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Marié, Catholique, membre engagé dans la Communauté de Chemin Neuf, Co-Président de l'Association Chrétienne Oecuménique de Normandie, délégué à l’œcuménisme et à la promotion de l'unité des chrétiens du diocèse de Rouen

Les grands accords œcuméniques du XX° siècle II

 

Les articles sur l’histoire des Eglises resteront disponibles individuellement pendant trois mois
Ils sont ajoutés sur les pages [Histoire de l’Eglise: Eglise et unité] ou [L’Orthodoxie, Eglise des sept Conciles] au fur et à mesure de leur parution

 

XL Les grands accords œcuméniques du XX° siècle II

 

La déclaration conjointe sur la doctrine de la justification par la foi (DCDJ) (1999)

 

 

     Un peu de vocabulaire pour commencer : On trouve beaucoup d’articles qui parlent de déclaration commune. La page de recherche Google est à ce sujet révélatrice.
     Or il faut être précis: même si dans la déclaration on trouve « ensemble nous déclarons que…» chaque Eglise signataire, et par la suite les Eglises ou fédération d’Eglises qui s’y sont associées, ont tenu à rédiger un addendum pour préciser ce que signifiait leur adhésion.
     Il s’agit donc bien pour chaque Eglise ou fédération d’Eglises de déclarer conjointement que leur manière d’exprimer la doctrine de la justification par la foi n’est pas séparatrice des autres Eglises ou fédération d’Eglises signataires, mais que cette expression ne peut être pleinement commune en l’état des choses.
GF

 

La déclaration conjointe sur la doctrine de la justification (DCDJ) [1] de la Fédération luthérienne mondiale et de l’Église catholique a été signée à Augsbourg le 31 octobre 1999 par le cardinal Cassidy, représentant de l’Église catholique, et l’évêque Krause, président de la Fédération mondiale luthérienne. Le choix d’Augsbourg pour cette signature était particulièrement symbolique, et se voulait un écho à la Confession d’Augsbourg considéré comme le point de divergence théologique fondamental entre catholiques et luthériens.

Un peu d’histoire [2]

 

     Ce qui importe au professeur Luther jusqu’en 1515 c’est la question: qui est sauvé ? Et plus important encore : serai-je sauvé ?

     À cette question, l’Église apporte une réponse qui le plonge dans le tourment. Pour obtenir le salut, dit-elle, il faut refuser le péché, recevoir les sacrements et agir comme Dieu le demande. Refuser le péché ? Luther pense, que notre tendance peccamineuse est si forte que nous ne pouvons lui échapper. L’homme reste pécheur toute sa vie : s’il doit compter sur ses mérites, il est ne peut être trouvé digne du salut.  Alors nous serons damnés. Alors je serai damné. Cette idée, bien sûr, lui semble incohérente avec un Dieu sauveur.

Une Europe inquiète

     Le Réformateur n’est pas une anomalie dans l’Europe des premières années du XVIe siècle. Si Luther est angoissé, l’époque l’est aussi. Dans ce contexte, la préoccupation du salut personnel devient centrale.

     C’est nouveau. Aux siècles précédents, l’individu ne pesait guère, et le salut était une conception beaucoup plus communautaire. Cette angoisse des hommes qui s’inquiètent de savoir ce qu’il adviendra d’eux personnellement dans l’au-delà se traduit par la multiplication des Ars moriendi – ou « art de mourir » –, de petits livres de piété qui permettent aux chrétiens de se préparer au grand passage.

     Luther, lui, se plonge dans les Écritures pour y trouver les réponses à sa quête de sens et sa peur de la damnation. Et finalement, au cours de l’année 1515, il trouve. C’est dans la Lettre de saint Paul aux Romains (3, 28) : « L’homme est justifié par la foi, indépendamment des œuvres de la Loi. »

     Pour Luther, la conclusion à tirer est simple : « Les péchés nous sont remis non à cause de nos œuvres, mais par la seule miséricorde de Dieu, qui ne nous les impute pas. » Et il précise encore : « Nous sommes pécheurs à nos yeux et malgré cela nous sommes justes devant Dieu par la foi. » Que veut dire le théologien allemand ? Que le salut provient de la seule grâce de Dieu, accordée gratuitement, qui suscite la foi dans le cœur du croyant. Sola gratia, sola fide « la grâce seule, la foi seule ». Ces deux points fondamentaux réunissent l’ensemble des confessions protestantes. La perversion radicale que l’homme porte en lui depuis le péché originel devrait nous condamner au feu éternel. Mais Dieu pardonne sans contrepartie, et le chrétien qui a confiance en Lui est sauvé : voilà le fin mot de la justification par la foi.

Contre les indulgences

     L’idée n’est pas neuve : on la trouve chez saint Augustin (354-430) – et Luther, précisément, est un temps membre de l’ordre des Augustins. L’évêque d’Hippone, dans une controverse qui l’avait alors opposé au moine Pélage, avait en effet défendu l’idée que c’est la grâce de Dieu qui sauve et non ce que fait ou ne fait pas le chrétien durant son existence. L’orientation d’Augustin l’avait emportée, et il avait même été fait Père de l’Église. En défendant la justification par la foi, Luther est donc bien loin d’imaginer être suspecté d’hérésie.

     La foi seule sauve et non les œuvres. Et surtout pas les fausses bonnes œuvres acquises par l’argent. Le 31 octobre 1517, Luther l’affirme pour la première fois au grand jour. Dans les 95 thèses qu’il placarde sur les portes de l’église de Wittenberg, il s’en prend aux indulgences. De quoi s’agit-il ? De remises de peine que les fidèles peuvent acheter en espèces sonnantes et trébuchantes afin de raccourcir le séjour au purgatoire de défunts qui leur sont chers, ou pour préparer leur propre trépas en limitant autant que possible la durée de leurs souffrances à venir dans le feu purificateur.

Sitôt que la pièce sonne dans le tronc, l’âme s’envole du purgatoire.

Johann Tetzel o.p.

    La foi seule sauve et non les œuvres. Et surtout pas les fausses bonnes œuvres acquises par l’argent. Le 31 octobre 1517, Luther l’affirme pour la première fois au grand jour. Dans les 95 thèses qu’il placarde sur les portes de l’église de Wittenberg, il s’en prend aux indulgences.

     De quoi s’agit-il ? On a un peu raccourci le débat à son aspect financier (remises de peine que les fidèles peuvent acheter en espèces sonnantes et trébuchantes afin de raccourcir le séjour au purgatoire de défunts qui leur sont chers, ou pour préparer leur propre trépas en limitant autant que possible la durée de leurs souffrances à venir dans le feu purificateur. Mais c’est bien à cause de cet aspect financier que Luther est poursuivi d’abord par l’évêque et ensuite par le pape.). Ce n’est pas la seule pratique du commerce des indulgences que critique Luther, c’est aussi ce qui la fonde : l’idée que l’homme peut contribuer à son propre salut. La question de la justification est donc bien au cœur de la rupture de 1517.

Un rapprochement 

     Face à Luther, l’Église ne remet nullement en question sa doctrine, qui sera d’ailleurs confirmée et approfondie par le concile de Trente (1545-1563) : pour elle, si la grâce de Dieu est nécessaire, les œuvres aussi contribuent au salut. Les œuvres, c’est-à-dire ce qu’un chrétien fait dans la perspective de son salut.

      De quoi s’agit-il ? De la réalisation d’un certain nombre de pratiques, comme l’assistance à la messe ou la récitation de prières, mais aussi de la réception des sacrements, indispensables « moyens du salut », ou encore de ce que l’on entend habituellement par l’expression « bonnes œuvres », c’est-à-dire les actes charitables que le Christ attend de ses fidèles. Le chapitre 25 de l’Évangile de Matthieu en particulier justifie cet attachement aux œuvres chez les catholiques. Le salut y apparaît comme une récompense accordée, au jour du Jugement, à ceux qui ont bien agi, ont donné à boire et à manger aux pauvres, ont visité les prisonniers, ont consolé les affligés. Les œuvres, donc, ne sauraient être suffisantes pour se sauver, mais elles sont malgré tout nécessaires.

Alors que la justification est à l’origine de la rupture entre catholiques et protestants, c’est paradoxalement sur cette question que le rapprochement le plus important a été réalisé par la DCDJ.

Le plan

  L’ ensemble comporte quarante quatre numéros, sous le titre « La Doctrine de la justification » auquel a été adjoint le sous-titre « Déclaration commune de la Fédération luthérienne mondiale et de l’Église catholique romaine ».

    • On a tout d’abord un Préambule ; il situe brièvement le texte qui va suivre à la fois dans le contexte qui a conduit à son élaboration et selon la finalité que lui donnent ses signataires (n° 1 à 7).
    • Vient alors un premier développement, consacré au message biblique concernant la justification. Les membres des deux Eglises se sont mis « à l’écoute de la Parole de Dieu dans l’Ecriture Sainte » (n° 8-12). Fondamentalement, ils entendent bien ne faire qu’en répercuter l’enseignement.
    • Reprenant, pour en souligner l’importance, un point qui est déjà venu dans le préambule, un deuxième développement, très bref (le n° 13), vient souligner le caractère « fondamental et indispensable d’une réflexion sur la justification».
    • Du n° 14 au n° 18, est exposé ce qui est appelé la « compréhension commune de la justification». C’est un fait, nous dit-on, que sur ce point de doctrine capital, il y a « consensus dans les vérités fondamentales ».
    • Cette compréhension commune est ensuite explicitée, puis développée en détail.

     Sept points sont alors successivement abordés, dans le but de manifester comment les deux instances partenaires se situent à propos de chacun d’eux.

    • Le premier prend en compte la position de départ, qui est celle de l’homme devant Dieu : avant de parler d’une justification, on traite de la situation de celui qui est susceptible de la recevoir. Celle-ci est caractérisée comme « I’ incapacité et le péché de la personne humaine face à la justification» (n° 19 à 21).
    • Un deuxième point expose que l’intervention de la justification a pour effet de pardonner le péché et de rendre juste (n° 22-24), avant qu’un troisième point vienne préciser que cet effet est atteint « par la grâce moyennant la foi» (n° 25-27).
    • On continue en détaillant assez longuement ce qui résulte en l’homme de la justification que Dieu lui donne en Christ, à savoir : l’état (ou l’existence) de « pécheur justifié» (n° 28-30).

    Restent trois points pour exposer quelques conséquences de la justification ainsi donnée à l’homme, et qui le met en l’état qui a ensuite été précisé. On nous explique successivement :

    • Comment comprendre le passage, effectivement accompli pour le justifié, du régime de la Loi à celui de l’Evangile (n° 31-33) ;
    • La certitude du salut dans laquelle il est désormais établi (n° 34-36) ;
    • La valeur salvifique réelle des bonnes œuvres qu’il est en mesure d’accomplir une fois justifié (n° 37-39).

     L’ensemble du document se clôt sur un dernier développement, qui consacre les cinq derniers numéros de la Déclaration (n° 40-44) à la signification et à la portée du consensus obtenu.

Un accord largement reçu

 

Déclaration entre luthériens et catholiques à Augsbourg 

 

     La déclaration a été signée à Augsbourg le 31 octobre 1999 [3] par le cardinal Edward Cassidy, représentant de l’Église catholique, et l’évêque Christian Krause, président de la Fédération mondiale luthérienne.

Elle constitue une étape fondamentale dans le rapprochement entre l’Église catholique et les Églises luthériennes.

Déclaration entre méthodistes, catholiques et luthériens à Séoul

 

       Le 18 juillet 2006 la déclaration a été signée [4] par le Conseil méthodiste mondial  en présence du cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, du révérend Ismael Noko, secrétaire général de la Fédération luthérienne mondiale et du pasteur Samuel Kobia, lui-même méthodiste et secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises (COE) et approuvé lors des travaux de la Conférence mondiale des méthodistes le 23 juillet 2006 à Séoul (Corée du sud) [5].

     Le Conseil méthodiste mondial regroupe les Eglises méthodistes de 132 pays rassemblant environ 75 millions de fidèles, selon le site de l’Eglise méthodiste. Il représente un courant du protestantisme né au XVIIIe siècle en Angleterre sous l’impulsion de John Wesley

     Le Conseil méthodiste a également adopté une résolution autorisant la poursuite d’un dialogue débuté en 1966 avec l’Eglise catholique avec pour objectif la pleine communion dans la foi, la mission et la vie sacramentelle.

Déclaration entre la Communion Mondiale d’Eglises Réformées (CMR) et les Eglise Catholiques, Luthériennes et Méthodistes à Wittenberg

 

     Un demi-millénaire après que Martin Luther a affiché ses 95 thèses sur la porte d’une église à Wittenberg, la Communion mondiale d’Églises réformées (CMER) qui constitue l’une des entités les plus importantes du monde protestant (environ 80 millions de fidèles) s’est associée officiellement à la déclaration sur la justification lors d’un culte œcuménique le 5 juillet 2017 à l’église de Wittenberg, avec des responsables des Églises catholiques, luthériennes et méthodistes [6].

 

La Communion Anglicane rejoint la Déclaration Conjointe sur la Doctrine de la Justification

     Le 31 octobre 2017, dernier jour de l’année jubilaire marquant le 500e anniversaire de la Réforme protestante, au cours d’un service spécial à l’abbaye de Westminster, des représentants de la Fédération luthérienne mondiale et de l’Église catholique romaine ont reçu l’affirmation par la Communion anglicane de la Déclaration commune sur la doctrine de la justification.

     Justin Welby  archevêque de Cantorbéry, Primat de la Communion Anglicane, a présenté au secrétaire général de la FLM, le révérend Martin Junge, et au secrétaire du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, l’évêque Brian Farrell, la résolution de 2016 du Conseil consultatif anglican (ACC) « saluant et confirmant le contenu de le JDDJ.

     L’événement s’est déroulé en présence des secrétaires généraux du Conseil Méthodiste Mondial (CMM) et de la Communion mondiale des Églises réformées (CMER ), respectivement le révérend Ivan Abrahams et le révérend Dr Chris Ferguson. [7]

 

[2] Intervention de Mgr Joseph Doré lors de la journée d’étude sur la DCDJ de la Commission doctrinale et de la Commission pour l’unité des Chrétiens :  https://www.portstnicolas.org/pont/l-oecumenisme/enjeux-et-contenu-de-la-declaration-commune-luthero-catholique-sur-la-justification
[3] Pour l’histoire du texte et sa théologie voir : FEDOU Michel. L’accord luthéro-catholique sur la justification dans la NRT 122-1 (2000) p. 37-50 en ligne in : https://www.nrt.be/fr/articles/l-accord-luthero-catholique-sur-la-justification-474
[6] Déclaration méthodiste d’association avec la Déclaration Conjointe sur la Doctrine de la Justification :  https://www.anglicancommunion.org/media/460312/ecumenism_joint-declaration_2019_fr.pdf
[7] Conseil consultatif anglican Résolution 16.17. in : https://www.anglicancommunion.org/media/460312/ecumenism_joint-declaration_2019_fr.pdf p. 43

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nouvelle prieure des Diaconesses de Reuilly

 

Célébration de bénédiction de la nouvelle prieure des Diaconesses de Reuilly

 

 

La Communauté des Diaconesses de Reuilly a appelé Sœur Anne à devenir sa nouvelle prieure. Sœur Mireille lui a transmise sa charge dimanche 28 avril 2024, après 12 années dans ce ministère, lors de la célébration de bénédiction et d’installation présidée par le pasteur Christian Krieger, président de la Fédération protestante de France.

Les Diaconnesses de Reuilly forment une communauté de vie d’inspiration monastique. Elles sont enracinées dans les églises de la Réforme, ouvertes au dialogue œcuménique et à l’accueil de tout être en quête de Dieu. La liturgie et la méditation de la Parole de Dieu structurent leurs vies quotidiennes. L’ouverture au monde imprègne leurs prières.

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Les symboles dans la Bible. Conférence du Père Henri Delavenne

 

 

Lundi 6 Mai 2024 à 20h

Maison Paroissiale Protestante
45 rue de Buffon à Rouen

Les symboles dans la Bible
Un langage oublié

 

Conférence du Père
Henri Delavenne
Docteur en théologie
Délégué diocésain à L’ Œcuménisme (Rouen)

 

Libre participation aux frais

labiblearouen@laposte.net

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Les grands accords œcuméniques du XX° siècle I

 

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XXXIX Les grands accords œcuméniques du XX° siècle

 I

 

La concorde de Leuenberg (1973)

 

Deux « outils » majeurs vont être mis en œuvre: 

Le concept de Promissio:

     « La Parole de Dieu est comprise de façon dynamique comme proclamation de la promesse (promissio) de la présence salvatrice de Dieu et réalisation de l’alliance universelle de Dieu. »[1]. Ce concept est la clef pour comprendre la manière dont les divergences ont été dépassées. On le trouve  dans les discussions sur le baptême (Arnoldshain III-1) et sur la Sainte-Cène (Arnoldshain II-2) [2].

     C’est par l’Ecriture en tant que parole proclamée que Dieu agit en celui qui l’écoute et accueille son salut. Cette proclamation de la parole est auto-communication de Dieu et présence de Jésus-Christ par l’Esprit-Saint. [3]

Le consensus différencié:

     Il comprend les différences doctrinales comme source d’enrichissement mutuel et non plus comme source de séparation (Rencontres de Bad-Schauenburg).

     André Birmelé le définit ainsi [4]: « Le consensus est la relation qui existe entre deux exposés qui ne sont pas séparateurs d’Eglises tout en étant des exposés différents d’une même vérité fondamentale. Il est différencié c’est-à-dire capable d’accepter des différences…/…qui, lorsqu’elles ne remettent plus en question l’affirmation commune, expriment une légitime diversité »

Le texte  [5]

     Les Eglises concernées sont les Églises Luthériennes et Réformées, les Églises Unies qui en sont issues, ainsi que les Églises des Vaudois et des Frères Moraves qui leur sont apparentées qui constatent « une compréhension commune de l’évangile » telle qu’ exposé dans la concorde, qui « leur permet de déclarer entre elles la communion ecclésiale, et de la réaliser » et une même compréhension de l’unité de l’Eglise   (cl 1. et 2.)   qui est la reprise littérale de la Confession d’Augsbourg n°13 « De l’Eglise » [6]: « la condition nécessaire et suffisante de la vraie unité de l’Église est l’accord dans la prédication fidèle de l’Évangile et l’administration fidèle des sacrements. »

I – Le cheminement vers la communion

     Les éléments communs: à l’origine de la Réforme ces Eglises se sont fondées « sur une expérience nouvelle de l’Évangile comme porteur de liberté et de certitude »  en posant l’Evangile comme norme de vie et de doctrine et « la grâce libre et inconditionnelle de Dieu » manifesté en Jésus-Christ. (cl 4) Le texte constate que les évolutions des façons de vivre l’Eglise et l’approfondissement de la théologie permettent une compréhension renouvelée et convergente de la situation ecclésiale. (cl 5.)

II – La compréhension commune de l’Évangile

        1. Le message de la justification

     En tant que message de la libre grâce de Dieu, le message de la justification est réaffirmé par le rappel de la doctrine telle que formulée au XVI° siècle (cl 12.e).  « L’Évangile proclame Jésus Christ, le salut du monde, accomplissement de la promesse faite au peuple de l’ancienne Alliance. Les Réformateurs en ont la juste compréhension dans la doctrine de la justification. »( cl 7.-8.a)

     Cette « juste compréhension » n’est pas doctrinale, mais compréhension de l’action salvatrice de Dieu en Jésus-Christ comme don justifiant à l’homme pécheur moyennant la foi. Cette compréhension s’articule autour de quatre affirmations relevées par Marc Lienhard: [7]

          • Le Christ lui-même est le centre de l’Ecriture (cl 2)
          • Le message de la justification a nécessairement des conséquences éthiques (cl 11)
          • La justification a toujours une dimension eschatologique (cl 9)
          • Elle a une dimension ecclésiologique (cl 10)

Il y a accord sur : « Christ médiateur du salut et fondement unique de toute vie ecclésiale et de tout enseignement. Ce salut est justification du pécheur par la foi seule, il est donné dans la prédication de la Parole et la célébration des sacrements conformément à sa parole » [8]

        1. Prédication, baptême et cène

          (cl 13): « L’Évangile nous est fondamentalement attesté par la parole des apôtres et des prophètes dans les saintes Écritures de l’Ancien et du Nouveau Testaments. L’Église est chargée de transmettre cet Évangile par la parole orale dans la prédication, et par l’exhortation individuelle, par le baptême et la cène » 

a) Baptême (cl 14a): Pour Calvin « le baptême représente particulièrement deux choses : la purification que nous obtenons par le sang de Christ, et la mortification de notre chair que nous avons eue par sa mort »[9]. Pour Luther le Baptême « opère la rémission des péchés, affranchit de la mort et du diable, et donne le salut éternel à tous ceux qui croient… » [10]

     Là encore le terme « promissio » permet de dépasser ces compréhensions différentes de l’union du divin et de l’humain dans le sacrement. « Un lien est établi entre une compréhension causative et une compréhension cognitive du baptême. [11]«  « Par la parole proclamée et le bain d’eau, Dieu promet au baptisé sa filiation et la lui donne. Nous sommes, dans la foi, assurés que Dieu accomplit par le  Saint-Esprit qu’il a promis et que nous implorons, ce qu’il promet. »[12].  Arnoldshain parle de « Parole habillée en acte » (Thèse III 2)

b) Cène (cl 14b): Tous les dialogues ont abordé ce sujet difficile et à l’origine de toutes les controverses entre les réformateurs dès l’origine du mouvement. La solution est trouvée lors des rencontres d’Arnoldshain par une exégèse des textes de l’institution de la Cène que l’on peut résumer ainsi:

            • Dans la Cène Christ lui-même agit. il est présent par sa parole dans l’Esprit-Saint. (II 1)
            • La Cène est une manière choisie par Dieu pour communiquer sa grâce salvatrice (II 2)
            • Cette promesse (promissio) « permet une compréhension dynamique de la parole qui établit un lien étroit entre parole proclamée et éléments de la Cène. Par elle Jésus-Christ s’offre à nous dans son corps et son sang dans le don du pain et du vin» (Explication de la thèse II 2) [13]

III – L’accord face aux condamnations doctrinales de l’époque de la Réforme.

Cène: « Nous ne saurions dissocier la communion avec Jésus Christ en son corps et en son sang de l’acte de manger et de boire. Toute considération du mode de présence du Christ dans la cène qui serait détachée de cet acte risque d’obscurcir le sens de la cène. »( cl 19.)

     En ce sens le mode de présence du Christ dans la Cène est une différence qui reste réelle mais qui n’est plus séparatrice, à partir du moment où la dynamique de la proclamation de la présence du Christ mort et ressuscité pour mon salut et le don de sa grâce justifiante pour moi aujourd’hui, est reconnue et exprimée dans et par « l’acte de manger et de boire » le pain et le vin que Jésus-Christ lui-même a choisi et par lesquels il se donne. (Lyon: explication de la thèse IV) [14]

Christologie: Plus encore pour les questions christologiques la Concorde de Leuenberg propose de dépasser les oppositions en portant l’accent sur l’action de Dieu trinité en faisant des valeurs propres à chaque église des richesses à redécouvrir et à partager (cl 22.)

Prédestination: Elle est prédestination au Salut. Et seulement cela.

Conséquences: Là où il y a accord sur les points précédents « les condamnations contenues dans les confessions de la Réforme à propos de la cène, de la christologie et de la prédestination ne concernent pas la doctrine dans son état actuel. » (cl 27.)

IV – Déclaration et réalisation de la communion ecclésiale

« La communion ecclésiale au sens de la présente Concorde signifie que des Églises de traditions confessionnelles différentes, se fondant sur l’accord auquel elles sont parvenues dans la compréhension de l’Évangile, se déclarent mutuellement en communion quant à la prédication et à l’administration des sacrements et s’efforcent de parvenir à la plus grande unité possible dans le témoignage et le service envers le monde. » (cl 29)

        1. Déclaration de la communion ecclésiale

Les églises signataires de la Concorde  « se déclarent mutuellement en communion quant à la prédication et à l’administration des sacrements. Cela inclut la reconnaissance mutuelle des ordinations et la possibilité de l’intercélébration. » (cl 33.c)

     Sur le plan œcuménique la déclaration de cl 34 est essentielle: « Les Églises participantes ont la conviction qu’elles font partie ensemble de l’unique Église de Jésus Christ ». Dire que les églises signataires font partie ensemble de l’unique Eglise de Jésus-Christ signifie que cette Eglise de Jésus-Christ est plus grande que cet ensemble.

        1. Réalisation de la communion ecclésiale

Par le témoignage et le service ; la poursuite du travail théologique ; la compréhension commune de l’Evangile ; l’étude des questions doctrinales qui persistent.

Chaque église conserve ses dispositions: « la déclaration de communion quant à la prédication et à l’administration des sacrements et la reconnaissance mutuelle des ordinations, ne porte pas atteinte aux dispositions en vigueur dans les Églises concernant l’engagement au ministère pastoral, l’exercice de ce ministère et l’organisation de la vie paroissiale. » (cl 43)

 

Conclusion: développement

     Quatre-vingt-dix-huit églises ont signé la Concorde de Leuenberg depuis 1973 en tant qu’Eglises dites signataires.

     Sept Eglises méthodistes appartiennent à la Communauté des Eglises protestantes en Europe sur la base d’une « Déclaration commune à l’Eglise ».

     Sur cinq Églises luthériennes scandinaves, qui ont participé à la Fraternité de l’Église de Leuenberg depuis 1973 en tant qu’Églises participantes, deux Églises (Danemark et Norvège) ont signé l’Accord de Leuenberg.

     Le cardinal Ratzinger lui-même écrivait en 1981 que « la voie sur laquelle on s’est engagé avec la Concorde de Leuenberg conclue entre Églises luthériennes et réformées devrait trouver un prolongement correspondant entre les Églises de la Réforme et l’Église catholique romaine » Une première application de ce modèle au dialogue avec Rome sera la Déclaration commune à propos de la doctrine de la justification signée en 1999. On parviendra à un consensus différencié à propos de cette conviction centrale sans cependant pouvoir, pour le moment et à la différence des dialogues entre les familles marquées par la Réforme, déboucher sur une déclaration de communion ecclésiale [15]

 

 

[1] 1964-1967: Les rencontres de Bad-Schauenburg sur l’évolution historique des deux traditions : Thèse 1 in : BIRMELE André. Le salut en Jésus-Christ dans les dialogues œcuméniques, Coll. Cogitatio fidei n°141, Le Cerf Paris 1986. ISBN 2-204-02609-3 p. 406
[2] Sur une base exégétique et historique, la présence réelle du Christ est comprise comme liée aux  éléments de la Cène. https://de.wikipedia.org/wiki/Arnoldshainer_Abendmahlsthesen
[3] 1964-1967: Les rencontres de Bad-Schauenburg sur l’évolution historique des deux traditions : Thèse 3 : in BIRMELE André. Le salut en Jésus-Christ dans les dialogues œcuméniques, op. cit. p. 408
[4] BIRMELE André. La communion ecclésiale. Progrès œcuméniques et enjeux théologiques. Coll. Cogitatio fidei n°218, Le Cerf Paris 2000. ISBN 2-204-06435-1 p. 286
[6] BIRMELE André et LIENHARD Marc. La foi des églises Luthériennes. Le Cerf Paris 1991. La Confession d’Augsbourg, art VII, p.46
[7] Cité par BIRMELE André. Le salut en Jésus-Christ dans les dialogues œcuméniques op. cit. p. 413 note 95
[8] BIRMELE André. Le salut en Jésus-Christ dans les dialogues œcuméniques op. cit. p. 414
[9] Jean CALVIN, brève Instruction Chrétienne, 5ème partie « des sacrements »  in:  http://www.servir.caef.net/?p=5562
[10] BIRMELE André et LIENHARD Marc. La foi des églises Luthériennes. op.cit. Le petit catéchisme de Luther p.311
[11] BIRMELE André. Le salut en Jésus-Christ dans les dialogues œcuméniques op. cit. p. 408
[12] Thèse sur le baptême Arnoldshain 1959 Cité par André BIRMELE op. cit. p.408
[13] Cité in BIRMELE André. Le salut en Jésus-Christ dans les dialogues œcuméniques op. cit. p. 410
[14] Cité in BIRMELE André. Le salut en Jésus-Christ dans les dialogues œcuméniques op. cit. p. 410
[15] BIRMELE André. De Luther à Leuenberg. Revue d’histoire et de philosophie religieuses. 2005, tome 85 n° 1, janvier-Mars 2005. La réformation un temps, des hommes, un message. Hommage à Marc Lienhard à l’occasion de son soixante-dixième anniversaire. pp. 137-150. www.persee.fr/doc/rhpr_0035-2403_2005_num_85_1_1122

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Les grandes avancées œcuméniques protestantes du XX° s

 

Les articles sur l’histoire des Eglises resteront disponibles individuellement pendant trois mois
Ils sont ajoutés sur les pages [Histoire de l’Eglise: Eglise et unité] ou [L’Orthodoxie, Eglise des sept Conciles] au fur et à mesure de leur parution

 

 

XXXVIII Les grandes avancées œcuméniques protestantes du XX° s

 

Les organismes mondiaux de communion

 

Conseil œcuménique des Églises

 

 

     Les racines historiques du Conseil œcuménique des Églises [1] se trouvent dans les mouvements étudiants et laïcs du XIXe siècle, dans la conférence missionnaire mondiale d’Edimbourg de 1910 et dans une encyclique de 1920 du Synode (orthodoxe) de Constantinople suggérant une « communauté d’Églises » similaire à celle du Conseil œcuménique des Églises, la Ligue des Nations.

     Les dirigeants représentant plus de 100 Églises ont voté en 1937-38 pour fonder un Conseil œcuménique des Églises, mais son inauguration a été retardée suite au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.
Les organismes qui ont été incorporés au Conseil au fil des décennies comprennent les commissions internationales «Foi et Constitution[2] » (théologie, sacrements, ordonnances) et « Christianisme pratique» (ministères sociaux, affaires internationales, services de secours), le « Conseil missionnaire international » (IMC), ainsi qu’un conseil issu du mouvement des écoles du dimanche du XIXe siècle.

 

     Deux projets pionniers du COE ont été lancés en coopération avec le CIM en 1946 : la Commission des Églises pour les affaires internationales (CCIA) et l’Institut œcuménique de Bossey, en Suisse.
Aujourd’hui, l’Institut œcuménique propose des diplômes de maîtrise et de doctorat en études œcuméniques par l’intermédiaire de la faculté de théologie de l’Université de Genève.

     Lorsque le COE a vu le jour lors de la première Assemblée en 1948, il comptait 147 Eglises membres. Fin 2013, le nombre de membres s’élevait à 345 églises. Le Concile Vatican II a grandement amélioré les relations entre le COE et l’ Eglise Catholiques Romaine qui, si elle n’est pas membre du COE est membre de « Foi et Constitution » depuis 1968.

     Le Programme de lutte contre le racisme suscita mainte controverse, mais contribua à mettre fin à l’apartheid en Afrique australe. Le document intitulé Baptême, eucharistie, ministère [3] (1982), qui constitue un jalon notable, permit de parvenir à un certain consensus entre les Eglises dans leur recherche de l’unité pleine et entière.

     Le Pasteur Jerry Pillay est depuis 2023 secrétaire général du COE. Membre de l’Église presbytérienne unifiante d’Afrique australe, il vient d’Afrique du Sud et était doyen de la Faculté de Théologie et de Religion à l’Université de Pretoria.

  

 

Communion Mondiale d’Eglises Réformées (CMER)

      L’Alliance des Églises réformées dans le monde ayant adopté le système presbytérien » a été créée à Londres en 1875 et regroupait alors 21 églises presbytériennes d’Europe et d’Amérique du Nord. Le Conseil congrégationnel international a également été fondé à Londres en 1891.

     En 1970, à Nairobi, au Kenya, ces deux organisations (congrégationnelle et presbytérienne) ont fusionné pour former l’Alliance mondiale d’Églises réformées (CMER) avec 114 Églises membres dans 70 pays sur tous les continents.

     Parallèlement, le Conseil œcuménique réformé (REC) a été créé en 1946. Il regroupait t des Églises qui n’avaient aucun autre lien œcuménique au niveau international et qui s’étaient engagées à se soutenir mutuellement dans une unité confessionnelle réformée. Le Conseil œcuménique réformé comptait 41 Églises et 12 millions d’adhérents dans 26 pays, dont la majorité en Afrique et en Asie.

     En 2010, à Grand Rapids, au Michigan (USA), l’Alliance réformée mondiale et le Conseil œcuménique réformé ont fusionné pour former la Communion mondiale d’Églises réformées [4].

     Appelée à la communion et engagée pour la justice, la CMER favorise l’unité de l’église et coordonne les initiatives en faveur de la mission, de la réflexion et de la formation théologique, du renouveau de l’église, de la justice et du dialogue.

 

Fédération Luthérienne Mondiale

 

     La Fédération Luthérienne Mondiale a été créée en 1947 en tant que Fédération des Églises luthériennes. Fondée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, à une époque où les Églises luthériennes aspiraient à une plus grande fraternité et solidarité entre elles [5] repose sur quatre piliers :

    1. Sauver les nécessiteux
    2. Initiatives communes en mission
    3. Efforts conjoints en théologie
    4. Une réponse commune au défi œcuménique.

Elle est actuellement présidée par Le pasteur Musa Panti Filibus, archevêque de l’Église luthérienne du Christ au Nigéria (LCCN)

 

Alliance évangélique mondiale (AEM)

     L’Alliance évangélique mondiale est une organisation mondiale  interdénominationnelle d’églises chrétiennes évangéliques et protestantes fondée en 1846 à Londres, en Angleterre.
Elle regroupe 143 alliances nationales d’Églises, 104 associations membres et 6 commissions.
C’est la plus importante organisation internationale d’Églises évangéliques et protestantes. Elle a son siège à Deerfield (Illinois), aux États-Unis. Cette organisation ne regroupe qu’une partie des églises chrétiennes évangéliques.

Son secrétaire général est le théologien allemand Thomas Schirrmacher.

 

Les organismes européens de communion

Conférence des Eglises Européennes

    La Conférence des Églises européennes[6] est née de l’Europe fragmentée et divisée des années 1940 et 1950. Après la Seconde Guerre mondiale, l’Europe a réellement eu besoin de surmonter les divisions politiques et d’œuvrer à la guérison et à la paix.

     À cette époque, un petit groupe de dirigeants d’Églises d’Europe de l’Est et de l’Ouest commença à considérer la possibilité de rassembler les Églises de pays européens séparés par des systèmes politiques, économiques et sociaux différents.

     Les premières réunions préparatoires ont eu lieu en 1953 et 1957 et, en 1959, les représentants de plus de 40 Églises se sont réunis à Nyborg (Danemark) pour la première assemblée officielle de la Conférence des Églises européennes .

     Aujourd’hui, la KEK est une association de 114 églises orthodoxes, protestantes et anglicanes de tous les pays d’Europe. Un réseau de conseils nationaux d’Églises nous maintient en contact avec les préoccupations nationales et régionales et les organisations en partenariat développent notre expertise dans un certain nombre de domaines, notamment la théologie publique, la paix et la réconciliation et les droits de l’homme, avec une forte participation des femmes et des jeunes dans les Églises.

 

Communion des Eglises Protestantes en Europe (CEPE)

       Elle rassemble les Eglises signataires de la concorde de Leuenberg [7] (majoritairement en Europe, et majoritairement luthéro-réformées).   (Je reviendrai plus en détail dans un prochain article sur cet accord fondamental)

     Le texte de la concorde de Leuenberg est bref. Une formulation consensuelle aboutit au constat que les condamnations ne concernent plus l’autre tradition dans l’état actuel de sa doctrine.
     La déclaration de la communion et la reconnaissance mutuelle que l’autre famille est une expression authentique de l’unique Église du Christ. Cette reconnaissance inclut la communion de chaire et d’autel.

     La concorde de Leuenberg permet de dépasser les anathèmes hérités de l’histoire qui interdisaient pareille reconnaissance mutuelle. La reconnaissance des ministères est la conséquence de la communion dans la Parole et les Sacrements, condition nécessaire et suffisante de la vraie unité de l’Église.

Portée œcuménique

     La compréhension de l’unité ainsi que la méthode de la concorde de Leuenberg ont conduit à des démarches analogues aux États-Unis et au Proche-Orient.
     Les Églises méthodistes européennes ont par une déclaration complémentaire rejoint les Églises signataires de la concorde de Leuenberg en 1997, et formé avec ces dernières la CEPE en 2003.
     Dans divers pays européens la communion anglicane a mené des dialogues qui ont conduit à des affirmations et des déclarations de communion avec les Églises de la CEPE.
        • L’affirmation commune de Meissen en Allemagne (1987);
        • anglicans et Églises scandinaves (1993)
        • les accords de Reuilly[9](anglicans et Églises luthériennes et réformés françaises en 2001) ont conduit à une reconnaissance mutuelle et à des échanges de ministres, même si l’exercice commun de l’épiscopat n’est pas encore partout possible.

 

Les structures nationales de communion

 

Résultant de la concorde de Leuenberg

          En France , le résultat de la concorde de Leuenberg conduit à la création en 2006, de l’ Union des Eglises Protestantes d’Alsace et de Lorraine (UEPAL) constituée par les Églises luthérienne (EPCAAL) et réformée (EPRAL) d’Alsace et de Lorraine. (Eglises françaises concordataires).
Chacune des Églises a ainsi rassemblé ses pasteurs dans un corps pastoral unique et a délégué à l’Union une grande partie de ses compétences pour conduire des actions communes.

    De même l’ Eglise Protestante Unie de France -Communion luthéro-réformée est née de l’union de l’Église évangélique luthérienne de France (EELF) et de l’Église réformée de France (ERF)  en 2012, suite aux synodes conjoints de Belfort.

 

Fédération Protestante de France (FPF)

 

     La Fédération protestante de France [10] est créée le 25 octobre 1905. C’est une association à but non lucratif loi de 1901, religieuse mais non cultuelle, qui a pour but de représenter et de rassembler les différentes Églises et associations protestantes de France.

    •      Une trentaine d’union d’Églises issues de toutes les sensibilités du protestantisme (réformée, luthérienne, évangélique, pentecôtiste, adventiste), soit plus de 1 400 paroisses avec 1 600 pasteur(e)s
    • plus de 80 Associations, regroupant 500 Institutions, Œuvres et Mouvements agissant dans divers secteurs (médico-social, d’accueil, de la jeunesse, culturel, etc.).

     La FPF favorise le partage et le débat en son sein, pour fortifier le lien qui unit ses membres : les Églises, les communautés, les institutions, les œuvres et les mouvements.
Elle est présente dans la société par la réflexion et le travail de ses commissions : Écologie et justice climatique, Éthique et société, Droit et liberté religieuse, Jeunesse, Relations avec l’islam, Relations avec le judaïsme, Conseil scolaire, et de ses quatre aumôneries* : aux Armées françaises, aux Prisons, aux Établissements sanitaires et médico-sociaux et aux Aéroports.

La Fédération est présidée par le pasteur Christian Krieger depuis le 1er juillet 2022.

 

Le Conseil national des évangéliques de France (CNEF)

 

     Le Conseil national des évangéliques de France [11] est une alliance évangélique nationale affiliée à l’Alliance évangélique mondiale et l’Alliance évangélique européenne.

     Le 15 juin 2010, se tient la première assemblée générale avec 200 délégués, durant laquelle les textes statuaires sont adoptés, créant officiellement le CNEF

Le CNEF regroupe 33 confessions chrétiennes évangéliques et 172 œuvres en France. L’organisation estime représenter 70% des 2 689 églises évangéliques et de ses 745 000 pratiquants.

Son président est le pasteur baptiste Erwan Cloarec depuis le 7 juin 2022.

 

 

[3] Texte : http://www.catho.org/9.php?d=3t ; Analyse : MEHL Roger. Chronique Œcuménique. Baptême, eucharistie, ministère. In: Revue d’histoire et de philosophie religieuses, 63e année n°4, Octobre-décembre 1983. pp. 447-453. www.persee.fr/doc/rhpr_0035-2403_1983_num_63_4_4734
[7] La Concorde de Leuenberg (CL) est la charte fondamentale qui établit et réalise l’unité de l’Église entre les traditions de la Réforme en Europe. Ce document déclarant la communion ecclésiale entre les Églises luthériennes,  réformées,  unies,  vaudoises et les frères moraves a été finalisé en 1973 au centre de séminaire de Leuenberg, à proximité de Bâle (Suisse). C’ est ce texte qui a conduit après 1997 et la signature des Églises méthodistes européennes à la Communion d’Églises protestantes en Europe (CEPE).

 

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Paul VI, après Vatican II

 

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XXXVII Paul VI, après Vatican II

 

Quand le 8 décembre 1965 le pape clôt le concile Vatican II, des questions restent en suspens qui ont été écartées de l’agenda conciliaire par Paul VI, qui les considérait de sa seule autorité : la réforme de la curie et le mécanisme destiné à donner une place centrale à la collégialité, le célibat des prêtres, le refus de laisser le concile débattre de la contraception et du contrôle des naissances. Par ailleurs, les vœux pour le concile exprimés par l’Athénée pontificale salésienne, proposant l’excommunication latæ sententiæ (i.e. automatique) des agresseurs sexuels, clercs ou religieux, ont été écartés lors des débats préparatoires sur deux arguments : laisser les évêques en juger et éviter un scandale préjudiciable à l’Église et au célibat ecclésiastique [1].

 

Des encycliques qui vont marquer l’époque 

 

L’encyclique Ecclesiam suam

 

     Publiée pendant le concile [2] Ecclesiam Suam est connue sous le nom de «l’encyclique du dialogue». Paul VI veut réfléchir sur l’Église, proposer sa réflexion, et il le fait dans un contexte où le Concile œcuménique se questionne sur les mêmes thèmes.

     « Il y a presque un jeu de miroirs entre le discours du 29 septembre 1963, lorsque Paul VI inaugura la deuxième partie du Concile – et la première qu’il préside – et l’encyclique qui développe précisément les thèmes qu’il avait déjà esquissés.

En effet, le dialogue a un rôle central, même si ce n’est pas le seul thème développé dans le document. Mais ce caractère central est également confirmé par une série de notes de Paul VI, intitulées « Notes pour une encyclique sur le dialogue. 

      Pour comprendre la nature du dialogue comme Paul VI l’a voulu, il faut partir de ce que l’on pourrait définir comme sa dimension verticale: car le dialogue de Paul VI est avant tout le “colloquium salutis”, le colloque du salut, que Dieu lui-même commence par la Parole qui interpelle l’humanité, la Parole de sa révélation, la Parole par laquelle il dirige et sauve son peuple. Et c’est précisément parce que Dieu a commencé ce dialogue que Paul VI affirme que la mission de l’Église est d’introduire dans la conversation humaine cette Parole que Dieu lui a confiée, que les croyants doivent d’abord écouter et qu’ils doivent introduire dans le circuit de la conversation et du dialogue entre les êtres humains.

     Paul VI décline également une vision des cercles concentriques, dans lesquels ce dialogue doit se développer. C’est un dialogue qui se développe d’abord avec les chrétiens, d’où l’empreinte et l’importance du thème œcuménique pour Vatican II, que tout son pontificat exprime. Un dialogue qui se manifeste ensuite avec toutes les autres religions et enfin avec toute l’humanité. Nous pouvons dire que Paul VI nous a invités à partager cette confrontation et cet effort, d’une part pour répondre à la Vérité que Dieu a manifestée, d’autre part pour coopérer au bien de l’humanité. [3] »

L’encyclique Populorum progressio

 

     Populorum progressio [4] sur le développement des peuples, publiée le 26 mars 1967, a eu un grand retentissement dans le monde, même dans les milieux non chrétiens.

     Paul VI dénonce le déséquilibre croissant des niveaux de vie entre les peuples ; la misère imméritée des paysans, le scandale des disparités criantes, non seulement dans la jouissance des biens, mais plus encore dans l’exercice du pouvoir ; le heurt entre les civilisations traditionnelles et les nouveautés de la civilisation industrielle

     Dès les premières lignes de l’encyclique, Il souligne la gravité du problème du développement et l’urgence pour le résoudre d’une action solidaire. Il proclame : « La question sociale est devenue mondiale. Les peuples de la faim interpellent aujourd’hui les peuples de l’opulence. L’Eglise tressaille devant ce cri d’angoisse et appelle chacun à répondre avec amour à l’appel de son frère. » On trouve déjà le thème du développement intégral de l’Homme et du développement solidaire de l’humanité qui annonce le thème de l’écologie intégrale si cher au pape François [5]

Lettre apostolique Octogésima adveniens

 

     Parue le 14 mai 1971, adressée à monsieur le cardinal Maurice Roy, président du conseil des laïcs et de la commission pontificale « justice et paix » à l’occasion du 80e anniversaire de l’encyclique rerum novarum. [6]

     Cette lettre manifeste une évolution de la pensée du magistère. C’est en effet la première fois qu’un document du magistère aborde le thème des effets de l’activité humaine sur l’environnement :

     « Tandis que l’horizon de l’homme se modifie ainsi à partir des images qu’on choisit pour lui, une autre transformation se fait sentir, conséquence aussi dramatique qu’inattendue de l’activité humaine. Brusquement l’homme en prend conscience : par une exploitation inconsidérée de la nature, il risque de la détruire et d’être à son tour la victime de cette dégradation. Non seulement l’environnement matériel devient une menace permanente : pollutions et déchets, nouvelles maladies, pouvoir destructeur absolu ; mais c’est le cadre humain que l’homme ne maîtrise plus, créant ainsi pour demain un environnement qui pourra lui être intolérable. Problème social d’envergure qui regarde la famille humaine tout entière » (21)

          La lettre présente également une inflexion de la pensée sur le progrès, dont l’ambiguïté est soulignée beaucoup plus fortement que dans les textes précédents du magistère : « Un doute aujourd’hui se lève pourtant sur sa valeur et sur sa réussite. Que signifie cette quête inexorable d’un progrès qui fuit chaque fois qu’on croit l’avoir conquis ? Non maîtrisé, le progrès laisse insatisfait. Sans doute a-t-on dénoncé, à juste titre, les limites et même les méfaits d’une croissance économique purement quantitative et souhaite-ton atteindre aussi des objectifs d’ordre qualitatif. La qualité et la vérité des rapports humains, le degré de participation et de responsabilité sont non moins significatifs et importants pour le devenir de la société que la quantité et la variété des biens produits et consommés. Surmontant la tentation de vouloir tout mesurer en termes d’efficacité et d’échanges, en rapports de forces et d’intérêts, l’homme désire aujourd’hui substituer de plus en plus à ces critères quantitatifs l’intensité de la communication, la diffusion des savoirs et des cultures, le service réciproque, la concertation pour une tâche commune.
Le vrai progrès n’est-il pas dans le développement de la conscience morale qui conduira l’homme à prendre en charge des solidarités élargies et de s’ouvrir librement aux autres et à Dieu » ( 41).

   Et un appel pressent à l’action: « Que chacun s’examine pour voir ce qu’il a fait jusqu’ici et ce qu’il devrait faire. Il ne suffit pas de rappeler des principes, d’affirmer des intentions, de souligner des injustices criantes et de proférer des dénonciations prophétiques : ces paroles n’auront de poids réel que si elles s’accompagnent pour chacun d’une prise de conscience plus vive de sa propre responsabilité et d’une action effective. Il est trop facile de rejeter sur les autres la responsabilité des injustices, si on ne perçoit pas en même temps comment on y participe soi-même et comment la conversion personnelle est d’abord nécessaire. » (48)

 

Des encycliques controversées

 

Encyclique sacerdotalis célibatus (1967)

 

     On pourrait traduire le propos de cette encyclique [7] par « circulez rien de nouveau à dire » comme si le  problème était le célibat des prêtres en soi. Or ce qui pose problème c’est l’obligation du célibat pour les clercs.

Des réactions

     Le 25 janvier 1970, dans le cadre du Concile pastoral de la province ecclésiastique des Pays-Bas [8], les évêques néerlandais se prononcent en faveur de l’ordination d’hommes mariés en termes très mesurés : « Les évêques estiment que, pour leur communauté, il serait bon qu’à côté de prêtres vivant dans le célibat choisi en toute liberté, on puisse admettre dans l’Église latine des prêtres mariés, en ce sens que des hommes mariés pourraient être ordonnés prêtres, et qu’en des cas particuliers, des prêtres qui se sont mariés puissent être réintégrés dans le ministère, sous certaines conditions [9] ».

Synode sur le ministère sacerdotal

     Après avoir exprimé « de graves réserves » dans une lettre du 2 février 1970 au cardinal Villot, secrétaire d’Etat, Paul VI décide de réunir, fin 1971, un synode des évêques sur ce thème.

     107 pères optent pour une formule extrêmement restrictive, 87 adoptent une position proche de la réforme envisagée et il y a 2 abstentions et 2 bulletins nuls. La réforme n’est pas adoptée.

     Pour Louis de Vaucelles [10], la procédure est responsable de cet échec : les dossiers préparés par les conférences épiscopales ont été sous-utilisés, il n’y a pas eu de débats, les échanges se réduisant à une série de monologues, et la présidence (trois présidents nommés par le pape) a éludé des questions de manière arbitraire. Ces difficultés ont été accrues par la diversité des mentalités et des situations pastorales.

Encyclique humanae vitae (1968)

 

      le 25 juillet 1968 Paul VI promulgue l’encyclique humanae vitae [11]. Dans cette encyclique, le Magistère rappelle que la doctrine de l’Église sur le mariage est fondée « le lien indissoluble, que Dieu a voulu et que l’homme ne peut rompre de son initiative, entre les deux significations de l’acte conjugal: union et procréation. (12)» tout en reconnaissant la possibilité de différer une naissance (Paternité responsable (10)) au moyen de « méthodes naturelles »

Les prises de position de Paul VI viennent en contradiction [12] avec les travaux de la commission pontificale pour l’étude de la population, de la famille et de la natalité. Créée en 1963 par Jean XXIII

Réactions

      Il y a des vieux reflexes conservateurs dont il faut savoir se défaire. Ainsi même s’il est reconnu officiellement qu’une encyclique n’est pas un document infaillible, d’aucuns exigeraient qu’on se comporte comme s’il l’était.  Comme l’écrit Henri de Lubac dans Paradoxes  : « Il n’y a de « paroles d’évangile » que les paroles de l’Evangile. Les paroles des encycliques sont paroles d’encycliques : chose assurément très digne, très importantes, mais autre chose. »  Et surtout  il y a une certaine schizophrénie à voir tous ces célibataire, théoriquement sans relations conjugales, venir dire aux couples ce qu’ils doivent être et faire dans leur relations de couple.

     L’Eglise catholique n’a manifestement pas perçu qu’elle ne pouvait plus s’adresser à des adultes comme à un « troupeau » fidèle. Humanae vitae apparue à l’automne 1968 est l’exacte erreur d’un pape déconnecté des réalités vécues par les « chrétiens de base » si chers à cette époque.

     De nombreuses conférences épiscopales vont émettre des « grilles de compréhension » bien nécessaires. Ainsi en est-il de de la Conférence des Evêques de France [13]

     Dans ses mémoires, le cardinal français Roger Etchegaray a parlé de « schisme silencieux [qui a] fragilisé l’autorité [papale] ». Le théologien Yves Congar, adressant en 1968 un courrier au secrétariat de l’épiscopat français, déclara : « je n’arrive pas vraiment à juger que des époux, qui ont exercé ou exercent une paternité raisonnable et généreuse, contreviennent à la volonté de Dieu si, pour espacer ou éviter une nouvelle naissance (intention qu’ Humanæ Vitæ reconnaît légitime), ils usent d’un moyen artificiel plus sûr que l’abstinence périodique »

 

Le renouveau charismatique

 

      Paul VI encouragea le renouveau charismatique catholique, qu’il considérait comme une chance pour l’Église et pour le monde.

     Il déclara lors de son discours au IIIe congrès international du renouveau charismatique catholique, le 19 mai 1975 : « Comment alors ce « renouveau spirituel » ne pourrait-il pas être une « chance » pour l’Église et pour le monde ? Et comment, en ce cas, ne pas prendre tous les moyens pour qu’il la demeure ?
Ces moyens, chers fils et chères filles, le Saint-Esprit voudra bien vous les indiquer, selon la sagesse de ceux qu’il a lui-même «établis gardiens pour paître l’Église de Dieu» ( Act . 20, 28). Car c’est le Saint-Esprit qui a inspiré à saint Paul certaines directives très précises, que Nous nous contenterons de vous rappeler. Y être fidèles sera pour vous la meilleure des garanties pour l’avenir.
Vous savez le grand cas que l’Apôtre faisait des «dons spirituels»: «N’éteignez pas l’Esprit», écrivant-il aux Thessaloniciens ( 1 Thess . 5, 19), tout en ajoutant immédiatement: «Vérifiez tout, retenez ce qui est bon» ( Ibid . 5, 21).[14]».

 

Dialogues

 

 

Dialogues œcuméniques

    • Depuis le 7 décembre 1965 avec l’abrogation simultanée des excommunications de 1054 par un bref du pape Paul VI au Vatican et un tomos(décret) du patriarche de Constantinople,  Athénagoras Ier, à İstanbul. Ce dialogue est mené, pour l’Église orthodoxe, d’une manière unifiée (au sein de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique romaine et l’Église orthodoxe) depuis 1980, ou au niveau de chacune des Églises orthodoxes locales.[15]
    • Entre la Fédération Luthérienne Mondiale et l’Église Catholique au sein de la Commission internationale catholique-luthérienne créée en 1967 [16]
    • Entre la commission internationale anglicane-catholique romaine(ARCIC) établie en 1967 [17]
    • Dans la commission mixte internationale catholique-méthodiste international depuis 1967
 

Dialogue interreligieux

     Le dialogue avec les religions non chrétiennes, en particulier le judaïsme, se développe pendant le pontificat de Paul VI, sous l’impulsion de la déclaration Nostra Ætate.

En dehors du monde chrétien, le pape rencontre en 1971 Kalou Rinpoché lors de son premier voyage en Occident. Le 30 septembre 1973, Paul VI reçoit en audience le 14e dalaï-lama, Tenzin Gyatso au Vatican. Le 17 janvier 1975, il reçoit en audience le 16e karmapa, Rangjung Rigpe Dorje. En 1974, il rencontre les oulémas d’Arabie

 

Il est le premier Pape à voyager hors de Rome.

     Après l’ONU en 1965, ils se rend en pèlerinage à Fatima (Portugal) en 1967 ; en Turquie la même année ou il rencontre le Patriarche Athénagoras (qui sera reçu à Rome trois mois plus tard) ; à Bogota (Colombie) en 1968 ; à Genève (Suisse) ou il se prend la parole devant l’ Organisation Internationale du Travail et le Conseil œcuménique des Églises ; en Sardaigne (Cagliari) en 1969.

Il est également le premier pape accueilli en Afrique, en Ouganda en 1969.

Lors d’un pèlerinage en Asie orientale, Océanie et Australie (du 26 novembre au 5 décembre 1970). Paul VI  effectue une série de visites pastorales en Asie orientale et Océanie.

Le 27 novembre 1970, à son arrivée à l’aéroport international de Manille, Paul VI réchappe d’une tentative d’assassinat. Déguisé en prêtre, crucifix en main, Mendoza parvient à approcher le pape avant de le frapper de deux coups de poignard dans le cou, portés de part et d’autre de la veine jugulaire. Le col rigide que porte le pape pour le soulager de l’arthrose cervicale contribue à la légèreté des blessures dont l’existence n’est toutefois révélée qu’après sa mort en 1978. Paul VI termine sa visite officielle selon le programme prévu.

 

Décès et funérailles.

     Victime d’une crise cardiaque en fin d’après-midi le 6 août 1978, Paul VI meurt dans sa résidence d’été de Castel Gandolfo après quinze ans de pontificat, à l’âge de 80 ans. Il est inhumé le 12 août 1978 et enterré, selon ses souhaits, dans les grottes du Vatican

     

Le 11 mai 1993 a été lancée dans le diocèse de Rome la cause de canonisation. Benoît XVI a déclaré « l’héroïcité de ses vertus » le 20 décembre 2012. Le 9 mai 2014, le Pape François a autorisé la Congrégation pour les causes des saints à promulguer le décret concernant le miracle attribué à son intercession. François l’a « élevé à l’honneur des autels » (déclaré saint) le 19 octobre 2014.[18]

 

 

[5] Le dicastère pour le service du développement humain intégral est créé par le pape François en 2016 en remplacement des conseils pontificaux « Justice et Paix », « Cor Unum », « pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement » et « pour la pastorale des services de la santé ».
[8] Le Concile pastoral de la province ecclésiastique des Pays-Bas avait une composition très innovante pour l’époque (1970) proche du Chemin Synodal Allemand ( https://riposte-catholique.fr/archives/172863#) avec (hélas) aussi peu de succès auprès du pape et de la curie romaine !
[9] BRACHIN Pierre. Paul VI et l’Église des Pays-Bas. In: Paul VI et la modernité dans l’Église. Actes du colloque de Rome (2-4 juin 1983) Rome : École Française de Rome, 1984. pp. 765-784. (Publications de l’École française de Rome, 72) p 772 www.persee.fr/doc/efr_0000-0000_1984_act_72_1_2439
[10] de VAUCELLES Louis, « Journal du synode », Études,‎ décembre 1971, pp.753-763 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k441866v/f128.item
[12] En 1966, les théologiens de la commission déclarent par 15 voix contre 4 que la contraception artificielle n’est pas intrinsèquement mauvaise et, les 24 et 25 juin 1966, approuvent par 9 voix contre 5 un texte final disant qu’« il leur appartient [aux époux] d’en décider ensemble, sans se laisser aller à l’arbitraire, mais en ayant toujours à l’esprit et à la conscience des critères objectifs de moralité  » où l’éloge de la continence périodique est supprimé. Voir ROUCHE Michel. La préparation de l’encyclique « Humanae vitae ». La commission sur la population, la famille et la natalité. In: Paul VI et la modernité dans l’Église. Actes du colloque de Rome (2-4 juin 1983) Rome : École Française de Rome, 1984. pp. 361-384. (Publications de l’École française de Rome, 72). www.persee.fr/doc/efr_0000-0000_1984_act_72_1_2419
[14] Discours du pape Paul VI aux participants au IIIème congrès international du renouveau charismatique catholique :  https://www.vatican.va/content/paul-vi/fr/speeches/1975/documents/hf_p-vi_spe_19750519_rinnovamento-carismatico.html

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Le concile Vatican II_Bilan

 

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XXXVI Le concile Vatican II_Bilan

 

 

     Quand le 11 octobre 1962 Jean XXIII ouvre le concile Vatican II, cela fait quatre siècles que le concile de trente à été clôturé et presque un siècle que le précédent a été suspendu « sine die » pour cause de guerre, et certains voient déjà Vatican II comme l’achèvement de Vatican I.
     Le fait que la constitution dogmatique, Pastor Æternus de Vatican I, qui devait être un traité complet sur l’Église du Christ, soit restée inachevée et que seule la dernière partie sur le rôle de la papauté dans l’Eglise et son dernier chapitre sur l’infaillibilité pontificale sont votés et promulgués en juillet 1870 par le pape Pie IX en l’absence d’un texte complet, a donné une place et une importance disproportionnée à la question de l’infaillibilité pontificale.

 

Quand Jean XXIII convoque un concile qu’il veut « Pastoral » cela suscite des réaction positive chez les uns, négatives chez les autres, sans que personne ne sache vraiment ce que le pape à dans la tête. Et il n’est pas sûr que Jean lui-même en ait une idée claire. Mais ce qu’il veut pour l’Eglise c’est une « mise à jour » un aggiornamento. Aujourd’hui avec l’informatique on sait tous ce que cela représente. Mais en 1962…

 

Le résultat

     « Les grandes orientations conciliaires n’ont pas surgi inopinément d’un vide intellectuel : elles plongent des racines profondes dans le mouvement des esprits depuis deux ou trois décennies en divers pays.
     Ce mouvement a des sources, des foyers privilégiés dont il conviendrait de dresser la carte : des écoles de théologie, des Universités prestigieuses, telle Louvain, des publications, des ordres ont concouru au renouvellement des perspectives.
     La réunion du Concile a soudain ménagé à tous ces mouvements épars un point de convergence, elle leur a offert une caisse de résonance et une possibilité de se traduire en des textes à l’échelle de l’Église universelle. Le même phénomène a joué pour les attentes confuses, les aspirations implicites du peuple chrétien à travers le globe. »[1]

 

Si l’on se rappelle l’insistance de Paul VI sur l’Église qui n’est pas à elle-même sa propre fin, car elle est tout entière du Christ et tout entière des hommes, il semble pertinent d’ordonner les textes du Concile en fonction de cette double relation ad intra et ad extra, la constitution Lumen gentium sur l’Eglise étant au centre de la pensée conciliaire.

  • La relation avec Dieu et le Seigneur est manifeste avec la constitution Dei verbum sur la Révélation dont le Christ est « le médiateur et la plénitude », et celle sur la liturgie Sacrosanctum concilium qui met « Dieu à la première place.
  • La relation avec les hommes et le monde est explicitée par la constitution pastorale Gaudium et spes, les déclarations sur la liberté religieuse dans Dignitatis humanae, les relations de l’Église avec les religions non chrétiennes dans Nostra aetate
  • Le décret sur l’œcuménisme Unitatis redintegratio promeut le dialogue avec les autres chrétiens, dont les relations avec l’Église catholique sont explicitées au chapitre II de Lumen gentium.
  • Tous les autres décrets sont une application de tel ou tel chapitre de cette constitution dogmatique, qui est vraiment au cœur de l’œuvre du Concile : sept décrets traitent respectivement de la charge pastorale des évêques, du ministère et de la vie des prêtres, de leur formation, de l’apostolat des laïcs, de la rénovation et de l’adaptation de la vie religieuse, des Églises catholiques orientales, de l’activité missionnaire de l’Église.
  • L’éducation chrétienne fait l’objet d’une déclaration.

(Pour plus de détail, voir la relecture de Cl. Bressolette [2])

Les textes

 

 

     Les Pères conciliaires ont massivement approuvé ces textes. Et d’abord les quatre « piliers » que sont les constitutions conciliaires :

    • Constitution sur la sainte liturgie « Sacrosanctum concilium » par 2147 contre 4 soit 98,8%.  (C’est cette constitution qui est débattue et votée la première et c’est un bon test pour les Pères. Puisqu’il s’agit d’aggiornamento, ils vont pouvoir se compter sur ce sujet emblématique entre ceux tenant du statut quo qui forment le courant « conservateur », et un courant « progressiste » qui veut faire évoluer les choses.)
    • Constitution dogmatique sur l’Eglise « lumen gentium» par 2151 contre 5, soit 99,8%.
    • Constitution dogmatique sur la révélation divine « Dei verbum » par 2344 contre 6, soit 99,7%.
    • Constitution pastorale sur l’Eglise dans le monde de ce temps « Gaudium et spes » par 2039 contre 75 soit 85,3%.
     Sont tout aussi massivement approuvés les décrets sur l’œcuménisme (99,5%) ; sur la liberté religieuse (96,7%) ; sur les relations avec les religions non chrétiennes (96,1%) ; sur la charge pastorale des évêques (99,9%) ; sur le ministère et la vie des prêtres (99,9%) ; sur la formation des prêtres (99,9%) ; sur l’activité missionnaire de l’Eglise (99,9%) ; sur l’apostolat des laïcs (99,9%) ; sur les Eglises orientales (99,3%); sur l’éducation chrétienne (98,5%) ; sur les moyens de communication sociale (92,3%).
     Un tel niveau d’approbation quasiment soviétique peut interroger. Les comptes-rendus des débats, rencontres, commissions etc… montrent que tout a été fait pour que l’approche de l’unanimité soit la plus grande possible. Ce n’est pas sans inconvénients pour certains textes qui manquent parfois de cohérence ou de vigueur.
     L’attitude des papes à été aussi très différente. Jean XXIII à lancé la machine et à fait confiance à l’Esprit-Saint pour qu’a travers les hommes avec leurs grandeurs et leurs petitesses il renouvelle son Eglise. Paul VI a été beaucoup plus interventionniste et sensible aux pression.

 

Les réactions

 

     Quand on ouvre grand les fenêtres d’une maison fermée depuis longtemps, beaucoup respirent mieux, quelques-uns toussent, d’autres s’enrhument…

     Le cardinal Alfredo Ottaviani à toussé très fort.  Mais sa réaction a, en fin de compte, été admirable. Dans un entretient accordé au Corriere della Sera ? il dit au sujet du concile « Durant soixante seize ans, j’ai été le gardien du dépôt de la foi, le vieux carabinier en sentinelle. Mais si c’est l’Eglise elle-même qui réexamine, réapprofondit les thèmes, parle un autre langage au service d’une autre manière d’être, Dieu me donnera la grâce d’être aussi fidèle aujourd’hui qu’hier. Je sers l’Eglise aveuglément, en aveugle que je suis [3]»

 

      Monseigneur Marcel Lefebvre, évêque et supérieur général des missionnaires spiritains lui se grippe tout à fait. Durant le concile il est membre du groupe d’évêques les plus intégristes: le Cœtus Internationalis Patrum[4]. Il critique notamment les textes proposés à l’assemblée des évêques sur la liberté religieuse, les jugeant non conformes à la Tradition de l’Église, il a notamment voté contre la déclaration Dignitatis Humanæ sur la liberté religieuse, il signe avec deux autres évêques une circulaire du Coetus demandant le maintien dans la doctrine de l’Église de la « responsabilité collective » des juifs dans la mort du Christ, et de la « réprobation et malédiction de la religion judaïque »[5].

     Le concile terminé, est abordé la question de l’« aggiornamento » au sein de la congrégation des spiritains. En 1968, leur règle subit une modification que Marcel Lefevre refuse, et il se démet de sa charge de supérieur général.

     Peu à peu, d’abord en privé puis ouvertement après la publication du nouveau Missel romain en 1969, il s’associe à la critique des « traditionalistes » à l’encontre du concile Vatican II et des réformes issues de l’« esprit du concile ». Il est un critique de la liberté religieuse (pour toutes les religions), du nouvel œcuménisme (sans « retour » à la  « vraie » Eglise), de la subsidiarité (consultation constante du pape avec les évêques), de la nouvelle conception de la collégialité (Solidarité du Pape avec les évêques), de la réforme générale de la liturgie -et tout particulièrement de la réforme du rite de la messe promulguée par le pape Paul VI qui vient se substituer à la forme tridentine du rite romain, codifié par le pape Pie V.

Concernant le concile, il est pour tout ce qui est contre et contre tout ce qui est pour.

 

Le schisme

Fraternité Saint-Pie-X et séminaire d’Ecône

     En 1970, à la demande de plusieurs séminaristes français, il fonde à Fribourg (Suisse) la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X. Les buts de cette fraternité sacerdotale sont « le sacerdoce et tout ce qui s’y rapporte et rien que ce qui le concerne ».
L’institution est érigée canoniquement par l’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg en tant que « pieuse union » pour une durée de trois ans ad experimentum renouvelables. (Autorisation qui sera finalement annulée en 1975 suite à une visite canonique).

De son côté, l’évêque de Sion l’autorise à fonder un séminaire à Écône.

Suspens a divinis

      La décision de Mgr Marcel Lefebvre, d’ordonner des prêtres sans permission du Saint-Siège lui vaut d’être sanctionné en juillet 1976 par la suspense a divinis [6]. Il est frappé d’excommunication latae sententiae [7] en 1988, lorsqu’il consacre quatre évêques sans permission du pape Jean-Paul II et en dépit de l’interdiction explicite de ce dernier.

Marcel Lefebvre meurt le 25 mars 1991 à Martigny, en Suisse. La translation de sa dépouille a lieu le 24 septembre 2020 dans la crypte de l’église du séminaire international Saint-Pie-X à Ecône

Négociations avec Rome

     Des négociations avec Rome amènent Benoît XVI à lever l’excommunication des évêques en 2009, sans que cela signifie le retour à la pleine communion de la FSSPX, qui doit reconnaître l’autorité du pape et du concile Vatican II, ce qu’ils refusent toujours.

     Les contacts continuent au sein de la commission pontificale Ecclesia Dei [8] qui « gère » les rapports avec les communautés problématiques. Elle est supprimée en 2019, considérant que les débats avec la FSSPX sont principalement de nature doctrinale. Les activités de la commission sont rattachées à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.
A ce jour ces discutions sont toujours inabouties.

     Par le motu proprio «Traditionis Custodes» publié le 16 juillet 2021, le pape François durcit le ton contre les «traditionnalistes» en associant le refus de célébrer selon le rite de Paul VI à une remise en cause de l’unité et du concile Vatican II.

C’est clairement la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X qui est visée [9]   

 

[1] REMOND René. Conclusion générale. In: Le deuxième Concile du Vatican (1959-1965) Actes du colloque organisé par l’École française de Rome en collaboration avec l’Université de Lille III, l’Istituto per le scienze religiose de Bologne et le Dipartimento di studi storici del Medioevo e dell’età contemporanea de l’Università di Roma-La Sapienza (Rome 28-30 mai 1986) Rome : École Française de Rome, 1989. P 832  (Publications de l’École française de Rome, 113)
[2] BRESSOLETTE Claude, « Vatican II : 50 ans après. Relecture », Revue d’éthique et de théologie morale, 2012/3 (n°270), p. 9-36. DOI : 10.3917/retm.270.0009.  https://www.cairn.info/revue-d-ethique-et-de-theologie-morale-2012-3-page-9.htm
[3] Cité par Christine PEDROTTI in : La bataille du Vatican. Plon Paris 2012. (le card. Ottaviani était quasiment aveugle)
[4] groupe d’intérêt le plus important et influent de la minorité « conservatrice » ou « traditionaliste » : https://fr.wikipedia.org/wiki/Coetus_Internationalis_Patrum
[5] Le texte propose en outre que la condamnation des persécutions antisémites soit limitée aux manifestations dirigées contre les juifs « à cause de leur race ou de leur religion », précisant que « sans cette formule, le Concile émettrait un jugement historique et moral sur des faits qui eurent aussi des causes économiques et sociales » : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel_Lefebvre
[6] Elle consiste à interdire au clerc des actes du pouvoir d’ordre ou de gouvernement, ou à le priver de son bénéfice, de son salaire ou de sa pension. Contrairement aux autres censures, elle est divisible quant à ses effets, ce qui explique qu’on y ait souvent recouru. Le clerc suspendu peut recevoir les sacrements, mais doit s’abstenir des actes interdits par sa suspense. Il ne perd pas non plus son office ni son droit de résidence (can. 1333).
[7] Le Code de droit canonique de 1983 distingue trois types de délits sanctionnés par une suspense latæ sententiæ (appliquées sans intervention nécessaire par le seul fait d’avoir commis un délit) : célébration de l’eucharistie ou absolution par un clerc n’en ayant pas le pouvoir (can. 1378-2); mariage (même civil) attenté par un clerc: viol de l’obligation de célibat ou de l’obligation de non-remariage, dans le cas d’un diacre permanent devenu veuf (can. 1394-1); réception des ordres en l’absence des lettres dimissoriales (can. 1383)

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Le concile Vatican II_4ème session (14 septembre 1965 – 8 décembre 1965)

 

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XXXV Le concile Vatican II_4ème session (14 septembre 1965 – 8 décembre 1965)

 

 

Onze schémas sont inachevés au terme de la troisième session, et les commissions travaillent à leur donner une forme définitive dans la période qui sépare les deux sessions. En particulier, le schéma XIII, qui traite de la place de l’Église dans le monde moderne, qui est revu par une commission qui, grande nouveauté, inclut des laïcs.

     Paul VI ouvre la quatrième et dernière session du concile le 14 septembre 1965, et institue le Synode des évêques. Le motu proprio Apostolica sollicitudo [1] instituant le synode des évêques est promulgué dès le lendemain, 15 septembre. Cette structure, destinée à se rassembler à intervalles réguliers, doit poursuivre la coopération entre les évêques et le pape après la fin du concile.
     Il annonce également son intention de se rendre à l’ONU ou il se ferait l’écho des voix conciliaires pour « proclamer un message de concorde, justice, amour fraternel, et paix, parmi tous les hommes qui sont aimés de Dieu et dotés de bonne volonté [2]»

 

Les travaux du concile

 

Décret sur la liberté religieuse

     La première question débattue lors de la quatrième session, comme promis par le pape, est le décret sur la liberté religieuse, sans doute le plus controversé des documents conciliaires [3].

     La liberté religieuse est l’objet de la déclaration Dignitatis Humanae [4], votée le 7 décembre 1965. Le texte ne traite pas de la liberté dans l’Église mais du libre exercice de la religion dans la société civile. Il affirme que les pouvoirs publics ne doivent pas imposer ou interdire une option religieuse. La déclaration énonce notamment qu’« en matière religieuse nul ne [peut être] forcé d’agir contre sa conscience » (§ 2) et que « personne ne doit être contraint à embrasser la foi malgré lui » (§ 10). Toutefois, la déclaration n’évoque pas la « liberté de conscience ». Cette dernière avait en effet été qualifiée par Grégoire XVI de « délire » dans l’encyclique Mirari vos en 1832, expression reprise dans l’encyclique Quanta cura de Pie IX en 1864.
La nature de l’articulation entre liberté de conscience et liberté religieuse reste objet de débats

     Il est à noter qu’ avant le concile, l’Église n’exigeait la liberté que pour elle-même, se réservant la possibilité, lorsqu’elle était majoritaire, d’interdire les autres confessions, ou, au mieux, de les « tolérer », comme dans le concordat espagnol de 1953. Cette exigence de liberté pour elle-même associée à une « intolérance » pour les autres confessions constituait un « double standard ». Désormais l’Église se pose en défenseur de toutes les libertés religieuses.

     Aucun document n’a rencontré autant d’hostilité de la part de la minorité conciliaire. Le texte avait d’abord été conçu comme un chapitre du décret sur l’œcuménisme, destiné à régler le problème des tracasseries antiprotestantes dans les pays traditionnellement catholiques comme l’Espagne et la Colombie. La version finale a une autre perspective : répondre aux reproches d’intolérance adressés à l’Église catholique, et revendiquer, face aux États totalitaires marxistes, la liberté de culte pour les chrétiens.

     Dignitatis humanae fonde la liberté religieuse sur la dignité de la personne. La déclaration est fortement influencée par Pacem in terris, qui reprend les points les plus importants de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948.
La première partie du texte s’adresse à tout homme et utilise surtout le langage de la raison.
La deuxième partie, qui relève davantage du registre théologique, montre que cette doctrine de la liberté est impliquée par la foi chrétienne. Le § 11, en particulier, propose une méditation sur la prédication de Jésus et des apôtres, qui ne repose aucunement sur la contrainte.
     La première mouture est votée par 1 997 voix contre 224. L’organisation de l’Église catholique, qui ne fonctionne pas par majorité simple, rend le chiffre des opposants très important.
Après de nouvelles révisions, il est voté à une majorité de 2 308 pour et seulement 70 voix contre.

 

La Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps (Gaudium et spes [5])

Plan

      • Avant-propos (1 à 3)
      • Introduction : La situation de l’homme dans le monde moderne (4 à 10)
      • Première partie – L’Église et la vocation humaine (11 à 45)
        • Chapitre I – La dignité de la personne humaine (12 à 22)
        • Chapitre II – La communauté humaine (23 à 32)
        • Chapitre III – L’activité humaine dans le monde (33 à 39)
        • Chapitre IV – Le rôle de l’Église dans le monde moderne (40 à 45)
      • Deuxième partie – De quelques problèmes plus urgents (46 à 93)
        • Chapitre I – Dignité du mariage et de la famille (47 à 52)
          • Introduction (53)
          • Situation de la culture dans le monde actuel (54 à 56)
          • Quelques principes relatifs à la promotion culturelle (57 à 59)
        • Chapitre III – La vie économico-sociale (63 à 72)
        • Chapitre IV – La vie de la communauté politique (73 à 76)
        • Chapitre V – La sauvegarde de la paix et la construction de la communauté des Nations (77 à 90)
      • Conclusion (91 à 93)

Résumé

     La première partie a pour titre « L’Église et la vocation humaine » et s’articule en quatre chapitres. Les deux premiers sont, nous l’avons dit, ceux qui sont apparus le plus tôt dans la rédaction, comme une introduction aux chapitres spéciaux sur les diverses questions de la vie sociale. Ils ont désormais pour titres : « La dignité de la personne humaine » et « La communauté humaine ». Suit un chapitre III, devenu vraiment le chapitre central, où est élaborée, dans le contexte des humanismes modernes, une théologie du sens de « l’activité humaine dans l’univers », et du sens même de toute l’activité quotidienne des hommes. La réalité du péché n’est pas ignorée, mais le Concile n’a pas hésité à manifester l’achèvement de l’activité humaine dans le Christ ressuscité, à travers le mystère pascal, et le rapport entre toute l’œuvre de l’homme et « la terre nouvelle, les cieux nouveaux », le royaume éternel que le Christ remet à son Père.

     Le chapitre IV ramène, dans ce contexte anthropologique, christologie et eschatologique d’ensemble, à la considération de l’Église, non seulement porteuse de ce message, mais aussi « sacrement » du salut et de l’unité de l’humanité réconciliée. Cette Église est donc du ciel, mais bien dans le monde cependant. Et le Concile de s’efforcer de faire voir tout ce qu’elle peut offrir à l’homme et au monde, et de même ce qu’elle en reçoit (« Rapports mutuels de l’Église et du monde »).

     Dans ce cadre, le Concile veut traiter « De quelques problèmes plus urgents ». C’est le titre et c’est le sens de la Deuxième Partie de Gaudium et spes. Il s’agit d’aider les hommes autant qu’il est possible en projetant sur ces problèmes la « lumière des principes qui nous viennent du Christ ».

      Les domaines ainsi retenus sont : la famille (ch. 1) ; la culture (ch. 2) ; la vie économico-sociale (ch. 3) ; la communauté politique (ch. 4) ; la communauté des nations à construire et la paix à sauvegarder (ch. 5). Même sur ces sujets l’enseignement du Concile est particulièrement autorisé. Celui que donne un pape ou l’autre a toujours un caractère quelque peu personnel, l’enseignement du Concile a l’avantage d’être celui de tout l’épiscopat, et d’avoir été soumis effectivement à la critique des deux mille évêques réunis.

 

Un document clé

 

Gaudium et spes sera vite retenu comme l’un des deux documents clés du Concile. Un peu injustement sans doute en ce qui concerne d’autres textes importants, pour beaucoup le Concile tout entier ce fut : Lumen gentium, donc l’Église dans sa nature et dans sa structure, et Gaudium et spes, l’Église dans le monde, l’Église envoyée au monde.

Gaudium et spes: est approuvée en dernière lecture le 7 décembre 1965 par 2 309 voix contre 75 et 7 votes nuls.

 

Le voyage de Paul VI à l’ONU (4 – 5 octobre 1965) [6]

 

 

     Le souci de rendre l’Église présente au monde moderne et à ses problèmes était chez Paul VI une véritable hantise. L’idée lui vint d’assurer un plus grand retentissement à son appel de Bombay en en faisant parvenir officiellement le texte au Secrétaire Général des Nations- Unies.
     Le message fut remis à Monsieur U Thant le 15 janvier 1965. La réponse fut immédiate : «Je suis si profondément ému par cet appel, répondait U Thant le 20 janvier, que je suis prêt, au nom des Nations-Unies, à examiner immédiatement s’il serait possible à Votre Sainteté de paraître devant l’Assemblée Générale siégeant en séance spéciale au cours de sa 19e session[7]

Les accords furent pris, et ce fut finalement au cours de la 20e session, le 4 octobre 1965 — l’année où l’O.N.U. fêtait le vingtième anniversaire de sa fondation — que Paul VI parut à New- York devant les représentants de la quasi totalité des nations du monde. Seuls les représentants de l’Albanie s’étaient abstenus.

«Jamais plus la guerre! Jamais plus la guerre! C’est la paix, la paix qui doit guider le destin des peuples et de toute l’humanité
Et le pape indiquait les voies pour la construction de la paix : «La première est celle du désarmement. Si vous voulez être frères, laissez tomber les armes de vos mains.» Puis le respect de la vie : «Votre tâche est de faire en sorte que le pain soit suffisamment abondant à la table de l’humanité, et non pas de favoriser un contrôle artificiel des naissances, qui serait irrationnel, en vue de diminuer le nombre des convives au banquet de la vie. [8]»

Paul VI eut un long entretien, au cours de ce voyage, avec le Président Johnson. Il célébra une messe au Yankee Stadium devant 90.000 personnes, et rentra à Rome, où il fit son entrée dans l’assemblée conciliaire réunie à Saint-Pierre le 5 octobre dès sa descente d’avion pour rendre compte de son voyage.

 

Reprise des travaux du concile

 

Déclaration sur les relations de l’Église avec les religions non chrétiennes (Nostra Ætate [9])

     La déclaration est un texte bref et concis, qui choisit s’appuyer sur  l’humanité commune. Les peuples forment une « unique communauté », en vertu d’une même origine, et «d’une seule fin dernière : Dieu, dont « la bienveillance et l’offre de salut s’adresse à tous ».

     Dans ce mouvement, le texte va d’abord poser un regard sur les religions les plus éloignées (animisme, religions orientales), pour en venir aux plus proches : l’islam puis le judaïsme.

     Le « commun » de l’origine et du devenir ultime de l’Homme encadrent donc un regard en lequel un autre  « commun » -celui d’une proximité de doctrine- s’amplifie au fur et à mesure, pour culminer en Dieu. Ce mouvement montre que les relations interreligieuses ne visent pas un syncrétisme, puisque c’est de Dieu seul que peut venir -et que viendra- l’unité.

     Elles invitent plutôt, par la contemplation de ce qui nous est commun, à vivre plus intensément de ce que Dieu nous a déjà donné, et à le cultiver, particulièrement en faisant progresser entre nous la charité et l’estime.

     La Déclaration sur les relations de l’Église avec les religions non chrétiennes (Nostra Ætate) est approuvée en dernière lecture le 28 octobre 1965 par 2 221 voix contre 88 et 1 vote nul.

 

Le Décret sur le ministère et la vie des prêtres (Presbyterorum Ordinis) [10]

 

     Globalement bien accueilli sauf que la position latine du célibat ecclésiastique est remis en question par une petite minorité de de  pères conciliaires (entre autres les Brésiliens). En réaction, Paul VI retire la question de l’agenda conciliaire en faisant savoir par une lettre au card Tisserand, doyen du Sacré Collège, lue dans l’Aula, qu’il n’envisageait pas de modification de la discipline de l’Eglise Catholique Romaine sur ce sujet. Un des aspect remarquable du document est qu’il insiste sur le rôle du prêtre « en communion hiérarchique avec l’évêque » ce qui met l’accent sur l’autorité épiscopale, détenteur de la plénitude du sacerdoce.

Le texte présente d’autres aspects remarquables.

    • Le ministère (service) est d’abord presbytéral (en communion avec les autres prêtres et avec l’évêque) avant d’être sacerdotal. Leur première fonction est d’enseigner la Parole de Dieu (PO n°4 // LG 28). Administrer les sacrement vient en second (même si évidement ce n’est pas secondaire) (PO n°5 )
    • La sainteté et la vertu personnelle
      Le Décret sur le ministère et la vie des prêtres (Presbyterorum Ordinis) est approuvé en dernière lecture 7 décembre 1965 par 2 390 voix contre 4.

 

La Constitution dogmatique sur la Révélation divine (Dei Verbum) [11]

Dei Verbum (DV), refait le point sur la manière dont Dieu se révèle à l’homme dans les Saintes Écritures

La révélation elle-même

     La révélation exprime la volonté qu’a Dieu de se faire connaître aux hommes : « Il a plu à Dieu, dans sa bonté et sa sagesse, de se révéler lui-même ». Cette révélation a d’abord commencé par la parole des prophètes et l’histoire du peuple élu, puis Dieu lui-même, en la personne du Christ, est venu se révéler aux hommes.
     Tout ce qui est alors nécessaire à l’homme pour rejoindre la vie divine est alors révélé, et « il n’y a plus à attendre de nouvelle révélation officielle avant l’apparition dans la gloire, de Notre-Seigneur Jésus-Christ ».
Cette révélation est consignée par écrit dans les Saintes Écritures.

La transmission de la révélation divine

     Le concile a souhaité rappeler ensuite que la transmission de cette révélation s’est faite en premier lieu par les apôtres. La compréhension sans cesse approfondie des mystères de Dieu, les exemples qu’ont donnés les apôtres et leur successeurs deviennent la Tradition.
     Cette connaissance pratique de ce qui a été révélé une fois pour toutes, acquise « par la contemplation et l’étude qu’en font les croyants qui les gardent dans leur cœur, par la pénétration profonde des réalités spirituelles qu’ils expérimentent, par la proclamation qu’en font ceux qui avec la succession épiscopale ont reçu un charisme assuré de la vérité »

L’inspiration divine de l’Écriture et son interprétation 

     L’Écriture doit être tenue comme des assertions du Saint-Esprit. C’est pourquoi il faut que l’exégète cherche profondément le sens des textes en tenant compte du genre littéraire et des manières de faire de chaque époque. Il faut faire attention au fait que les paroles divines passant par les langues humaines sont devenues semblables au langage des hommes.

L’Ancien Testament

     Dans cette Écriture sainte même l’Ancien Testament a une valeur impérissable. Avec le peuple élu, Dieu se révèle, en paroles et en actions, comme « l’unique Dieu véritable et vivant ».
     L’Ancien Testament prépare l’avènement du Christ, témoigne d’une véritable pédagogie divine et cache le mystère du salut… En d’autres termes, le Nouveau Testament est caché dans l’Ancien, et, dans le Nouveau, l’Ancien est dévoilé.

Le Nouveau Testament

     L’importance du Nouveau Testament est claire, c’est l’excellence de la Révélation. En particulier, les Évangiles possèdent une supériorité méritée sur toute l’Écriture car on y trouve les gestes et les paroles du Christ, le Verbe qui s’est fait chair dans la plénitude des temps.
     Ces quatre Évangiles, d’origine apostolique, transmettent fidèlement ce que Jésus a fait et enseigné en réalité. Les auteurs sacrés les ont composés en « choisissant certains de nombreux éléments transmis soit oralement soit déjà par écrit, [en] rédigeant un résumé des autres, ou [en] les expliquant en fonction de la situation des Églises »… Cependant, le canon du Nouveau Testament ne se limite pas aux Évangiles, il contient aussi des épîtres de saint Paul et d’autres écrits apostoliques. Ceux-ci racontent les débuts de l’Église et exposent sa doctrine authentique.

La Sainte Écriture dans la vie de l’Église

     La Sainte Écriture en entier est importante dans la vie de l’Église. Cette dernière l’honore comme elle le fait avec le Corps du Christ. Elle est, pour l’Église, son point d’appui et, pour les chrétiens, la nourriture de leurs âmes et la source de leur vie spirituelle.
     Et afin que l’accès nécessaire à cette Écriture soit ouvert à tous, l’Église, en premier lieu, encourage la diversité de traduction à partir des textes originaux ; de même, elle s’efforce dans les études bibliques pour la munir d’explication.
     Dans le même sens, l’Église doit baser toutes ses études théologiques sur l’Écriture… la prière elle-même doit aller de pair avec la lecture divine. Ainsi le concile incite-t-il à cette lecture vitale tous les fidèles, surtout les religieux, et demande-t-il de faire diffuser l’Évangile à tout le monde, même aux non-chrétiens.

     La Constitution dogmatique sur la Révélation divine (Dei Verbum) est approuvée 18 novembre 1965 en dernière lecture par 2 344 voix contre 6.

 

Un certain nombre de textes sont approuvés en dernière lecture sans débats

 
  • 28 octobre 1965 : Le Décret sur la charge pastorale des évêques dans l’Église (Christus Dominus  [12]) est approuvé en dernière lecture par 2 319 voix contre 2 et 1 vote nul.
  • 28 octobre 1965 : Le Décret sur la rénovation et l’adaptation de la vie religieuse (Perfectae Caritatis [13]) est approuvé en dernière lecture par 2 325 voix contre 4.
  • 28 octobre 1965 : Le Décret sur la formation des prêtres (Optatam Totius [14]) est approuvé en dernière lecture par 2 318 voix contre 3.
  • 28 octobre 1965 : La Déclaration sur l’éducation chrétienne (Gravissimum Educationis [16]) est approuvée en dernière lecture par 2 325 voix contre 35.
  • 18 novembre 1965 : Le Décret sur l’apostolat des laïcs (Apostolicam Actuositatem [17]) est approuvé en dernière lecture par 2 340 voix contre 2.
  • 27 décembre 1965 : Le Décret sur l’activité missionnaire de l’Église (Ad Gentes [18]) est approuvé en dernière lecture par 2 394 voix contre 5.

 

Fin de la quatrième session

     L’événement marquant des derniers jours du concile est la visite à Rome du patriarche grec-orthodoxe de Constantinople Athénagoras Ier.

 

 

Paul VI et le patriarche expriment dans une déclaration commune leur regret des actions qui ont conduit au Grand Schisme entre les Églises orientales et occidentales, et lèvent solennellement l’excommunication et l’anathème que leurs prédécesseurs s’étaient lancés lors de celui-ci.

Veillée œcuménique

     Dans la basilique ou Jean XXIII avait annonce sa décision de réunir un concile et d’y inviter !es frères chrétiens séparés, Paul VI, en soutane blanche, très ému, a réuni pour une prière œcuménique les observateurs non catholiques. Les cardinaux et les évêques sont nombreux a être présents, vêtus de la manière la plus simple : soutane noire, ceinture, croix et calotte.
     Il y a eu en alternance les lectures, les chants des psaumes et les prières, et l’un des pasteurs en entonnant un chant n’avait pu, lui non plus, retenir le tremblement de sa voix.
     Le pape au début de son intervention, avait dit d’abord « Messieurs » puis, il s’était repris : « Laissez­ nous vous appeler Frères, Frères et Amis clans le Christ ! »
     Pour finir, tous avaient récité le Notre-Père puis chante le Magnificat. L’action de grâce du cantique évangélique de Marie ne pouvait pas blesser la sensibilité des frères protestants car, oui, le Seigneur était a l’œuvre et faisait des merveilles, et tous en étaient les témoins comblés de grâces.

 

La clôture définitive du concile a lieu le 8 décembre 1965

Chaque document se termine par le texte :
«Tout l’ensemble et chacun des points qui ont été édictés dans cette Constitution (Décret, Déclaration) ont plu aux pères du Concile.
Et Nous, en vertu du pouvoir apostolique que nous tenons du Christ, en union avec les vénérables Pères, Nous les approuvons, arrêtons et décrétons dans le Saint-Esprit, et Nous ordonnons que ce qui a été ainsi établi en Concile soit promulgué pour la gloire de Dieu».
Signé : Moi, Paul, évêque de l’Église catholique.
Suivent les signatures des pères conciliaires.

 

Paul VI, dans la foulée, crée une commission pontificale pour les médias, annonce un jubilé du 1er janvier au 26 mai 1966, change le nom du « Saint-Office » en « Congrégation pour la doctrine de la foi » et rend permanents les secrétariats pour la promotion de l’unité des chrétiens, pour les religions non chrétiennes et pour les non-croyants.

 

 

[2] O’MALLEY John. L’évènement Vatican II. Lessius Bruxelles 2011 p 350
[3] Voir : MINNERATH Roland. La déclaration Dignitatis humanae à la fin du Concile Vatican II. In: Revue des Sciences Religieuses, tome 74, fascicule 2, 2000. pp. 226-242.www.persee.fr/doc/rscir_0035-2217_2000_num_74_2_3532
voir aussi: JOBIN Guy, « Gaudium et spes est-il un classique ? », Revue d’éthique et de théologie morale, 2013/1 (n°273), p. 9-30. DOI : 10.3917/retm.273.0009. URL : https://www.cairn.info/revue-d-ethique-et-de-theologie-morale-2013-1-page-9.htm
[6] Martin Jacques. Les voyages de Paul VI. In: Paul VI et la modernité dans l’Église. Actes du colloque de Rome (2-4 juin 1983) Rome : École Française de Rome, 1984. pp. 317-332. (Publications de l’École française de Rome, 72) www.persee.fr/doc/efr_0000-0000_1984_act_72_1_2417
Voir : HERVEAU Joseph. Nostra Aetate et le dialogue interreligieux à Vatican II in : https://revue-educatio.eu/wp-content/uploads/2017/04/V-3.3-Herveau-MF_20170409.pdf   
voir l’analyse du texte in : DEMERS Bruno, « Les « nouvelles » notions de révélation et de foi de Dei Verbum et la catéchèse », Revue Lumen Vitae, 2013/1 (Volume LXVIII), p. 19-35.: https://www.cairn.info/revue-lumen-vitae-2013-1-page-19.htm
[19] PEDOTTI Christine. La bataille du Vatican. Plon Paris 2012

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Edito de Pâques

 

Jésus, le Christ, est ressuscité !

 

 

« Étant entré dans les entrailles de la Terre, il nous a ouvert la voie du Ciel » , disent les Pères de lʼEglise.
Ayant libéré Adam, et en lui toute l’humanité, de l’esclavage du péché et de la mort,
il nous donne une vie nouvelle pour tous ceux qui veulent, librement et en toute conscience, se joindre à lui.

 

On a beaucoup parlé durant le semaine sainte de Jésus donnant sa vie pour nous, de sa mort, de sa passion.
Mais le plus important c’est, comme le chante le tropaire orthodoxe de la nuit de Pâques, que:
« Christ est ressuscité des morts,
Par sa mort il a vaincu la mort,
A ceux qui sont dans les tombeaux, Il a donné la vie »

 

 

Il y a plein de nouvelles choses à découvrir sur cette mise à jour :

  • Des articles sur les Eglises au 19°s particulièrement en ce qui concerne l’Eglise catholique le concile Vatican I, la naissance du mouvement œcuménique et la révolution de la pensée opérée par le concile Vatican II.
  • L’intégration de la communauté de la Chapelle ste Marie de Mont-Saint-Aignan à l’Eglise Vieille-Catholique Mariavite et la création du diocèse de Normandie pour cette Eglise.
  • Et plein d’autres choses…

Le site a été réorganisé :

Bonne lecture, et que Dieu bénisse tous et chacun.

   Geo

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