariavite.fr/index.php/fr/bienvenue

L’ Eglise Vieille-Catholique Mariavite Lire la suite »