Un nouveau document du dialogue théologique avec les Églises orthodoxes orientales
27 janvier 2023
La Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes orientales a publié un nouveau document intitulé « Les sacrements dans la vie de l’Église ».
Ce document reflète « un large consensus…, tant dans la théologie que dans la pratique des sacrements », consensus sur le fondement duquel il recommande un renforcement de la collaboration pastorale. Après une première partie sur la définition et la signification théologique des sacrements, la seconde partie du document traite des sept sacrements : sacrements d’initiation (baptême, chrismation/confirmation, eucharistie) ; sacrements de guérison (pénitence/confession, onction des malades) ; sacrements de service et d’engagement (mariage, ordres sacrés). La troisième partie formule quelques recommandations pour une plus grande coopération pastorale entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes orientales.
Le document, finalisé par la Commission lors de sa dernière session plénière, a été signé le 23 juin 2022 par le Cardinal Kurt Koch et l’Évêque copte orthodoxe Kyrillos de Los Angeles, co-présidents de la Commission.
Recevant les membres de la Commission le même jour, le Pape François s’est félicité de l’adoption du document « qui démontre l’existence d’un large consensus et qui, avec l’aide de Dieu, pourrait marquer un nouveau pas en avant vers la pleine communion ». Le Saint-Père a encouragé à approfondir « un œcuménisme pastoral », demandant si « sur la base du consensus théologique révélé par votre Commission, ne serait-il pas possible d’étendre et de multiplier ces accords pastoraux, surtout dans des contextes où nos fidèles se trouvent en situation de minorité et de diaspora ».
INSTALLATION DE LA COMMUNAUTÉ « AT THE CROSSING » A LA CATHEDRALE ST JOHN THE DIVINE 0 NEW YORK
Mettre en commun les dons et les charismes de chacune de nos dénominations chrétiennes
La Communauté du Chemin Neuf a été accueillie jeudi 8 septembre 2022 au sein de la cathédrale épiscopalienne St John the Divine à New York (USA) .
Elle est appelée à collaborer avec l’Eglise épiscopalienne de New-York pour démarrer la communauté « At the Crossing », inspirée par ce qui se vit à Lambeth Palace à Londres depuis 2015 au cœur de la Communion anglicane, dans la Communauté St Anselme.
L’Archevêque de Cantorbéry, Justin Welby avait alors appelé la Communauté du Chemin Neuf en son sein, pour collaborer avec la communion Anglicane et donner aux jeunes une profonde expérience de prière, de service et de vie en communauté. Cette expérience oecuménique a transformé tant les jeunes qui ont participé chaque année à ce programme, que tous ceux qui les ont accompagnés.
Cette expérience renouvelante pour l’Eglise est donc appelée à se multiplier, et c’est à New York qu’elle prend actuellement racine. Soeur Hannah Spiers témoignait en Mars 2022 dans la Revue FOI de l’enjeu de vivre à la suite du Christ, d’évangéliser, « d’être appelés à une certaine pauvreté dans la ville la plus riche du monde ».
A l’occasion de la célébration de bienvenue de la Communauté du Chemin Neuf, tous ont eu la joie d’écouter tant le Pape François que le Révérend Justin Welby et le Révérend Mickael Curry, enthousiasmés par la naissance de la communauté « At the Crossing » et par le désir de mettre en commun les dons et les charismes de chacune de nos dénominations chrétiennes.
Etaient présents et accueillis officiellement: le Père François Michon, supérieur général de la Communauté, le Père Etienne Vétö, le Père Jean-David Carossio, Soeur Lysanne Guilbaud et Soeur Hannah Spiers, de la Communauté du Chemin Neuf,.
Se laisser interrompre par Dieu
La Communauté « At the Crossing » sera composée de jeunes entre 20 et 30 ans de toutes confessions chrétiennes et qui choisissent de prendre une année à part, une année de césure, loin de leurs repères habituels, de se laisser interrompre par le Seigneur. Ainsi, en Lui donnant la première place, il devient possible de transformer le monde. La vie quotidienne et hebdomadaire sera composée d’étude, de prière personnelle et communautaire, de service auprès des plus pauvres, de vie communautaire. Deux temps de retraite en silence seront proposés durant l’année. Il y a deux manière de s’engager dans cette radicalité : soit en intégrant à plein temps la Communauté dans la Cathédrale St John the Divine, soit en intégrant la vie d’étude, de prière, de vie communautaire dans une vie professionnelle ou étudiante.
Unité des Chrétiens
La vocation de la Communauté du Chemin Neuf est l’unité, l’oecuménisme. L’unité est le débordement de la vie communautaire et cela commence par participer à ce que nous pouvons déjà faire ensemble, ce qui donne de l’espoir et ouvre des portes pour naviguer dans nos différences.
La Communauté « At the Crossing » cherche et construit l’unité en :
permettant la rencontre et la meilleure connaissance de nos différentes Eglises
priant pour relancer le dialogue entre les différentes confessions chrétiennes
Depuis le moment où il a voyagé sur la terre, et même dans ce moment présent, Jésus adresse sans cesse ces paroles à chaque être humain. La vie, les paroles et les actions de Jésus sont une invitation constante au mouvement – d’un lieu physique à un autre, d’un groupe de personnes à un autre, d’un état d’esprit à un autre. Surtout, au milieu des problèmes du monde, Jésus nous appelle à venir à lui et à demeurer dans son amour, un amour qui est offert pour le monde entier (cf. Mt 11, 28).
Le tout dernier livre de la Bible, l’Apocalypse, parle des forces anciennes de la souffrance humaine à l’œuvre dans le monde : la guerre, la mort, la maladie et la famine. Alors que l’assemblée du Conseil œcuménique des Églises s’est réunie à Karlsruhe en 2022, nous étions conscients de leurs manifestations dans le monde d’aujourd’hui. Dans leur sillage viennent l’injustice et la discrimination, où ceux qui ont le pouvoir l’utilisent souvent pour opprimer les autres plutôt que pour construire l’inclusion, la justice et la paix.
Les individus, les peuples et les pays sont également confrontés à des catastrophes découlant directement d’une relation irresponsable et brisée avec la création qui a conduit à l’injustice écologique et à la crise climatique. Alors que l’urgence climatique s’accélère, il en va de même pour les souffrances vécues par les personnes appauvries et marginalisées.
Tout en poursuivant notre pèlerinage ensemble en tant qu’assemblée du Conseil œcuménique des Églises, notre humeur a été celle de l’anticipation et de l’espérance, et même de la joie, car par la puissance de l’Esprit Saint, l’invitation du Christ reste ouverte à tous, en fait à toute la création.
« L’amour du Christ pousse le monde vers la réconciliation et l’unité. » Cet amour, en réponse aux cris de ceux qui souffrent, nous oblige à venir à lui dans la solidarité et à répondre et à agir pour la justice. Nous sommes appelés à nous réconcilier dans l’amour de Dieu et à témoigner de cet amour révélé en Christ (1 Jean 4:9-11).
La réconciliation est un mouvement vers Dieu et les uns vers les autres. Cela implique une volonté d’écouter Dieu et les uns les autres. C’est une conversion du cœur, de l’égoïsme et de l’apathie à l’inclusion et au service, reconnaissant notre interdépendance avec la création.. Nous confessons que, même si nous désirons de tout notre cœur servir Dieu et notre prochain, nous nous sommes retrouvés défaillants, en désaccord et parfois en marchant dans des directions opposées. Nous confessons que nous avons besoin de la puissance transformatrice de l’amour du Christ pour nous rendre dans un monde vraiment réconcilié et uni. . .
Les chrétiens, et les structures que nous avons construites, ont été complices des abus des autres, et nous devons nous repentir et nous joindre à ce mouvement de réconciliation. Face à la guerre, à l’inégalité et aux péchés contre la création aujourd’hui, l’amour du Christ nous appelle tous au repentir, à la réconciliation et à la justice
Notre voyage ensemble
Au milieu de toute notre diversité, nous avons réappris dans notre assemblée qu’il y a un pèlerinage de justice, de réconciliation et d’unité à entreprendre ensemble ;
En nous réunissant en Allemagne, nous apprenons le coût de la guerre et la possibilité d’une réconciliation;
En écoutant ensemble la parole de Dieu, nous reconnaissons notre appel commun ;
En écoutant et en parlant ensemble, nous devenons des voisins plus proches;
En nous lamentant ensemble, nous nous ouvrons à la douleur et à la souffrance de l’autre;
En travaillant ensemble, nous consentons à une action commune
En célébrant ensemble, nous nous réjouissons des joies et des espoirs de chacun;
En priant ensemble, nous découvrons la richesse de nos traditions et la douleur de nos divisions.
« Allez dans le monde entier »
Depuis son ascension au ciel, et même en ce moment présent, le Christ donne sans cesse ce commandement à tous ceux qui le suivent
Comme la réconciliation nous rapproche de Dieu et les uns des autres, elle ouvre la voie à une unité fondée dans l’amour de Dieu. En tant que chrétiens, nous sommes appelés à demeurer dans l’amour du Christ et à être un (Jean 17). Une telle unité, qui est un don de Dieu, qui naît de la réconciliation et qui est fondée sur son amour, nous permet de faire face aux problèmes urgents du monde. Nous trouverons la force d’agir à partir d’une unité fondée sur l’amour du Christ, car elle nous permet d’apprendre ce qui fait la paix, de transformer la division en réconciliation et de travailler à la guérison de notre planète vivante. L’amour du Christ nous soutiendra tous dans la tâche d’embrasser tout le monde et de surmonter l’exclusion.
Nous avons goûté à l’expérience d’un tel amour que nous avons rassemblés dans 352 Églises membres avec nos partenaires œcuméniques, des amis d’autres communautés religieuses et de toutes les régions du monde pour rechercher l’unité au milieu de notre diversité. Ensemble, nous avons écouté des voix souvent marginalisées dans le monde : les femmes, les jeunes, les personnes handicapées, les peuples autochtones
Nous aspirons à un mouvement plus large, à la réconciliation et à l’unité de toute l’humanité, et même du cosmos tout entier. Ce serait une unité dans laquelle Dieu établit la justice, un lieu égal pour tous, à travers lequel la création peut être renouvelée et fortifiée. Nous comptons sur l’amour du Christ pour agir et plaider en faveur de la justice climatique. Nous joignons nos voix à l’assemblée d’Amsterdam (1948) selon laquelle « la guerre est contraire à la volonté de Dieu » et à l’assemblée de Nairobi (1975) selon laquelle « le racisme est un péché contre Dieu ». Nous déplorons de devoir répéter ces déclarations.
Dans notre assemblée, nous avons utilisé beaucoup de mots, mais à partir de ceux-ci, nous avons façonné une nouvelle détermination. Maintenant, nous demandons l’aide de Dieu pour transformer nos engagements en actions. Nous nous engageons à travailler avec toutes les personnes de bonne volonté. En réfléchissant aux fruits de notre travail à Karlsruhe, nous invitons tous à devenir des pèlerins ensemble.
Que reste – t – il de l’Assemblée du COE à Karlsruhe ? Quelles décisions ont été prises ? Quelles suites à attendre ?
Après l’Assemblée du COE, Serge Fornerod, Directeur des relations extérieures des « Eglises Evangéliques Réformées de Suisse », a fait un bilan. Que pouvons-nous apporter de Karlsruhe ? Quels sont les documents les plus importants ? Un résumé.
Une Assemblée du COE est un événement spirituel avant que d’être un rassemblement politique. Elle donne des impulsions à moyen terme, elle met ou remet des sujets à l’ordre du jour des Eglises ou du mouvement œcuménique plus qu’elle ne prend des décisions contraignantes.
Comment pourrait-il en être autrement avec une Assemblée de près de 900 délégués avec droit de vote qui ne se réunit que tous les 8 ans, élabore ses documents finaux pendant un week-end, les fait adopter au pas de charge et avec une méthode de consensus exigeante ? Toute autre attente face à une telle Assemblée est non seulement irréaliste, mais potentiellement exposée à des intentions populistes.
Ceci dit, l’Assemblée reçoit et reflète très fidèlement les soucis, souffrances et menaces auxquelles les Eglises et le monde sont exposés ou confrontés très directement. Ces dossiers sont traités dans les documents finaux sous divers angles, élaborés dans les Comités de l’Assemblée : celui du message de l’Assemblée, celui des lignes directrices pour les programmes du COE, les recommandations des « conversations œcuméniques » et celui des affaires publiques essentiellement.
Ils dessinent:
A_L’agenda du COE pour les prochaines années:
L’urgence climatique
Elle a été soulignée à plusieurs reprises, en particulier la nécessité d’une action rapide et radicale, telle que réclamée par la forte délégation de jeunes présents à Karlsruhe.
pour trouver des alliés (dans la société civile, auprès de partenaires interreligieux ou de nouveaux partenaires œcuméniques) et des solutions à des conflits qui touchent directement les Eglises.
La présence d’une délégation d’Ukraine très visible et vocale a souligné la solidarité du COE avec les victimes ; pour autant, on ne peut pas dire qu’un dialogue ait eu lieu entre les délégués ukrainiens et russes ou n’ait été même été possible dans ces circonstances. La responsabilité de la guerre a été clairement exprimée à plusieurs reprises. Le ton relativement modéré du document final a été justifié par le modérateur de cette commission par la priorité mise pour maintenir la porte de la discussion avec l’EOR ouverte. La question de savoir dans quelle mesure l’Eglise orthodoxe russe est complice dans ce conflit ne peut pas être entièrement séparée de celle de savoir dans quelle mesure elle est aussi otage du gouvernement et d’une partie de sa propre tradition. Le fait que de nombreuses Eglises du Sud aient exprimé leur peu de compréhension sur le fait que cette guerre en Europe devrait être traitée autrement qu’une autre guerre doit être entendu.
L’emploi du mot « apartheid » pour décrire la politique israélienne vis-à-vis des Palestiniens n’a pas obtenu le soutien escompté, et l’Assemblée n’a pu que constater le désaccord profond sur ce sujet. Mais le COE va poursuivre son observation attentive de la situation et son soutien aux Eglises locales. Mais cette déclaration met aussi l’accent sur les autres pays de la région et la nécessité d’une approche et d’un apaisement de toute la région pour trouver une solution durable au drame palestinien.
La poursuite du dialogue et de la formation théologique en vue de l’unité
avec l’Eglise catholique et l’élargissement de ce dialogue à d’autres acteurs confessionnels (World Evangelical Alliance, World Pentecostal Fellowship…) ou des plateformes (Global Christian Forum, Religions for peace…), devenus des partenaires à part entière pour agir ensemble.
le travail de fond contre le racisme, les discriminations, le non-respect des droits humains: Statement on confronting racism and xenophobia, overcoming iscrimination, ensuring belonging (PIC 01.05 rev)
le suivi de crises, conflits ou sujets oubliés ou en danger de l’être : Haut-Karabach, les peuples indigènes, la séparation des deux Corées, la Papouasie occidentale, le génocide contre les Syriaques. (PIC 01.06-01.10)
B : Mais il s’agissait aussi de faire l’état des lieux interne des Eglises, de leur témoignage à l’Evangile et de leur foi dans ce contexte.
Et là aussi, des choses fortes ont été dites à l’intention du nouveau Comité Central. Cela a été synthétisé au mieux dans le « message de l’Assemblée ». J’en retiendrais trois :
Un message de résilience et d’action.
Tels ont été les mots de la modératrice sortante, Dr. Agnès Abuom. Cette mention de la résilience me parait caractéristique de l’assemblée de Karlsruhe par rapport à d’autres. Résilience, non seulement à cause du COVID-19, des gros défis auxquels il a confronté non seulement les Eglises mais le COE lui-même. Cela a infligé une lourde incertitude jusqu’à la dernière minute à l’organisation. Mais aussi parce que l’incertitude, la peine, voire la souffrance caractérisent aussi le travail même du COE et des Eglises dans bien des domaines :
l’aggravation de la crise climatique,
la guerre en Ukraine,
l’accroissement des situations de crise dans les Eglises et sur la planète,
la modestie des résultats effectifs dans le rapprochement dogmatique, ecclésiologique ou éthique,
l’accroissement des partenaires de dialogue et de collaboration stratégique sans possibilité d’accroître proportionnellement les ressources,
la fragilité vécue et avouée des progrès réussis par les Eglises et le COE dans plusieurs domaines,
la faiblesse, la vulnérabilité du témoignage chrétien et de sa capacité à changer les grandes choses du monde.
Tout ceci, et bien d’autres choses encore ont été en filigrane de l’Assemblée, ont créé une ambiance recueillie et sobre et ont renforcé l’appel à l’action. Le message de l’Eglise au monde est d’abord celui d’une humilité assumée et d’un appel au changement des consciences.
Un appel à agir ensemble maintenant :«l’amour du Christ nous presse.» (2 Co 5,14).
Le titre du message de l’Assemblée capte bien l’urgence exprimée si passionnément par les jeunes (mais pas seulement), aussi bien sur l’urgence climatique que sur la progression de l’œcuménisme ou la place accordée aux voix des jeunes et des femmes, quitte à casser les codes de procédure bien rodés. L’assemblée ne pouvait pas ne pas entendre ce message. Ce cri est porté non seulement par l’urgence, mais aussi et surtout par l’espoir et la confiance en un Dieu qui n’abandonnera pas son Eglise ni sa création. L’espoir exprimé a surpassé le cri. L‘éthique chrétienne comme une culture alternative à celles du monde et des puissants a été réaffirmée avec force.
Le passage central du message de l’Assemblée le dit ainsi :
En nous réunissant en Allemagne, nous avons appris le coût de la guerre et la possibilité de la réconciliation; En entendant la parole de Dieu ensemble, nous reconnaissons notre vocation commune; En nous écoutant et en nous parlant les unes les autres, nous nous rapprochons; En nous lamentant ensemble, nous nous ouvrons aux douleurs et aux souffrances des autres; En travaillant ensemble, nous acceptons l’action commune; En célébrant ensemble, nous nous réjouissons de nos joies et de nos espérances respectives; En priant ensemble, nous découvrons la richesse de nos traditions et la douleur de nos divisions.
« La justice, c’est ce à quoi ressemble l’amour dans la sphère publique »
a affirmé la Co-modératrice de la Commission Foi et Constitution, Susan Durber [1]. La déclaration sur l’unité explicite la formule souvent entendue pendant l’Assemblée de « l’œcuménisme du cœur »
Il est important de rappeler suivant quel processus la Fédération Protestante de France désigne son président- peut-être un jour sa présidente…
« A chaque échéance, le Conseil sortant de la FPF demande aux Eglises de lui proposer des noms de personnes capables de composer le Conseil à venir, explique Jean-Arnold de Clermont. Pour éviter de désigner quelqu’un qui se rétracterait, le conseil sortant demande aussi aux Eglises de lui suggérer le nom d’une personne pour le poste de président. »
Au sein de la liste ainsi constituée, le Conseil élit le futur président. Cette année, Christian Krieger a bénéficié d’une élection très large, malgré quelques tensions préalables, vite résolues. Même si les statuts n’imposent rien, la coutume veut qu’un évangélique succède à un luthéro-réformé.
Cette fois-ci, cela n’est pas le cas, puisque Christian Krieger est également réformé. Ses compétences et son charisme auraient dû permettre à Valérie Duval-Poujol d’accéder à la présidence de la FPF. Mais cette théologienne baptiste unanimement reconnue n’est pas pasteure et l’on peut penser qu’en ces temps de représentations religieuses, un tel manque ait pu devenir un obstacle. Ceci étant posé, Christian Krieger va demeurer président de la Conférence des Eglises Européennes (CEC) jusqu’au début de l’année 2023. Durant les six mois de transition, la vice-présidente de la Fédération, qui n’est autre que Valérie Duval Poujol, tiendra un rôle prépondérant.
Des garde-fous
Volontiers taquins, les protestants aiment affirmer que le président de la Fédération Protestante de France ne préside pas le protestantisme. Est-ce tout à fait juste?
« C’est ambigu, commente Jean-Arnold de Clermont. Certes, il n’est que le président d’un Conseil qui, lui, prend un certain nombre des décisions au nom du protestantisme français. Mais un président de la Fédération, quand la situation l’exige, peut engager le protestantisme sans en référer à son Conseil. Ainsi, le jour où George Bush a décidé de lancer son pays dans la guerre en Irak, le président de la FPF que j’étais s’est senti absolument libre de se déplacer avec une délégation de l’Union européenne à Washington. Bien entendu, mon choix faisait l’unanimité ou presque ; si cela n’avait pas été le cas, j’aurais sans doute sollicité l’avis du Conseil. Mais cela vous montre que le président de la FPF possède une vraie liberté d’action. »
L’exercice de pareilles responsabilités suppose des garde-fous, non seulement sur un plan institutionnel, mais encore sur un plan moral. «Quand j’ai été désigné, en 2003, j’ai écrit à cinq ou six amis protestants pour leur dire que la responsabilité qui m’incombait désormais exigeait du recul et donc je leur ai demandé de m’accorder leur point de vue, confidentiellement. Je crois essentiel de bénéficier d’un avis dénué d’arrière-pensées. »
Le poids des réseaux sociaux, des chaînes d’information continue, rend l’exercice de responsabilités publiques de plus en plus complexe. « Un président forme avec la personne chargée de la communication ce qu’on peut appeler un tandem, admet Jean-Arnold de Clermont. Bien sûr, il serait malvenu que celle-ci prenne part aux décisions assumées par celui-là. Mais que les propos tenus en public puissent être évalués, pesés par une personne spécialiste des médias est une absolue nécessité. Je note au passage que les personnes chargées de la communication auprès du président de la FPF ont toujours quitté leur fonction en même temps que celui-ci, tout simplement parce que la coordination ne pouvait pas s’adapter au successeur. »
Quand on demande à Jean-Arnold de Clermont s’il a souffert de ne plus être président de la Fédération Protestante de France, il répond que bien sûr il était préparé au départ et qu’il a surtout veillé à ne jamais interférer dans les affaires de son successeur. Nul ne doute qu’il en ira de même de la part de François Clavairoly.
Le théologien orthodoxe Kallistos Ware, métropolite de l’archidiocèse de Thyateira et de Grande-Bretagne, du patriarcat œcuménique de Constantinople, est décédé le 24 août 2022 à l’âge de 87 ans, à Oxford.
Mgr Kallistos Ware (né Timothy Ware le 11 septembre 1934 en Angleterre, à Bath, Somerset) a été élevé dans la foi de l’Église Anglicane. En 1958, à l’âge de 24 ans, il est devenu membre de l’Église orthodoxe.
En 1966, il est ordonné prêtre au sein du Patriarcat œcuménique et est tonsuré comme moine sous le nom de Kallistos.
Dans la même année 1966, il est devenu conférencier en études orthodoxes à l’Université d’Oxford, un poste qu’il a occupé pendant 35 ans jusqu’à sa retraite. En 1970, il a été nommé Fellow au Pembroke College à Oxford et en 1982 il est consacré évêque, devenant évêque auxiliaire avec le titre d’ « évêque de Diokleia », avec la tâche d’assister dans ses fonctions l’évêque de l’archidiocèse de Thyateira et de Grande Bretagne (Patriarcat œcuménique).
Malgré sa consécration, Ware est resté à Oxford et a continué à accomplir ses deux fonctions de prêtre de paroisse de la communauté grecque orthodoxe et aussi de conférencier à l’Université. Depuis sa retraite en 2001, il a continué à publier et à donner des conférences sur l’Orthodoxie. Jusqu’à il y a peu de temps, il a été le président du directoire de l’Institute for Orthodox Christian Studies de Cambridge. Il a été le président du groupe des Amis de l’Orthodoxie de l’île de Iona et des Amis du Mont Athos
Le 30 mars 2007, le Saint Synode du Patriarcat œcuménique a élevé le Diocèse de Diokleia au rang de métropole et Mgr Kallistos au rang de Métropolite de Diokléia.
Mgr Kallistos Ware est surtout connu comme l’auteur de The Orthodox Church publié en 1963, avant son ordination à la prêtrise, ouvrage plusieurs fois révisé. La dernière édition de ce livre en français sous le titre L’Orthodoxie : l’Église des sept Conciles est publiée par les Éditions du Cerf en 2002 et reste un ouvrage de référence pour la compréhension de l’Orthodoxie
Les faits Quatre cent cinquante ans après le massacre de la Saint-Barthélemy, la ville de Paris dédie un jardin du 1er arrondissement aux protestants assassinés le 24 août 1572 et les jours suivants. Un lieu choisi pour son emplacement au cœur du quartier du Louvre, point de départ de cette tuerie emblématique des guerres de Religion.
Le Pape François a développé trois perspectives œcuméniques sur le chemin de la pleine communion, devant les membres de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes orientales [1].
Après une introduction de Mgr Kyrillos, évêque copte catholique d’Assiout (centre de l’Égypte), le Pape François a partagé trois réflexions avec les membres de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes orientales. Ces derniers sont sur le point de conclure une étude sur les sacrements, qui démontre «l’existence d’un large consensus», pouvant marquer un nouveau pas vers la pleine communion, selon François.
Étendre les accords pastoraux aux minorités et diasporas
Premièrement, l’œcuménisme est essentiellement baptismal.
«C’est dans le baptême que nous trouvons le fondement de la communion entre les chrétiens et l’aspiration à la pleine unité visible».
Deuxièmement, l’œcuménisme a toujours un caractère pastoral.
Parmi les Églises partageant la succession apostolique, le large consensus constaté par la Commission non seulement sur le baptême, mais aussi sur les autres sacrements, doit encourager à approfondir un œcuménisme pastoral. En ce sens, le Pape rappelle que même sans être en pleine communion, des accords pastoraux ont déjà été signés avec certaines Églises orthodoxes orientales, qui permettent aux fidèles de participer aux moyens de grâce. (Unitatis redintegratio, 8).
Deux exemples :
la déclaration commune signée en 1984 par le Pape Jean-Paul II et le patriarche Mar Ignatius Zakka I Iwas de l’Église syrienne orthodoxe d’Antioche, qui autorise, dans certaines circonstances, les fidèles à recevoir les sacrements de la pénitence, de l’eucharistie et de l’onction des malades dans l’une ou l’autre communauté,
et l’accord sur les mariages mixtes conclu en 1994 entre l’Église catholique et l’Église syrienne orthodoxe malankare.
«Tout cela a été possible en regardant la réalité concrète des membres du Peuple de Dieu et leur bien, supérieur aux idées et aux différences historiques: l’importance que personne ne soit laissé sans les moyens de la Grâce».
Le Pape émet ainsi la possibilité d’étendre et de multiplier ce type d’accords pastoraux, notamment dans des contextes où les fidèles sont en situation de minorité ou de diaspora.
Trois rites très différents sont pratiqués parmi les églises chrétiennes orientales : le rite arménien professé par l’Église apostolique arménienne, le rite syriaque occidental de l’Église syriaque orthodoxe et de l’Église malankare orthodoxe syrienne, et le rite alexandrin employé par les coptes égyptiens, éthiopiens et érythréens
Le 39e Prix Niwano[1] de la paix a été attribué à Michael Lapsley, prêtre missionnaire anglican et militant pour la justice sociale et anti-apartheid, pour ses efforts de consolidation de la paix non violents et multiconfessionnels. « Ses activités de guérison basées sur une approche de justice réparatrice, le dialogue et la réconciliation continuent de contribuer à la guérison des Sud-Africains ainsi que de nombreux autres partout dans le monde », lit-on dans le texte présentant le lauréat.
Le fr. Lapsley a reçu le prix lors de la cérémonie de remise à Tokyo, au Japon, mardi 14 juin 2022.
Michael Lapsley est né le 2 juin 1949 en Nouvelle-Zélande. En 1971, il a rejoint l’ordre religieux de la Society of the Sacred Mission (SSM) en Australie. Il a été ordonné prêtre en 1973.
Il est allé en Afrique du Sud au plus fort de l’apartheid et a commencé son travail d’aumônier dans les campus noirs. Il a élevé la voix pour les étudiants noirs qui étaient abattus, détenus et torturés.
En raison de son implication dans des activités anti-apartheid, il a été expulsé d’Afrique du Sud, mais il en a profité pour parcourir le monde pour sensibiliser contre le racisme et mobiliser le soutien au mouvement anti-apartheid en Afrique du Sud.
En 1990, il a subi de graves blessures : la perte des deux mains, la perte de la vue de l’œil droit et de graves brûlures causées par l’explosion d’une lettre piégée.
Michael Lapsley était l’aumônier du Trauma Center for Victims of Violence and Torture en 1993.
Il a fondé, au Cap, en Afrique du Sud, l’Institute for Healing of Memories (IHOM), et en est devenu le directeur en 1998. Depuis, il poursuit le travail de l’Institut en Afrique du Sud et à l’international en organisant des forums communautaires pour lutter contre la xénophobie et la violence contre les réfugiés, des ateliers pour les prisonniers, des séances de dialogue et d’autres activités de consolidation de la paix.
Son atelier de Guérison des mémoires offre un espace d’expression, d’écoute et de partage entre des personnes et/ou des groupes qui ont été touchés par des situations d’abus et de violences, judiciarisées ou non judiciarisées et qui veulent être entendus avec compassion.
Marina Droujinina
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[1] Le prix Niwano porte le nom du fondateur et premier président de l’organisation bouddhiste laïque Rissho Kosei-kai, Nikkyo Niwano (1906-1999).
La Fondation Niwano pour la paix (Niwano Peace Foundation) a été fondée en 1978. Elle promeut les recherches qui se fondent sur le sentiment religieux et servent la cause de la paix dans des domaines tels que l’éducation, les sciences, la religion et la philosophie.
Le prix Niwano encourage les personnes et les organisations qui ont contribué de manière significative à la collaboration interreligieuse et à la cause de la paix dans le monde.
Le pasteur réformé Christian Krieger a été élu président de la Fédération protestante de France (FPF).
Le 1er juillet 2022, il succédera au pasteur François Clavairoly en poste depuis 2013.
Christian Krieger, né en 1964, est vice-président de la Fédération protestante de France de 2015 à 2019.
Il préside l’Église protestante réformée d’Alsace et de Lorraine (EPRAL) depuis 2012, vice-président de l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine, et président de la Conférence des Églises européennes (CEC) depuis juin 2018.
Il est élu en octobre 2021 à la présidence de la Fédération protestante de France, prenant ainsi la succession du pasteur François Clavairoly à partir du 1er juillet 20223.
Biographie
Formation
Christian Krieger naît en 1964 dans le pays de Hanau (Bas-Rhin), au sein d’une famille protestante très engagée dans la vie de son église. Très tôt, il trouve sa vocation de pasteur. Il mène de front des études de théologie au séminaire d’une œuvre missionnaire imprégnée du Réveil piétiste du XIXe siècle en Allemagne du nord (Hermannsburg) et à la faculté de théologie protestante de Strasbourg. Son mémoire de maîtrise est consacré à la règle de saint Benoît, sous la direction de Marc Lienhard. Il complète sa formation universitaire par un diplôme d’études approfondies (DEA) de théologie protestante et un diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS). Il reste fidèle à cette formation historique en contribuant à l’édition des lettres de Martin Bucer dirigée par Matthieu Arnold.
Fonctions pastorales
Il entre au service de l’Église luthérienne d’Alsace-Lorraine, et effectue son stage pro ministerio auprès du pasteur Fritz Westphal à la paroisse Saint-Pierre-le-Jeune de Strasbourg. En septembre 1995, ordonné pasteur, il est nommé pasteur de la Église réformée du Bouclier de Strasbourg. Il y exerce son ministère pendant 17 ans, en portant une attention particulière au développement du travail de jeunesse, de la formation théologique et biblique ainsi que de la vie communautaire. Durant ce ministère, il pilote la construction de l’orgue Thomas, un instrument d’esthétique thuringienne (région de jeunesse du compositeur protestant Jean-Sébastien Bach) de renommée mondiale.
Passionné d’éthique, de justice sociale et de questions sociétales, différents engagements accompagnent son ministère pastoral, dont notamment :
l’accompagnement spirituel et théologique d’une équipe des Entrepreneurs et dirigeants chrétiens (EDC, mouvement catholique à dimension œcuménique), de 2002 à 2018 ;
la présidence de l’association gérant l’hebdomadaire protestant régional Le Messager (tirant à 7 000 exemplaires), de 2003 à 2006 ;
la coordination de stages de DESS à la Faculté de théologie protestante de l’Université de Strasbourg (assurant dans ce cadre, en collaboration avec Isabelle Grellier, des sessions de relecture théologique et de formation), de 2001 à 2005 ;
la présidence d’une association d’accueil, d’accompagnement en vue de leur insertion sociale pour femmes ‘Le Home Protestant’. Sous sa présidence, l’association a connu en fort développement, passant d’une capacité d’hébergement de 49 à plus de 200 lits, d’une petite vingtaine à plus de 70 employés, depuis 2005.
Fonctions administratives
En juin 2012, il est élu à la présidence du conseil synodal de l’Église réformée d’Alsace-Lorraine. Dans ce cadre, pour préparer le 500ème anniversaire de la Réforme, il a organisé un travail synodal pour se réapproprier le langage des 3 soli (sola gratia, sola fide, sola scriptura). Il a par ailleurs piloté la création d’une exposition dédiée à Adélaïde Hautval, femme médecin protestante reconnue Juste parmi les Nations, présentée dans de nombreux lieux en région et à l’international. Intégrant qualité de nombreuses instances, son ministère a alors développé une orientation plus institutionnelle et intensifié son engagement œcuménique.
Également vice-président de l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine, il a présidé la commission œcuménique de l’UEPAL, piloté les réflexions sur l’avenir du ministère pastoral, ainsi que le projet de création d’un enseignement religieux à l’école visant l’éducation au dialogue interreligieux et interculturel. Par ailleurs, il est membre du Conseil des Églises de Strasbourg, du comité de la Conférence des Églises riveraines du Rhin (groupe régional de la Communion des Églises protestantes en Europe) et du comité de la Communion protestante luthéro-réformée en France (CPLR).
Au plan national,
il est membre du conseil de la Fédération protestante de France (FPF) dont il a été le Vice-président de 2015 à 2019 et membre du Conseil d’Églises chrétiennes en France. Au sein de la FPF, il a notamment piloté avec Valérie Duval-Poujol un important travail sur le lien fédératif visant à apaiser les tensions surgies entre les Églises évangéliques et luthéro-réformées autour de la question de la bénédiction de couples mariés de même sexe. Ses qualités d’écoute et de synthèse ont permis de produire un nouvel élan pour cette instance si nécessaire et utile au protestantisme français. Engagé dans la commission des relations avec le judaïsme de la FPF, il est l’auteur de la déclaration fraternelle au Judaïsme « Cette mémoire qui engage » remise dans le cadre du 500e anniversaire de la Réforme protestante.
Au plan international,
il est depuis 2013 l’un des membres du comité de direction de la Conférence des Églises européennes (CEC). Européen convaincu il a développé une bonne connaissance du fonctionnement de cet organisation de coopération œcuménique et de ses enjeux contemporains.
Élu à la présidence de la CEC en juin 2018, son mandat est particulièrement dédié à redéfinir le profil stratégique de la CEC et à conforter la portée de la voix des Églises auprès des institutions européennes
Il est par ailleurs co-président du groupe de suivi des accords de Reuilly (accords bilatéraux entre les Églises luthériennes et réformées de France et les Églises anglicanes de Grande-Bretagne et d’Irlande).
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