Église Vieille-Catholique de l’ Union d’ Utrecht

L’Église Vieille-Catholique,
dite aussi Union catholique internationale d’Utrecht

Elle regroupe depuis 1870 des fidèles qui s’affirment catholiques mais qui refusent le dogme de l’infaillibilité pontificale et surtout la juridiction universelle de l’évêque de Rome. Ces Églises autocéphales se sont rassemblées à partir de 1889 et forment une unité autour de l’IBK (Internationalen Altkatholischen Bischofskonferenz, en français Conférence internationale des évêques vieux-catholiques ou CIE) sur la base de la Déclaration d’Utrecht. Les membres de cette Église, particulièrement en Suisse, préfèrent la dénomination Église catholique-chrétienne. Il existe aussi d’autres groupes se proclamant « vieux catholiques », mais qui ne sont pas membres de l’Union d’Utrecht.

Historique

L’Église « vieille-épiscopale » d’Utrecht

L’Église catholique dans les Provinces-Unies (Hollande) avait été profondément désorganisée par la Réforme, au point que Rome avait dissous les évêchés. Mais il subsistait d’importantes communautés catholiques placées sous l’autorité du vicaire apostolique de la Mission de Hollande. Les offices étaient célébrés en secret et les laïcs avaient aussi un poids plus grand dans le gouvernement de l’Église.

En 1691, les Jésuites accusent le vicaire apostolique Petrus Codde de favoriser l’hérésie janséniste. Clément XI le suspend de ses fonctions de vicaire apostolique en 1701. Il refuse de se soumettre, jusqu’à sa démission en 1703. Ajoutons que les Jansénistes fuyant la persécution exercée par Louis XIV contre eux étaient relativement nombreux sur le territoire relevant de sa juridiction. Ils profitaient, comme beaucoup, du climat de relative tolérance religieuse existant aux Provinces-Unies. Cette présence s’accrut encore à partir de 1713 et de la proclamation de la Bulle Unigenitus par Clément XI.

Mgr Varlet

 

Mgr Dominique-Marie Varlet, évêque in partibus de Babylone, consécrateur des premiers archevêques vieux-catholiques d’Utrecht

 

 

En 1723, les Chanoines d’Utrecht, insatisfaits du vicaire apostolique nommé par Rome, décident d’élire Cornelius Steenoven comme archevêque d’Utrecht. Il est consacré évêque par Mgr Dominique Marie Varlet, un ancien évêque coadjuteur de Bossuet, qui avait été écarté de sa charge pour jansénisme et nommé évêque in partibus de Babylone. Le Pape répliqua par une excommunication du nouvel archevêque et de ses fidèles. La rupture avec le Saint-Siège est consommée. Cette rupture s’accentua encore quand un évêché catholique romain fut rétabli à Utrecht en 1851, puis le rejet par l’Église vieille-épiscopale d’Utrecht du Syllabus en 1864, ainsi que des dogmes de l’Immaculée conception et surtout de l’Infaillibilité pontificale.

Les conséquences de Vatican I

La proclamation du dogme de l’Infaillibilité pontificale en 1870 est rejetée par un certain nombre de fidèles et de prêtres, particulièrement dans les pays germaniques (Allemagne, Autriche, Suisse). Dans ces pays, des Églises se mettent en place à partir des réseaux de catholiques libéraux qui existaient auparavant. Dès le début, l’Archevêque “Vieil-épiscopal” d’Utrecht propose son assistance spirituelle et sacramentelle à ces groupes, notamment pour la Confirmation des enfants.

En septembre 1871, un congrès à Munich rassemble plus de 300 représentants de ces groupes, mais aussi des observateurs anglicans et protestants. Les grandes figures de ce congrès sont Hyacinthe Loyson et Ignaz von Döllinger, deux prêtres et théologiens catholiques opposés à l’Infaillibilité pontificale et qui viennent d’être excommuniés. Lors de ce congrès, l’archevêque « vieil-épiscopal » d’Utrecht, Mgr Loos, est reçu en triomphe. Plusieurs congrès vont alors se réunir pour organiser et structurer l’Église. En 1874, la discipline du célibat des prêtres est abandonnée dans certaines églises et, la même année, une faculté de théologie catholique-chrétienne est fondée au sein de l’Université de Berne. En 1877, les langues vernaculaires sont adoptées au sein de la liturgie.

L’organisation des « vieux-catholiques »

En 1889, une union de ces Églises est établie sous le nom d’Union d’Utrecht. Elle décide de lancer des missions vers l’Angleterre et l’Amérique du Nord. Elle confie cette tâche àMgr Arnold Harris Matthew et Joseph-René Vilatte, mais ces derniers abandonnent la communion avec Utrecht, laissant dans leur sillage de nombreux groupes et évêques errants se proclamant « vieux-catholiques ». Elle établit des liens d’intercommunion avec la Communion anglicane en 1931 par l’Accord de Bonn (Bonn Agreement), et se rapproche aussi avec d’autres groupes issus du catholicisme, mais en conflit avec le Saint-Siège, comme les Mariavites en 1909 ou Église indépendante des Philippines en 1965.

Aujourd’hui

L’Église vieille-catholique reste ancrée dans la tradition catholique. Elle connaît par exemple les mêmes sacrements que l’Église catholique romaine et tire d’ailleurs son origine apostolique de la même Église catholique romaine par Mgr Dominique Marie Varlet. Ses pratiques se sont cependant éloignées de celles de l’Église romaine sur plusieurs plans et cela à différents degrés selon les pays.

Ainsi, en Suisse, Pays-Bas, Autriche, Belgique, France et Allemagne, cette Église admet les prêtres mariés, l’ordination des femmes, les remariages après divorce, la contraception artificielle et même (localement) les bénédictions de couples homosexuels. Ce sont des choses que l’Église catholique romaine rejette (excepté l’ordination presbytérale d’hommes mariés pratiquée dans les Églises catholiques orientales, et pour les prêtres orthodoxes et anglicans ou les pasteurs protestants intégrant l’Église catholique).

La Mission vieille-catholique en France se trouve sous l’autorité de l’Archevêque d’Utrecht en tant que délégué de la Conférence internationale des évêques de l’Union d’Utrecht (de l’IBK).

L’Église vieille-catholique est en intercommunion avec les Églises de la communion anglicane. À ce titre, les ministres ont capacité à servir l’une ou l’autre communauté selon les circonstances. Elle est aussi membre fondateur du Conseil œcuménique des Églises.

L’Église vieille-catholique est active dans une vingtaine de pays et compte environ 500 000 fidèles1. Le primat d’honneur est l’archevêque d’Utrecht. Une conférence épiscopale internationale se tient tous les deux ans.

Elle est en communion avec l’Église d’Angleterre2.

Doctrine

La doctrine de l’Église vieille-catholique de l’Union d’Utrecht se veut « conforme à la foi catholique indivise ». Les accords de la commission mixte orthodoxe/vieille-catholique qui s’est réunie entre 1975 et 1987 ont montré que l’Église vieille-catholique partage les mêmes conceptions théologiques, sacramentelles et ecclésiologiques que les églises orthodoxes. Les accords de cette commission (soutenue par la conférence des évêques vieux-catholiques et le patriarcat œcuménique de Constantinophe) ont été publiés en trois langues (allemand, anglais et français) par le professeur Urs Von Arx, doyen de la faculté de théologie vieille-catholique de Berne sous le titre : Koinonia auf Altkirchlicher Basis : Deutsche Gesamtausgabe der gemeinsamen Texte des orthodox-altkatholischen Dialogs 1975-1987 mit französischer und englischer Übersetzung). Du côté orthodoxe, les représentants étaient le patriarche œcuménique de Constantinople, les évêques Jacovos et Irénée, alors métropolites d’Allemagne, et l’évêque Damaskinos, métropolite de Suisse.

Pour la doctrine, voir: Déclaration d’Utrecht.

Organisation

Union d’Utrecht des Églises vieilles-catholiques

Églises membres :

Églises dépendantes et paroisses sous la tutelle directe de l’IBK :

Églises non-membres de l’Union d’Utrecht

Ces Églises ne sont pas canoniques et appartiennent à la catégorie des Églises parallèles, telle que définies par Bernard Vignot dans son livre Le Phénomène des Églises parallèles, paru au Cerf (2010). Elles s’opposent donc aux Églises historiques (catholique romaine, anglicane, orthodoxes, vieilles-catholiques de l’Union d’Utrecht) et leur catholicité est douteuse aux yeux de ces confessions.

  • Église catholique libérale vient à l’existence suite à une réorganisation en 1915 / 1916 du mouvement vieux-catholique en Grande-Bretagne
  • Église gallicane, tradition apostolique de Gazinet
  • Église vieille-catholique romaine

En France

vieille catho france
  La communauté Vieille-Catholique de France s’en tient à la foi de l’Eglise ancienne, telle qu’elle s’est exprimée dans les définitions des 7 conciles de l’Eglise indivise du premier millénaire. Elle est partagée par les catholiques romains, les orthodoxes, les vieux-catholiques et les anglicans.

Le pontifical en vigueur est celui de l’Eglise Catholique Romaine avant Vatican II.

La liturgie embrasse les offices catholiques traditionnels dont le centre est l’Eucharistie ou Sainte Messe célébrée selon le rite traditionnel occidental.

 La communauté Vieille-Catholique de France a une grande vénération envers la Vierge Marie : Mère de Dieu et Mère des Hommes. Le chapelet peut être récité ainsi que l’angélus trois fois par jour.

En revanche elle repousse les doctrines de l’Immaculée Conception (1848) et l’Assomption (1950) en tant que dogmes car non fondés sur la bible.

Sur le plan de la morale ou éthique la communauté Vieille-Catholique de France enseigne l’indissolubilité du mariage sans condamner pour autant les divorcés remariés. Il peut y avoir des remariages lorsque le précédent a été déclaré nul par les instances de l’Eglise. Le clergé peut se marier, il n’intervient pas dans la vie privée des fidèles à moins qu’un conseil lui soit demandé. Toute personne a droit à l’amour de Dieu et à la compassion sans jugement de la part de la communauté.

Sur le plan œcuménique la communauté Vieille-Catholique participe aux réunions pour l’unité des chrétiens, entretien un dialogue constructif avec l’Eglise catholique romaine, les orthodoxes, les anglicans traditionnels et une amitié avec nos frères protestants.

La communauté Vieille-Catholique de France fait sienne la devise de Saint Augustin : “Dans les choses nécessaires : l’unité, dans les choses douteuses : la liberté, en toutes choses : la charité”.

 En Normandie

Mgr Schon et le Père Vignot

Mgr Dick Schoon, évêque vieux-catholique de Haarlem, lors de sa visite en France en juin 2011 avec les séminaristes de Hollande célèbre la messe aux côtés du Père Bernard Vignot, prêtre vieux-catholique français

Le Père Bernard Vignot, prêtre Vieux-Catholique ancien recteur pour la France des vieux catholiques d’Utrecht et aujourd’hui chanoine de la cathédrale anglicane de Paris (avenue George V) et un des animateurs de la fraternité st Vincent de Lérins réside à ND de Bondeville (76)

Il est membre du conseil d’administration de l’association Oecuménique de Normandie

 

 

Notes et références
 Dictionnaire des religions sous la direction de Paul Poupard, PUF, 1984

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