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Marié, Catholique, membre engagé dans la Communauté de Chemin Neuf, Co-Président de l'Association Chrétienne Oecuménique de Normandie, délégué à l’œcuménisme et à la promotion de l'unité des chrétiens du diocèse de Rouen

Le Pape a nommé Mgr Olivier de Cagny évêque d’Évreux.

 

Mgr Olivier de Cagny évêque d’Évreux.

Il était jusqu’à présent recteur du Séminaire de Paris. Son ordination épiscopale sera célébrée le samedi 9 septembre, en la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption à Évreux.

 

 

Samedi 9 septembre 2023

 10h30
Ordination épiscopale
Cathédrale Notre-Dame de l’Assomption d’Évreux
Retransmis sur la chaine YouTube du diocèse

17h30
Vêpres solennelles
Cathédrale Notre-Dame de l’Assomption d’Évreux

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Adhérez à l’ACONor

 

Chers amis,

Vous avez par le passé été adhérent de l’ACONor ou vous avez participé à un rassemblement œcuménique organisé par l’association. Et puis les évènement sanitaires et autres ont distendu les liens entre nous…

Cette année nous avons repris les rencontres interconfessionnelles de Normandie par une découverte de la Communion Anglicane à Bayeux le 18 mars dernier, avec des intervenants de qualité, autour de l’Archidiacre (évêque auxiliaire) Rev’d Dr Peter Hooper, en charge pour l’Eglise d’Angleterre, de la France et de Monaco.
Vous savez a quel point votre soutient nous est nécessaire pour pouvoir proposer des rassemblement œcuméniques, comme celui-ci .
Des projets sont en préparation pour l’an prochain.
C’est pourquoi nous nous permettons de vous proposer un bulletin d’adhésion à imprimer et renvoyer, avec votre cotisation, à l’adresse indiquée.

 

Espérant pouvoir bénéficier de votre soutien, croyez, chers amis, à nos fraternelles salutations.

 

Marc-Antoine Pottin et Yvonnic Bouche

Co-présidents de l’ACONor

 

z bulletin adhésion

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Rencontre de deux Papes

Le Pape Tawadros II, patriarche copte orthodoxe d’Alexandrie, séjourne du 9 au 14 mai à Rome à l’occasion du 50e anniversaire de la rencontre historique entre le Pape Paul VI et le patriarche Chenouda III.

 

 

Un avenir dans l’unité

Dans son discours, le Pape François a déclaré : «il est important de toujours regarder vers l’avenir. En cultivant dans nos cœurs une saine impatience et un ardent désir d’unité, nous devons, comme l’apôtre Paul, “nous pencher vers l’avenir” (cf. Ph 3,13) et nous demander continuellement: “Quanta est nobis via?”- Quel est le chemin qu’il nous reste à parcourir?» avant de rappeler la rencontre de leurs prédécesseurs, qui a eu lieu à Rome du 9 au 13 mai 1973.

Cette une rencontre, a-t-il rappelé, a marqué une étape historique dans les relations entre le Siège de Pierre et le Siège de Marc.

 

La fin d’une controverse historique théologique

Elle a également marqué la fin d’une controverse historique théologique remontant au concile de Chalcédoine, grâce à la signature, le 10 mai 1973, d’une déclaration christologique commune[1], qui a ensuite servi d’inspiration pour des accords similaires avec d’autres Églises orthodoxes orientales.
La déclaration a abouti à la création d’une Commission mixte internationale entre l’Église catholique et l’Église copte orthodoxe. Organisme, qui en 1979, a adopté les Principes pionniers pour guider la recherche de l’unité entre l’Église catholique et l’Église copte orthodoxe.
Cette commission mixte a ensuite ouvert la voie à la naissance d’un dialogue théologique fructueux entre l’Église catholique et l’ensemble de la famille des Églises orthodoxes orientales, qui a tenu sa première réunion en 2004 au Caire, sous l’égide de Sa Sainteté Chenouda.

 

Amitié entre catholiques et orthodoxes

«Comme on peut le constater, la rencontre de nos illustres prédécesseurs n’a jamais cessé de porter des fruits dans le cheminement de nos Églises vers la pleine communion» assure François rappelant sa première avec le Pape Tawadros II le 10 mai 2013, «quelques mois après Votre intronisation et quelques semaines après le début de mon pontificat».
C’est à cette occasion, que le Pape d’Alexandrie a proposé au Pape François de célébrer chaque 10 mai la Journée de l’amitié entre coptes et catholiques, qui est depuis lors célébrée ponctuellement dans les deux Églises.

[1] https://www.vatican.va/content/paul-vi/en/speeches/1973/may/documents/hf_p-vi_spe_19730510_dichiarazione-comune.html

 

 

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Rencontre du Pape François et du Métropolite Hilarion de Hongrie

 

 samedi 29 avril,
Au deuxième jour de son voyage apostolique en Hongrie, le Pape François a reçu en privé le Métropolite Hilarion de Budapest et de Hongrie.

 

Une fonction que ce dernier occupe depuis juin 2022 après treize années passées comme président du département des affaires ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, l’équivalent du «ministre des affaires étrangères» du patriarche Kirill.

Engagé dans le dialogue œcuménique, il a effectué de nombreuses visites au Vatican, ayant participé notamment en 2014 et 2015  aux synodes sur la famille

Sa nomination en Hongrie est le résultat d’une décision prise lors de la session du Saint-Synode de l’Église orthodoxe russe qu’il faut bien voir comme une sanction, suite à son désaccord de fond sur la manière dont le  Patriarche Kirill de Moscou envisage la guerre en Ukraine et son soutient inconditionnel à Poutine.

Hilarion a également été relevé de ses fonctions de Métropolite de Volokolamsk, de membre permanent du Saint Synode de l’Église orthodoxe russe et de recteur de l’Institut des Hautes Etudes des Saints Cyrille et Méthode.

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Christ est ressuscité! En vérité il est ressuscité !

 

             Christ est ressuscité !

 

                En vérité il est ressuscité !

 

Cette bonne nouvelle résonne dans un monde déchiré, en guerre, en tensions.

 

En France, les entêtements et les erreurs d’un pouvoir politique déboussolé nous jettent tout droit dans les bras d’une extrême-droite en embuscade. Et faute de donner aux hôpitaux les moyens nécessaires à l’accompagnement de fin de vie, on se dispose à tuer sur demande.

     A Lourdes, alors que les évêques de l’Eglise Catholique se réunissaient -entre autre- pour prendre des décisions autour des abus sexuels commis en son sein, il a été urgent de renvoyer les décisions à des comités d’experts… Et pendant de temps , y compris dans notre province, les crimes continuent d’apparaître.
Mais,
changement important, les diocèses coopèrent pleinement avec la justice et se préoccupent des victimes.

 

      Christ est ressuscité ! En vérité, il est ressuscité !  Cette joyeuse annonce pascale traditionnelle dans les Eglises Orthodoxes résonne dans des Eglise en guerre physique et idéologique et/ou en état de schisme larvé ( Patriarcats de Russie d’Ukraine, de Constantinople) au grand dam des autres Eglises Orthodoxes.
Mais,
La solidarité avec les réfugiés de l’Est de l’Europe et leur accueil sans condition est là. (A quand ce même élan pour les réfugiés du Sud ?)

 

On peut continuer et énumérer tous les -nombreux- malheurs du monde.
On peut aussi se réjouir :

 

     Dans l’Eglise Catholique en France le nombre de baptêmes d’enfants est en chute libre, mais le nombre de baptêmes d’adultes progresse (+28%).
Passer d’une Eglise sociologique à une Eglise de confessants est surement rude pour notre ego question statistiques, mais surement plus proche de la réalité de la foi.

 

Un véritable œcuménisme écologique est en train de naître et des solutions se mettent en place un peu partout dans le monde pour économiser les ressources communes. Même si le capitalisme sauvage continue a exploiter les plus pauvres et à vandaliser la planète au nom du profit immédiat.

 

                         Christ est ressuscité !
                                         En vérité, il est ressuscité !

 

Et il est présent dans cet « oikouménê » cette « terre habitée », notre terre, dont le mot œcuménisme tire son origine.

 

Que le Seigneur garde et bénisse tous et chacun.
Geo

 

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Après l’assemblée des évêques catholiques à Lourdes : le chagrin et la pitié.

Mars 2023

  Alors que vient de se terminer l’assemblée des évêques catholique à Lourdes, je suis saisi par une colère sourde en lisant le rapport final d’Éric de Moulin-Beaufort, président de l’assemblée des Evêques de France.
Neuf groupes de travail constitué de façon plurielle avec au moins un témoin-victime d’abus sexuel de la part de membre du clergé, et au moins un évêque. Selon les termes mêmes du site de la cef : « On pourrait presque dire que c’est l’unique objectif des groupes de travail : faire émerger des propositions concrètes ! »
Et des propositions concrètes ont été proposées aux évêques présents.
Mais le compte-rendu des décisions nous chante une toute autre chanson : les deux tiers des propositions sont renvoyées vers des comité d’experts (qui seront constitués de clercs). De plus, « les propositions visant à associer un groupe stable de fidèles prêtres ou diacres ou laïcs ou consacrées et consacrés tant à l’assemblée plénière qu’au conseil permanent n’ont pas été retenues. ».
Au final les laïcs donnent leur avis…et les clercs décident seuls. Un concentré de cléricalisme pur. A savourer pour les adeptes du genre !
Il y a six mois j’adressais à ma Fraternité le message suivant :

La pitié sera le chagrin que nous cause un malheur dont nous sommes témoins et capable de perdre ou d’affliger une personne qui ne mérite pas d’en être atteinte, lorsque nous présumons qu’il peut nous atteindre nous-mêmes, ou quelqu’un des nôtres, et cela quand ce malheur parait être près de nous. En effet, il est évident que celui qui va être pris de pitié est dans un état d’esprit tel qu’il croira pouvoir éprouver quelque malheur, ou lui-même, ou dans la personne de quelqu’un des siens, et un malheur arrivé dans les conditions énoncées dans la définition, ou analogues, ou approchantes.

On aura de la pitié si l’on croit qu’il existe d’honnêtes gens ; car, si l’on n’a cette idée de personne, on trouve toujours que le malheur est mérité. Et, d’une manière générale, lorsqu’on sera disposé à se rappeler que la même calamité est tombée sur soi-même, ou sur les siens, ou encore à songer qu’elle peut nous atteindre, nous ou les nôtres.

Voilà pour les divers états d’esprit où l’on a de la pitié.

Quant à ce qui inspire ce sentiment, la définition donnée le montre avec évidence. Parmi les choses affligeantes et douloureuses, toutes celles qui amènent la destruction excitent la pitié, ainsi que toutes celles qui suppriment un bien, et celles dont la rencontre accidentelle est une cause de malheurs d’une grande gravité.

Aristote, Rhétorique, livre II, Chapitre VIII, 2-3 et 8

         C’est un peu le sentiment que je ressent en ce moment ou je me sens, avec l’Eglise catholique en France, submergée par une vague d’écœurement, de dégout, de tristesse, devant les scandales sexuels à répétitions de toutes sortes qui sont révélés -non parfois sans réticences et dissimulation de la part de la hiérarchie de l’Eglise- depuis la publication du rapport de la CIASE l’an dernier.
       Chagrin, oui parce que cette Eglise, je continue à croire non pas qu’ elle est « une, sainte, catholique et apostolique » comme si c’était un fait accompli, mais à son unité en Christ, à sa sainteté par Christ, à son universalité dans le salut qu’elle propose en Lui, et à la vérité de ce qui nous est transmis de la foi des Apôtres.
     Je ne crois pas que cette Eglise Catholique, Romaine ou non (et c’est aussi valable pour les Eglises orthodoxes ou Orientales si imparfaites dans leurs structures) puisse continuer comme cela sans de profonds bouleversements structurels.
« On aura de la pitié si l’on croit qu’il existe d’honnêtes gens ».:  il ne s’agit pas de jeter le bébé avec l’eau du bain, mais de changer l’eau.
Et peut-être aussi la baignoire.
      La structure hiérarchique de l’Eglise Catholique est universaliste et on perçoit bien, et de plus en plus, combien cette vision est inadaptée, obsolète, et freine les évolutions nécessaires. Le Synode des Évêques pour l’Amazonie en est un exemple retentissant: la possibilité d’ordonner prêtre des hommes mariés et des femmes diaconnesse n’a finalement pas été retenue à cause de la « contagion » possible à toute l’Eglise Romaine. (Qui à mon avis ne s’en serait pas portée plus mal).
     Cette gouvernance de l’Eglise Catholique Romaine est aujourd’hui une catastrophe. Le crime du card. Ricart est révélateur de bien des disfonctionnements : au sujet de la formation et du parcourt ecclésiastique (https://www.cath.ch/newsf/laffaire-ricard-representative-dun-manque-de-maturite-affective/) mais pas seulement.
Comment croire à la lutte contre la pédocriminalité quand elle est menée par un membre de la congrégation pour la doctrine de la foi lui-même criminel ?
Comment croire à un contrôle de la part du Vatican dans la nomination des évêques par le biais des Nonces Apostoliques, alors que Mgr Luigi Ventura nonce apostolique en France de 2009 à 2019 a été condamné à huit mois de prison pour agression sexuelle après avoir échappé à une plainte identique au Canada en 2008 en raison de son immunité diplomatique ?
     Le problème est moins un problème de personnes qu’un problème de formation de la personne [1]. Ce que Sodoma avait révélé au sein de la haute hiérarchie de l’Eglise Catholique se répercute à tous les niveaux. Les motivations des candidats au sacerdoce ont été trop longtemps sous informées. Les dégâts aujourd’hui sont immenses. Et c’est sur la grande majorité des prêtres et évêques qui se dévouent dans leur ministère que retombe la méfiance souvent imméritée et le désarroi face à une situation dont ils ne sont pas responsables et surtout qu’ils ne savent pas gérer, les « outils » dont ils disposent étant inadaptés.

La communication de la part des évêques est non seulement déficiente dans la forme et le fond mais surtout parfaitement incompréhensible et inaudible. Et les tentatives récentes (2022) de « noyer le poisson » et de se dédouaner de Mgr de Moulin-Beaufort joignent l’odieux au ridicule.

Alors ?

     C’est la structure même de l’Eglise Catholique Romaine qui est sans doute à revoir. Elle est fondée sur le pouvoir absolu d’une caste d’hommes célibataires cooptés mis à part, qui forment le haut clergé.
Dit comme cela c’est certes un peu raide, mais c’est grandement une réalité. Et il faut sans doute se poser des questions :
  • Quel rôle pour le Pape ? La monarchie quasi absolue d’aujourd’hui est-elle pertinente et nécessaire. Être le garant de l’unité veut-il dire nécessairement être garant de l’uniformité ? Nous avons peut-être a apprendre beaucoup de nos frères Anglicans et de la tache de Primat de l’évêque de Canterbury.
  • La réforme de la Curie Romaine, qui va dans le bon sens, n’est pas sans ambiguïté en cas d’élection future d’un pape conservateur mais c’est une volonté de François qui fait bouger les lignes : https://fr.wikipedia.org/wiki/Reforme_de_la_curie_romaine_sous_le_pape_François
  • Surtout, il faut une vraie cogestion du pouvoir dans l’Eglise Catholique : entre clercs et laïques, entre hommes et femmes. Le fait d’être un homme, célibataire, ordonné, compétent théologiquement, ne fait pas nécessairement une personne équilibrée et bien dans sa vie si c’est un choix par défaut. L’obligation du célibat sacerdotal dans l’Eglise Catholique ROMAINE -pas dans les autres Eglises Catholiques ! – est un non sens qui a des conséquences. La manière dont notre Eglise parle de la vie conjugale est irénique, désincarnée, hors sol. Ca ne veut pas dire qu’un clergé marié serait idéal, mais un prêtre est appelé à être serviteur parmi ses frères et sœurs. Ni à coté, ni au dessus, ni au dessous.
  • Toute cette boue qui remonte de nos égouts ecclésiastiques a un nom : domination. L’exercice d’un pouvoir discrétionnaire sur les personnes qui sont soumises consciemment ou non, volontairement ou non. Elle est le fait de quelques uns, mais ce poison a été instillé par le type de prêtre formé pendant trop longtemps. Quand j’étais au séminaire, le let-motive était que nous devions nous préparer à diriger, enseigner et conduire le « troupeau » que nous confierait l’Eglise. Et il s’agissait bien d’une relation verticale – hiérarchique, pas horizontale – fraternelle.

     Notre Eglise Catholique Romaine occidentale arrive au bout de son phénomène d’autodestruction. Manque de prêtres, oui, mais ce n’est qu’un symptôme. Il faut peut-être en passer par là pour que se pose la question principale : une Eglise pourquoi ? et ensuite une Eglise comment ?

     Le processus synodal engagé par François peut être un élément de réflexion s’il n’est pas dévoré avant par les petits cochons de la curie.

Tout le problème est de savoir s’il sera suffisant.

     Un signe d’espoir cependant qui montre qu’il est possible de bouger au moins localement : dans notre diocèse de Rouen, Mgr Dominique Lebrun à nommé Mme Carole de Villeroché, mariée et mère de famille, ancienne responsable de la catéchèse comme de Co-Modératrice de la Curie. Un nouveau ministère pour trois ans, pour travailler avec le Vicaire Général avec même pouvoir décisionnaire et même prérogatives que lui.

Un pas peut-être plus important qu’il n’y paraît….

     L’assemblée des évêque à Lourdes fin mars va à l’encontre de l’ouverture désirée par un peuple laïc dont ils ne semblent pas percevoir les attentes, ou pire s’ils les perçoivent se sentent au mieux incapables d’y répondre et au pire refusent d’y répondre.

 Aujourd’hui il apparait que nos évêques (ou du moins plus de 33%  puisque les adoptions se faisaient à la majorité qualifiée) ne souhaitent clairement pas partager les prises de décisions avec les laïcs.

La synodalité consisterai selon eux a prendre leurs avis et à décider ensuite. 

     Est-ce que ça valait vraiment la peine de mobiliser et faire travailler dur une centaine de personnes pour renvoyer les décisions à d’hypothétiques “Comités Théodule” qui rendront leurs avis dans x années  ? Un synode commun CEF/Laïcs tous les trois ans sur un sujet (choisi par qui ?) ne résoudra rien si les décisions ne sont pas prises en commun (dans tout ce qui n’est pas d’ordre dogmatique bien sur).

 
 
     Quand j’ entend qu’une majorité de clercs déclarent en privé que “la CIASE y’en a marre” je suis inquiet. La tendance de ceux qui ont peur est toujours la même: quand ils ont trop chaud , ils accusent le thermomètre.

 

 

Pendant ce temps des crimes continuent à être mis a jour en France et dans le monde.
Et les croyants désertent sans bruit, mais en masse, une église en laquelle ils n’ont plus confiance.  

Hosanna ! Jésus reviens!

 

   Georges


[1] Voir à ce sujet le livre de Josselin TRICOUT  Des soutanes et des hommes  PUF Paris 2021

 

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Dialogue œcuménique et vie des Églises : les enjeux de la réception

 

Colloque œcuménique des Facultés  de Théologie

– ISEO (Théologique, Institut Catholique de Paris)
     – Institut Protestant de Théologie de Paris
     – Institut de Théologie Orthodoxe Saint-Serge

 

     
 
Au milieu du XXe siècle, la théologie œcuménique répondait au besoin d’un renouveau ecclésial tout en ayant en vue l’impératif de réconciliation dans une visée en partie missionnaire. Ses avancées étaient attendues, diffusées, commentées. Mais les pionniers de l’œcuménisme ont vite buté sur la difficulté de la mise en œuvre de leurs travaux.
Durcissement croissant ? Entre avancées et blocages, les dialogues interconfessionnels ont-ils répondu aux attentes ?
Certes, devenue une discipline à part entière, la théologie œcuménique a acquis une technicité propre, au risque d’être mal comprise par les non-spécialistes. La soupçonnant de construire des compromis hasardeux et relativistes, beaucoup s’en défient sans la comprendre véritablement. En quoi les publications œcuméniques intègrent-elles cette difficulté ? Comment préparent-elles une réception en bonne part ? Ou faut-il questionner pour cette raison les processus de leur élaboration ?

Introduction par le professeur Frédéric Chavel [1] 

Il pose la bonne question dès la conférence d’ouverture: dialogue œcuménique et vie des Eglises ne peuvent être séparés comme si l’œcuménisme était un appendice qui venait s’ajouter à une vie ecclésiale constituée comme un “en soi”

« Cette manière de poser le problème (Dialogue œcuménique ET vie des Eglises) est déjà prédéterminé par un contexte de division confessionnel et dénominationel. C’est le pluriel “LES” dans le titre. L’envisager ainsi constitue les Eglises comme des camps constitués qui ne peut considérer la diversité que comme ce qui vient entraver la plénitude de la commuions.

Une autre approche est possible. L’Eglise n’est pas pluralité de dénominations ou de confessions, elle est d’abord le corps du Christ avec son unité fondamentalement donnée. De même l’œcuménisme n’est pas spécifiquement une procédure de la théologie contemporaine. L’œcuménicité c’est d’abord la responsabilité missionnaire de vivre le corps du christ dans toute sa dimension théologique et anthropologique, et pas simplement une tache spécialisée et récente. »

« Trop souvent dans la rencontre des Eglises, on se retrouve avec une situation comparable à celle des espèces animales que leur spécificité aurait fait se développer dans des sens très différents, et qu’on essaierait de rendre fécondes ensemble, mais ces espèces devenues différentes seraient devenues mutuellement infécondes. Ce qui n’est pas le cas. En fait, il y a une fécondité, une interpénétration des différentes formes de chrétienté et de christianisme dans notre monde. De fait, que les institutions le veuillent ou non, nos différents christianismes sont mutuellement interféconds. Mais si on a le sentiment d’un manque de fécondation entre différentes communauté ecclésiales, c’est a mon sens beaucoup plus…/…parce que nos institution ecclésiales pratiquent à haute dose l’interdiction de procréation et installent des barrières préservatives entre leurs communauté, alors même qu’elles pouvaient être mutuellement fécondes. »

En fait, les Eglises ont du mal a situer dans leur dialogue les vrais lieux de leur différences. Après avoir tourné autour de la dogmatique, de l’éthique, de l’histoire, du registre biblique, on ne trouve pas le lieu fondamental de notre désunion et les méthodes de dialogue -qui on toutes leur mérite- n’épuisent pas le sujet.

 

Professeur Peter de Mey [2] : La réception (officielle) souvent inadéquate des résultats des dialogues œcuméniques

Peter de Mey nous a montré que la réception de ces documents dans l’Eglise Catholique dépend de leur statut : dialogues bilatéraux, textes de « Foi et Constitution »(COE)
Cette réception est source de conflits entre le Conseil Pontifical pour l’Unité des Chrétiens et la Congrégation pour la Doctrine de la Foi qui trouve toujours à redire trouvant les documents pas assez conforme à la théologie catholique.
En fait (et c’est moi qui commente) le plus grand problème de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, c’est que les autres Eglises ne soient pas Catholiques Romaines.
Faut-il le regretter ? Le pape François parle de diversité réconciliée. Encore faut-il que l’autre soit reconnu comme alter-égal, légitime dans son altérité…

 

La troisième conférence qui m’a interpelée est celle du:

fr. Hyacinthe Destivelle o.p. [3]: La réception des dialogues  œcuméniques dans l’Eglise Catholique. Défis et perspectives.

Des dialogues différents

  • Meilleure connaissance
  • Recherche d’accords
  • Œcuménisme réceptif…
  • Etc…

Réactions différenciées :

  • Réception comme acceptation
  • Réception comme interrogation dans la vie de l’Eglise.

Recevabilité et réceptivité

     Recevabilité :

  • Autorisation à publier (statut et commentaire) Ne préjuge pas la valeur intrinsèque du document. Document d’étude. Commentaire doctrinal (approbation de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi)
  • Réponse officielle (BEM, ARCIC 1, Déclaration conjointe sur la justification par la foi, Foi et Constitution « L’Église : vers une vision commune).
  • Déclarations communes. (Approuvées par le Pape)
    • Avec les Eglises d’Orient  en 1994, 1997, 2023)
    • Avec les Eglises Luthérienne, Mennonite, méthodiste, la Communion mondiale d’Eglises Réformées, la Communion Anglicane, la Déclaration conjointe sur la justification par la foi.

      Réceptivité :

  • Dans la vie de l’Eglise : reçoivent et se reçoivent ; partage d’expérience
  • Importance dans le vie pastorale (principe de Lund : tout ce qu’on peut faire ensemble, faisons-le.)
  • Collaboration entre Eglises locales.
De nombreuses autres interventions passionnantes ont été données. J’ai choisi celles-ci pour ce qu’elles montrent de ce qui est appelé l’hiver œcuménique.
Mon Eglise catholique, dont la Congrégation pour la Doctrine de la Foi se comporte comme un congélateur de la doctrine de la foi, rend toute déclaration commune quasi impossible par son refus de ce qui n’est pas strictement conforme au dogme catholique.
On en revient de fait par des voies détournées, mais puissantes, à la doctrine de l’unité des chrétiens par le retour dans le sein de la “mater ecclésia” seule dépositaire de la “vraie” doctrine.
Cette prétention de l’Eglise Catholique Romaine (du moins dans l’expression de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi) à être la seule vraie Eglise est source de blocage dans la réception des dialogues entre nos Eglises et dans la marche vers l’unité. Le processus de consensus différencié adopté pour la Concorde de Leuenberg et la Déclaration conjointe sur la justification par la foi ne semble plus être d’actualité. 
Que sur l’ensemble des dialogues et travaux avec Foi et Constitution et le COE menés, l’Eglise Catholique Romaine n’en valide que quatre m’interroge sur la capacité réelle de la structure vaticane à représenter la réalité de l’ Eglise.

 

Professeur Olivier Abel [4]: la capacité à recevoir

Olivier Abel nous faisait remarquer que la capacité de recevoir suppose à la fois la capacité d’accueillir et la capacité de refuser. Elle suppose aussi la capacité d’en rendre -ou plutôt d’en donner- une interprétation inattendue.
Le don n’apparaît comme don que dans « l’agir du moi » (selon l’expression de P. Ricoeur) et peut se révéler comme don positif ou toxique selon ce que j’en fait (Parabole des talents)
Dans la réception il y a une certaine autonomie du texte. Sa signification initiale telle que l’a pensé l’émetteur, peut se trouver reçue dans une « fidélité créatrice » qui va faire évoluer le sens.
On peut donc dire que :
transmettre, c’est se laisser recevoir,
transmettre, c’est accepter une réinterprétation.
L’œcuménisme suppose la pluralité (de oikos = famille, maisonnée). A la Pentecôte Pierre parle et chacun entend la même chose, mais dans sa propre langue.
L’œcuménisme suppose l’hospitalité, en se souvenant qu’en français hôte désigne aussi bien celui qui reçoit que celui qui est reçu.

 

Pour parvenir à l’unité, peut-être faudra-t-il que chacun fasse le deuil de sa propre vision de l’unité.

  Geo

 


[1] Pasteur Luthérien (EPUdF). Docteur en Théologie, Professeur à l’Institut Protestant de Théologie (IPT) de Paris, assesseur protestant et chargé d’enseignement à l’Institut Supérieur d’Études Œcuméniques (ISEO) et chargé d’enseignement à la Faculté de droit canonique de l’ Institut Catholique de Paris (ICP)

[2]   Peter De Mey est professeur titulaire d’ecclésiologie catholique romaine et d’œcuménisme à l’ unité de recherche Théologie systématique et étude des religions , Faculté de théologie et d’études religieuses de l’université catholique de Louvain
Il est impliqué dans le Centre de recherche œcuménique , le Centre d’étude du Concile Vatican II et le Centre de Louvain pour le christianisme oriental et oriental (LOCEOC)
Depuis 2005, il est membre du Bureau de la Commission nationale pour l’œcuménisme (et son président depuis 2010) et co-président de la Commission de dialogue avec l’Église protestante unie de Belgique

 

[3] Dominicain, prêtre, docteur en sciences religieuses à l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge et à l’Institut catholique de Paris.
Il est official du Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. Il est aussi membre de la Commission mixte internationale de dialogue théologique entre l’Eglise catholique et l’Eglise orthodoxe. Il enseigne l’œcuménisme à l’Université pontificale Saint-Thomas-d’Aquin (Angelicum) à Rome.
Ancien directeur du Centre d’études et de la revue Istina, il a été également plusieurs années curé de l’église catholique Sainte-Catherine à Saint-Pétersbourg

 

[4] Professeur de philosophie éthique à l’Institut Protestant de Théologie de Montpellier. Spécialiste de Paul Ricoeur. Chercheur associe au Centre de Recherche sur les Arts et le langage de l’EHESS

 

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Colloque de l’ACONor : La Communion Anglicane

Le 18 mars 2023, au monastère des Bénédictines de Bayeux “La Joie saint Benoît” 
 l’Association Chrétienne Oecuménique de Normandie à organisé un colloque sur la Communion Anglicane

 

 

Dans la ligne de ses précédents colloques sur les Eglises présentes en Normandie :
– l’ Eglise Catholique et Vatican II en 2013,
– l’ Eglise Protestante et la Communion des Eglises Protestantes en Europe en 2014, 
– les Eglises Orthodoxes et la préparation du Saint et Grand Concile en 2015,
Nous avons organisés le 18 mars 2023 un colloque sur la Communion Anglicane

 

Nous avons été honorés de la présence du rev’d Peter Hooper Archidiacre en charge de la France et de Monaco  pour l’Eglise d’Angleterre, du P. AlexandreGérault, Vicaire Général du diocèse de Rouen et de Mr Yves Millou directeur adjoint de l’Institut Normand de Sciences Religieuses (INSR)
Etaient présents des membres de l’ Eglises Catholique, de l’ Eglise d’Angleterre et de l’Eglise Episcopalienne, de l’Eglise Protestante Unie de France, d’ une Eglise Evangélique et de l’Eglise Vieille-Catholique Mariavite.

 

Après avoir prié l’office du matin selon le rituel commun à l’Eglise catholique Romaine de France et à l’Eglise d’Angleterre,  
nous avons pu entendre et échanger avec le Rev’d Peter Hopper qui, avec Carole Hart, nous a parlé du  fonctionnement synodal et de l’exercice de l’autorité dans l’anglicanisme, et de l’implantation de l’Eglise d’Angleterre en France.
Le P. Alexandre Gérault, nous a partagé les fruits et interrogations de 25 ans de jumelage entre la cathédrale catholique de Rouen dont il est recteur, et la cathédrale anglicane de Southwark et Mr Yves Millou a apporté, en contrepoint, un regard catholique sur ce qui a été exposé.

 

Nous avons dû nous passer du concours de Canon Debbie Flach qui n’a pas jugé bon d’honorer son engagement auprès de nous et surtout de Canon Elaine Labourel, malade, pour qui nous formons des voeux de prompt rétablissement.
Ces absences ont été compensées par la souplesse et la gentillesse de rev’d Peter Hooper et de Carole Hart et Donna Derrick, Lectrices dans l’Eglise d’Angleterre qui ont pris en charge les taches de l’une et l’autre.

 

Malgré ces contretemps, nous avons pu vivre un joyeux moment d’écoute et d’échange très fraternel entre autre dans les trois  ateliers en début d’après-midi sur
   – la prière anglicane,
   – les femmes en anglicanisme: Évolutions, sacerdoce féminin
   – oecuménisme anglican et inculturation dans les pays non anglophones.
La pause de l’après-midi a été l’occasion de déguster des gateaux anglais confectionnés par nos amies anglicanes de la Manche.
Merci à elles 😀  

 

La journée s’est terminée par l’office du soir selon le rituel commun et la bénédiction de tous les ministres de cultes présents à ce colloque

 

 
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Josselin Tricou: Des soutanes et des hommes

 

 

Josselin Tricou: Des soutanes et des hommes
Enquête sur la masculinité des prêtres catholiques
Paris, P.U.F., 2021

 

L’auteur constate que la théorie catholique dégenre et désexualise le prêtre en le sacralisant. « Ceux qui prient », étant plus proche de la perfection et comparable à l’état angélique”.

“De fait, l’Église catholique n’a eu de cesse de renforcer la sacralité du prêtre : réforme dite « grégorienne », contre-réforme catholique post concile de Trente… Faut-il y voir une lente et patiente « émasculinité » (p. 38) ? Le prêtre apprend et est autorisé à mettre en pratique des valeurs codées comme féminines : l’écoute, la douceur, le soin… Pourtant, le « bon prêtre » est d’abord un prêtre virilisé, protégé par la sacralité de son sacerdoce.”

“L’ouvrage présente les années 1960 comme un tournant dans l’histoire contemporaine de l’Église. Celle-ci traverse alors une crise d’identité qui mène à la fois à une invisibilisation des signes religieux et à de nombreux départs pour une vie séculière. Les prêtres qui quittent le sacerdoce sont majoritairement des hétérosexuels qui se marient [Et qui portent des valeurs progressistes “de gauche*]. Les prêtres homosexuels [restent et seraient ainsi devenus proportionnellement plus nombreux*] dans l’Eglise Catholique Romaine que dans le reste de la société. Cette nouvelle composition a des répercussions sur le recrutement ecclésiastique. En même temps, les classes populaires se détournent de la prêtrise ; les catégories bourgeoises [Et qui portent des valeurs conservatrices “de droite”*] fournissent désormais la majorité des prêtres.”

“Josselin Tricou avance que le discours qu’il qualifie d’homophobe de l’Église lui permet à la fois de rester attractive auprès d’hommes qui ne pourraient vivre ouvertement leur homosexualité, et de mieux surveiller ses cadres et d’en obtenir parfaite obéissance.”

“Il s’appuie sur de nombreuses sources et entretiens. Sa thèse peut choquer, d’autant qu’elle ne fait jamais référence à la foi dans sa description de la vocation religieuse, mais elle intéressera celles et ceux qui cherchent à mieux comprendre le fonctionnement ecclésiastique et qui s’interrogent sur la « cléricalisation » de l’institution. En effet, selon l’auteur, le mode de recrutement influence les rapports du clergé avec les laïcs et les prises de décision sur les questions de société dont l’importance de certaines échappe au clergé.”

Extrait de l’article de Jean-Marc GOGLIN du Bulletin théologique de l’INSR 

 

Un des points soulevés par l’auteur me semble particulièrement important: “On n’est pas obligé de penser l’homosexualité comme un défaut de masculinité, ni la virilité comme une preuve d’hétérosexualité.” (p 446). Quand Josselin Tricoud parle d’homosexualité, il ne parle pas forcément de sexualité active, mais bien d’ identité sexuelle fondamentale. On ne peut penser et  comprendre a thèse sans ce rappel nécessaire.

Josselin Tricou est sociologue et son livre, dérangeant, pose cependant de vraies question qu’on ne peut évacuer simplement parce qu’elles sont iconoclastes….

*Ajout Geo

  Geo

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Veuillez, chers frères évêques, entendre mon cri

Un article de Bernard Paillot du Bulletin Théologique de l’INSR de Rouen du 6 janvier 2023
https://wordpress.com/read/feeds/59927058/posts/4478334109 )   
Paru sur le site “Nous sommes aussi l’église” (https://nsae.fr/):

 

Lettre ouverte de Jean L’hour qui est prêtre des missions étrangères de Paris, exégète et enseignant et a …plus de 90 ans! Cet âge mérite d’être souligné car cela témoigne que les années n’ont pas altéré la vigueur de sa foi, sa pensée, son expression, et sa mémoire.
Oui, il a vécu et se souvient du déroulement et des textes élaborés par les Pères conciliaires. Il en a mesuré l’ouverture au monde au nom de l’Evangile.
Il fait partie de ceux qui ne voient pas seulement dans Vatican II un concile « pastoral » dans la continuité des conciles dogmatiques de Trente puis Vatican I, auxquels il conviendrait de revenir après une parenthèse éruptive.
Pour lui, et pas seulement, l’aggiornamento et la mission d’évangélisation ne sont pas dans une « restauration catholique » de que nombre de plus jeunes s’emploient à rétablir, attendant avec impatience que les témoins de sa trempe disparaissent.  Pour certains l’amnésie n’attend pas le nombre des années; mais pas chez Jean L’Hour.

 

Vous aurez beau entendre, vous ne comprendrez pas.
Vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas.
Car le cœur de ce peuple s’est épaissi,
Ils sont devenus durs d’oreille,
Ils se sont bouché les yeux
Pour ne pas voir de leurs yeux,
Pour ne pas entendre de leurs oreilles,
Ne pas comprendre avec leur cœur,
Et pour ne pas se convertir.
(Évangile de Matthieu 13,14-15)

https://eglise.catholique.fr/conference-des-eveques-de-france/

 

Chers frères évêques de l’Église de France, c’est avec colère et indignation, mais aussi avec affection, que moi, prêtre, je vous adresse cette lettre. Voilà des mois, des années, que vos silences et le seul souci de votre honorabilité couvrent d’innombrables turpitudes au cœur même de notre communauté chrétienne et jusque chez nos plus hauts responsables.

 

Réveillez-vous, je vous en prie, ouvrez les yeux et voyez, tendez l’oreille et entendez ! La communauté dont vous avez la charge est comme un troupeau sans pasteurs. Parmi vos brebis, il en est qui s’éloignent, d’autres qui cherchent à se réfugier dans un passé révolu. Et pendant ce temps l’Évangile de Jésus Christ n’est pas proclamé, la Bonne Nouvelle de Dieu pour le monde n’est plus entendue ! Nombreux encore, heureusement, sont les témoins de Jésus qui, dans la discrétion de leur vie quotidienne, maintiennent le flambeau. Je vous en prie, ne les découragez pas !

 

Comme Jean-Baptiste, commencez par vous dépouiller de tous vos oripeaux, ces reliques d’un temps pas si lointain où l’Église faisait peser son pouvoir sur nos sociétés. L’image encore toute récente de votre assemblée à Lourdes, avec vos mitres, vos chasubles, vos bagues, vos crosses, est par elle-même un contre témoignage qui fait injure à la pauvreté de Jésus aussi bien qu’à sa préférence pour les pauvres.

La même image, sans laïcs et surtout sans femmes, est aussi une injure faite à toute la communauté chrétienne. Vous la dominez, vous prétendez parler en son nom, mais vous ne la représentez pas. Et pourtant, sans ces bataillons d’hommes et de femmes que vous maintenez en bas de l’autel, que serait notre Église aujourd’hui ?

Il ne suffit plus, chers frères évêques, de vous rouler dans la cendre en demandant pardon, de prendre des mesures canoniques supposées adéquates aux maux que vous voulez guérir.
Il ne suffit plus de nous dire une fois encore que désormais les choses vont changer radicalement, que votre parole sera transparente.
Il ne suffit plus de faire appel à des experts, psychologues, conseillers en communication, juristes…
Il ne suffit même plus de prier.
Tout cela il fallait le faire, et c’est déjà un pas important, mais c’est encore gravement insuffisant, car vous ne vous attaquez là qu’aux symptômes du mal, non à ses causes profondes. Moyennant quoi vos remèdes ne sont que des cataplasmes sur un corps qui reste gravement malade.

 

Le « mal systémique » bien diagnostiqué par le Rapport Sauvé, dont souffre notre Église est profond en effet.
N’a-t-il pas sa source dans la sacralisation du sacerdoce qui place évêques et prêtres au-dessus du peuple ? N’a-t-il pas sa source dans le renvoi des femmes à l’étage du dessous, relégation héritée des sociétés patriarcales ?
N’a-t-il pas aussi sa source dans une peur viscérale de la sexualité perçue comme un danger dont il faut surtout se garder en tenant les femmes à distance ?
Sacralisé, le prêtre est intouchable pour les personnes vulnérables que sont les enfants, les handicapés ou, tout bonnement, les simples croyants. Mais la sacralisation de son état, et non seulement de son ministère, emprisonne le prêtre lui-même qui demeure avant tout un être humain avec toutes ses facultés, ses désirs et ses pulsions.

 

Chers frères évêques, regardez vos prêtres, écoutez-les, ayez pitié d’eux, ayez pitié de vous-mêmes et reconnaissons que nous tous de simples êtres humains. Que l’Esprit de Jésus Christ vous éclaire et vous donne l’audace d’inventer un nouveau ministère sacerdotal, non plus celui d’une caste lévitique à part du peuple, mais celui d’un service au sein de ce peuple.

 

Veuillez, chers frères évêques, entendre mon cri qui est aussi celui de beaucoup d’autres frères et sœurs, je vous le demande au nom de Celui qui est venu nous libérer afin que nous vivions. Veuillez croire aussi à mon affection et à ma prière fraternelles.

 

Jean L’Hour
Prêtre des Missions Etrangères de Paris
90 ans

 

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