LA REFORME
Les réformateurs n’ont pas voulu créer une nouvelle Eglise, mais réformer l’Eglise catholique dans le sens d’une plus grande fidélité à l’Evangile. Et ils s’en sont trouvés exclus. Il est clair cependant que l’on ne peut parler de LA réforme mais DES réformes. Ce que l’on désigne par Réforme désigne une série d’évènements associés à la protestation de Luther.
Les principaux réformateurs :
Martin Luther (1483-1546)
Allemand, moine augustin, prêtre, docteur en théologie, enseigne l’ Ecriture Sainte à l’université de Wittenberg.
Son intuition fondamentale est que l’homme est sauvé par la grâce seule, sans mérite de notre part. Cela le conduit à s’opposer au trafic des indulgences par l’ Eglise, qu’il dénonce à travers les 95 thèses[1] affichées à la porte de la chapelle du château de Wittenberg en 1517. C’est un opposant résolu à la scholastique médiévale, il ira jusqu’à dire que les philosophes du Moyen Âge ont livré les clés de la théologie à la morale païenne et d’avoir hellénisé la religion chrétienne. A la diète de Worms ou il comparait pour être jugé, il proteste de l’autorité absolue de l’Ecriture contre toute autorité humaine.
La plupart des princes-électeurs du saint Empire avaient choisi de suivre la réforme de Luther Lors d’une Diète impériale, à Spire, en 1526, une communication de l’empereur Charles Quint avait permis aux partisans de Luther d’espérer quelques accommodements. Trois ans plus tard, la Diète se réunit à nouveau à Spire mais, cette fois, l’empereur Charles Quint se montre intransigeant. Le 19 avril 1529, cinq princes et les représentants de 14 villes répliquent par une protestation solennelle : « Nous protestons devant Dieu, ainsi que devant tous les Hommes, que nous ne consentons ni n’adhérons au décret proposé dans toutes les choses qui sont contraires à Dieu, à sa sainte Parole, à notre bonne conscience, au salut de nos âmes ». De là l’origine du mot protestant
Ulrich Zwingli (1484-1531)
Suisse, curé rural, aumônier militaire puis curé de Zurich.
Ses idées rejoignent celles de Luther. il rompt avec son évêque et introduit sa réforme avec l’aide du conseil de la ville. Sa préoccupation va être de dégager un juste enseignement de la bible dans un sens moral et social sous la motion de l’Esprit-Saint.
Il s’oppose à Luther sur la présence eucharistique (colloque de Marbourg en 1529) Plus rationaliste que mystique, il voyait le baptême et la cène comme des cérémonies symboliques. Il se rapproche des humanistes (diminution de la gravité du péché originel). Ce qui importe, c’est la prédestination par laquelle Dieu choisit ses élus et leur donne le moyen d’obéir à sa loi. On peut le considérer comme l’inspirateur de Calvin qui reprendra beaucoup de ses idées.
Jean Calvin (1509-1564)
Français, docteur en droit.
Acquis aux idées de Luther, il apporte des thèmes qui lui sont propres : rôle de l’Esprit-Saint, libération du péché
pour l’action, légitimité et régulation des instances politiques. Il va s’opposer à Luther sur la doctrine de l’union sacramentale dans laquelle Christ était « dans, sous et avec la forme » du vin et du pain. Sa pensée était sur ce point similaire à celle de Zwingli. Plutôt que d’avoir une vision purement symbolique, Calvin nota qu’avec la participation du Saint-Esprit, la foi était nourrie et renforcée par le sacrement.
À la suite de ces théologiens, le protestantisme comprend des courants théologiques très divers. Au sein de la seule fédération protestante de France, on dénombre vingt-six unions d’Églises, tandis que, sur le plan international, ce sont environ trois cent vingt Églises issues du protestantisme qui participent au conseil œcuménique des Églises, aux côtés d’une trentaine d’Églises orthodoxes et des Églises vieilles-catholiques.
[2]
L’Eglise Evangélique Luthérienne
Les Églises évangéliques luthériennes, sont des Églises protestantes de tradition luthérienne, dont la foi s’exprime dans les livres symboliques du luthéranisme, à savoir, en plus des trois credo classiques :
-
la Confession d’Augsbourg, présentée à la Diète d’Empire à Augsbourg en 1530 par Melanchthon;
-
l’Apologie de la Confession d’Hambourg (1531, du même) ;
-
le Petit catéchisme de Luther (1529) ;
-
le Grand catéchisme du même (1529) ;
-
les Articles de Smalkalde du même, et leurs annexes de Melanchthon (1537) ;
-
la Formule de Concorde pour réconcilier les différents courants du luthéranisme (1577).
L’Église Luthérienne en France
La plupart des Églises qui formulent ainsi leur foi sont regroupées dans la Fédération luthérienne mondiale (FLM).
En France, les Églises évangéliques luthériennes plus souvent dénommées “Églises de la Confession d’Augsbourg”. Il y en a d’autres comme l’Église évangélique luthérienne – Synode de France et de Belgique (EEL-SFB)
En France, sont membres de cette fédération, et réunies au sein d’une Alliance nationale des Églises luthériennes de France (ANELF), deux Églises :
- l’Église protestante de la Confession d’Augsbourg d’Alsace et de Lorraine (EPCAAL),
- l’Église évangélique luthérienne de France.
Un autre groupe assez important est le Concile luthérien international dans laquelle l’EEL-SFB est regroupée. Plusieurs communautés luthériennes ont autorisé la consécration de femmes évêques.
L’Eglise Réformée
Les Églises réformées se réclament principalement de Jean Calvin, mais aussi d’autres réformateurs tels que Ulrich Zwingli, Heinrich Bullinger, Théodore de Bèze, Guillaume Farel et John Knox. Ces Églises ont essaimé principalement en Suisse, Écosse, Pays-Bas et en France, et, depuis, en Afrique du Sud, Corée du Sud, Nouvelle-Calédonie, au Québec et Polynésie française, etc. Dans les pays anglo-saxons, on parle d’églises presbytériennes..
Organisation
Les Églises réformées ont la particularité d’être indépendantes les unes des autres, aussi bien au niveau organisationnel que doctrinal. Cependant, la plupart d’entre elles sont fédérées en Églises nationales (par exemple l’Église réformée de France). Au niveau mondial l’Alliance réformée mondiale (composée de 70 millions de membres) était l’organisation la plus importante, mais un certain nombre d’Églises adhéraient au Reformed ecumenical council (Conseil œcuménique réformé), les deux organisations ont entamé depuis quelques années un travail de rapprochement, travail qui a abouti en juin 2010 par la fusion de ces deux organisations dans la Communion mondiale d’Églises réformées.
Il existe aussi deux autres organisations internationales, plus conservatrices et moins grandes que l’ARM et le COR : la Conférence internationale des églises réformées et la Confraternité réformée mondiale.
Dans la pratique, les Églises réformées sont généralement organisées selon le système presbytérien synodal, c’est-à-dire que les décisions reposent sur un équilibre entre instances locales et union. D’autres Églises réformées ont une structure congrégationaliste (l’Église locale est autonome). Au sein de la Communion mondiale d’Églises réformées, qui regroupe 230 Églises réformées et 80 millions de membres, on retrouve des Églises réformées de structure presbytérienne et congrégationaliste.
L’Eglise Réformée en France
L’ERF est membre de la Fédération protestante de France, de la Communion mondiale d’Églises réformées, du Conseil œcuménique des Églises, de la Conférence des Églises protestantes des pays latins d’Europe, de la Cevaa – Communauté d’Églises en Mission, de la Conférence des Églises européennes et de la Communion d’Églises protestantes en Europe. Elle compte environ 300 000 membres, répartis de manière très inégale sur presque tout le territoire métropolitain (à l’exception de l’Alsace-Moselle et du Pays de Montbéliard). Elle est constituée d’environ 400 églises locales, regroupées en 50 consistoires et huit régions.
L’EGLISE PROTESTANTE UNIE DE FRANCE, Communion luthérienne et réformée
Un processus d’union qualifié d’«historique»
Historiquement, luthériens et réformés se sont principalement opposés sur la compréhension de la sainte cène (= repas du Seigneur, eucharistie). Ils se sont aussi distingués sur le rapport à l’autorité politique, l’articulation de l’éthique et de la foi, la liturgie, etc. Des efforts d’unité ont été menés depuis 1529.
L’évolution décisive est venue au XXème siècle, avec le mouvement œcuménique.
Né en 1910 à l’occasion de la conférence missionnaire d’Edimbourg, ce mouvement a pris son ampleur avec la fondation du
Conseil œcuménique des Eglises (1948), puis le dialogue interconfessionnel rendu possible par le concile Vatican II (1962).
Sur le plan luthéro-réformé, la déclaration de Barmen (1934) dénonçant théologiquement le nazisme et la Concorde de Leuenberg (1973), accord liant des dizaines d’Eglises protestantes en Europe, ont été des étapes marquantes vers l’unité. Pour les protestants luthéro-réformés, cette unité est comprise comme une «diversité réconciliée » : dès lors que le consensus est acquis sur ce qui est au cœur de l’Evangile et de la vie de l’Eglise (l’amour inconditionnel et libérateur de Dieu est premier, les chrétiens sont appelés à en témoigner en Eglise), toutes les diversités sont positivement reçues. L’union n’est donc ni l’uniformité, ni la fusion-absorption.
Un fonctionnement ouvert et participatif
Repères numériques L’ERF représente environ 90 % et l’EELF environ 10 % de la nouvelle Église protestante unie de France.
– 2 facultés de théologie (Paris et Montpellier) réunies au sein de l’Institut protestant de théologie
– 450 pasteurs
– 470 associations cultuelles locales pour 1 000 lieux de culte
– 1 000 dirigeants Pasteurs (pasteurs proprement dits, enseignants en théologie, biblistes, etc.) et
laïcs (présidents de conseils élus)
– 10 000 responsables Membres des conseils, chargés de responsabilité paroissiale
– 110 000 personnes engagées « forces vives » Donateurs réguliers, militants, etc.
– 250 000 participants à la vie de l’Église
– 400 000 personnes font appel au ministère de l’Église protestante unie
Un fonctionnement par conseils et assemblées
Considérant que Jésus-Christ est le seul chef de l’Église et que son autorité n’est déléguée à personne, l’Église protestante unie est organisée selon un régime dit « presbytérien-synodal », qui cherche à favoriser la collégialité, la délégation, la rotation des mandats, le débat.
Les paroisses ou Églises locales sont constituées en associations cultuelles, dirigées par un conseil presbytéral, élu en assemblée générale pour 4 ans.
Les 10 régions réunissent chaque année à l’automne un synode (40 à 200 personnes selon l’importance de la région), où seuls votent les délégués, pasteurs et laïcs, désignés par les associations cultuelles.
Le synode national se réunit chaque année, rassemblant quelques 200 personnes. Seuls les délégués, (pasteurs et laïcs) des associations cultuelles désignés par les synodes régionaux ont le droit de vote. Le synode national est le gouvernement de l’Église protestante unie de France. Entre deux sessions, il est représenté par le conseil national (20 membres élus, pasteurs et laïcs).
Un positionnement dans le dialogue
Conviction et tolérance L’Eglise protestante unie de France
– se considère comme un des multiples visages de l’unique Église du Christ : elle est pluraliste et œcuménique,
– accueille en son sein toute personne qui confesse que « Jésus-Christ est le Seigneur »
– a pour raison de partager l’Évangile : elle se veut confessante et missionnaire,
– appelle chacun à s’engager de manière responsable et solidaire avec les autres.
Par choix théologique et expérience historique, elle promeut l’autonomie du politique et l’engagement citoyen laïque. Certains de ses membres ont d’ailleurs activement participé à la préparation et même à la rédaction de la loi de séparation de 1905. En même temps, elle est attachée à ce que toutes les familles de pensée, y compris religieuses, puissent s’exprimer dans le débat public sur le vivre-ensemble et donc à ce que les convictions religieuses ne soient pas confinées à la sphère privée. Les protestants se comprennent volontiers comme des croyants laïques.
L’Église protestante unie est très attachée au dialogue œcuménique, interreligieux et avec la culture.
Des réseaux et partenariats multiples
Première composante du protestantisme français, l’Eglise protestante unie (autrefois l’ERF et l’EELF) est cofondatrice de la Fédération protestante de France, en 1906.
Elle est présente au sein du Conseil d’Eglises chrétiennes en France (Cecef), de la Conférence des responsables de culte en France (CRCF), etc.
De très nombreuses œuvres sociales ont pris naissance en son sein et, quoique distinctes sur un plan juridique, demeurent en lien institutionnel et de collaboration avec elle.
Les relations internationales ont toujours été un élément important de la vie de l’Eglise protestante unie. Elle est en relation bilatérale avec une cinquantaine d’Eglises dans le monde, membre de 8 organismes européens, multicontinentaux ou mondiaux. Elle est cofondatrice du Conseil œcuménique des Eglises.
Des débats de fond
L’Eglise protestante unie rythme ses travaux institutionnels avec des débats de fond, en fonction de sa propre réflexion ou en lien avec des sujets de société.
Ainsi : la Diaconie (action sociale ou engagement matériel de l’église dans la société) (2010), Parentalité et famille (2007), Confesser Jésus-Christ dans une société laïque (2005), Eglise et homosexualité (2002), Les rites et les sacrements (2000), Les étrangers (1998), …
Dans notre région :
Secteur Pays de Caux
Secteur Dieppe-Luneray
Secteur Boucles de Seine
Paroisse d’Evreux
Secteur Caen-Côte de Nacre
Paroisse du Pays d’Auge
Secteur La Manche
Paroisse du Bocage Normand
Paroisse d’Alençon
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