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Mon chemin avec l’œcuménisme

Mon chemin avec  l’œcuménisme 

Interview de Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, Primat de Normandie, paru dans le bulletin n° 9 de l’ACONor

Mg LebrunDès le séminaire (au séminaire français de Rome), j’ai rencontré des chrétiens d’autres confessions, notamment deux orthodoxes. Il était alors question de leur mariage; ils disaient qu’ils cherchaient une femme, puis qu’ils seraient ordonnés. Cela faisait du bien de voir une autre pratique, permettant de s’interroger plus profondément sur notre propre tradition.

Puis, étant prêtre 22 ans en Seine Saint-Denis, j’ai rencontré des communautés évangéliques de différentes origines ethniques. Elles nous interrogeaient sur le caractère festif de nos célébrations, et sur notre capacité à évangéliser et à parler de Jésus à ceux qui ne le connaissent pas ou l’ont oublié. J’ai aussi souvent échangé avec 1e pasteur de la paroisse luthérienne de St Denis; notre dialogue était plus théologique que pastoral.

En 2006, j’ai été nommé évêque de Saint Etienne. J’y ai trouvé un comité interconfessionnel qui regroupait 6 églises ou communautés ecclésiales : deux Églises d’Orient (grecque et arménienne); trois Églises issues de Réforme  (une Église apostolique évangélique, l’Église Protestante Unie, et une Église évangélique); et l’Église catholique romaine. J’y ai apprécié l’équilibre entre Églises d’Orient, Églises issues de la Réforme et Église catholique romaine; cela permettait souvent de passer d’une opposition à la perception d’une diversité.

Pendant ces années, j’ai vécu avec beaucoup d’émotion l’annonce de la Résurrection de Jésus, que nous avons célébrée ensemble le matin de Pâques, lorsque la date était commune. Au-dessus de Saint Etienne, il y’a un grand Christ qui domine la ville ; nous nous y retrouvions à l’aube, vers 7 H, pour chanter l’Alléluia pascal et prier pour la ville encore endormie, et pour le monde.

Après cette expérience, nous avons décidé de vivre ensemble une célébration de la Passion, les années où la date de Pâques n’était pas commune ; le chemin  de l’œcuménisme passe par la reconnaissance de notre division, cause de la Passion de Jésus.

Un des moments difficiles –mais pas le moins intéressant- a été la discussion autour de la reconnaissance du baptême. Je tenais pour acquis le fait que tous les chrétiens en France reconnaissaient et respectaient le baptême célébré dans les autres confessions. Cependant certaines Églises ou communautés évangéliques rebaptisent des fidèles baptisés petits dans les Églises catholique ou protestante. C’est pour moi une grande souffrance, mais grâce au dialogue, et aussi à l’aide de frères catholiques mieux formés que moi, j’ai dépassé 1a première réaction trop négative.

La question du dialogue :

Dans ma vie spirituelle et chrétienne, le dialogue occupe une place fondamentale. Non seulement c’est un chemin de paix pour que puissent vivre ensemble les personnes aux convictions et opinions divergentes, mais surtout c’est le chemin que Dieu a pris lui-même pour restaurer le vrai visage de l’humanité. La Bible, et singulièrement l’évangile, c’est un grand livre de dialogue entre Dieu et son peuple. Le dialogue œcuménique n’est donc pas pour moi une simple technique ou une pédagogie, mais le fruit de l’accueil, la réponse de Foi à l‘œuvre de Dieu. Pour le dire plus simplement, ce n’est pas une matière à option, mais un déterminant essentiel de ma Foi au Christ au cœur du monde.

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Ma vie aujourd’hui dans la condition humaine, je la vis dans la foi au Fils de Dieu

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20 juillet 2015

 ”  Ma vie aujourd’hui dans la condition humaine, je la vis dans la foi au Fils de Dieu   ”   ( Ga 2, 20 b – Version liturgique )
Jean Ayrault  (Catholique / Caen)

Les notes de la  TOB  indiquent  ” Paul veut dire que la mort et la résurrection du Christ se sont réalisées en lui…En même temps qu’il  évoque son expérience personnelle,  il définit l’existence  chrétienne  qui est communion avec le Fils de Dieu. Cependant, elle est   encore  vie  dans la condition mortelle de l’homme pécheur – vie dans la chair – , mais elle est  déjà  vie du Christ glorieux dans le croyant

C’est ce que décrit Calvin avec sa sobriété habituelle :
”    Ainsi donc, connaissons l’unité que nous avons avec notre Seigneur Jésus-Christ. C’est à savoir qu’il veut avoir une vie commune avec nous et ce qu’Il a soit nôtre, et qu’Il veut habiter en nous, non par imagination, mais par effet ; non point d’une façon terrestre, mais spirituelle, et quoi qu’il en soit, qu’ Il besogne  tellement par la vertu de son Esprit que nous sommes unis à Lui plus que ne le sont les membres d’un seul corps. Et tout ainsi que la racine d’un arbre jette sa substance et vertu par toutes les branches, ainsi nous tirons substance et vie de notre Seigneur Jésus – Christ  ”  [1]

Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu ” Gal 2,20a
Cette pensée  qui se voudrait un vécu et qui n’est souvent qu’un désir, nous rejoint chaque jour au milieu de nos soucis,  nos peines,  nos joies.
” L’ homme est à l’image de Dieu, toute vie est une histoire sacrée ” décrit l’un de nos cantiques.
L’histoire d’Israël , aussi, est notre histoire : errances, infidélités,  ruptures, retrouvailles.  Cette situation a bien été décrite par Charles Gounod commentant Jérémie:
Jérusalem, Jérusalem,  convertere ad  Dominum  ” (Gallia)

Vie chrétienne :  “ …vie de Jésus manifestée dans notre corps ”  nous décrit Paul en 2 Co 4 ,10 .
” Aliénation  ! ” diront les sceptiques en souriant.
Certes,  il y a toujours un risque dans tout engagement,  qu’il soit philosophique,  politique,  religieux, voire amoureux !  ” Je suis malade d’amour ”  dira la Sulamite du Cantique des Cantiques. ” (Ct  2:5 )
Tu me fais perdre le sens par un seul de tes regards”  lui répondra  le Bien -Aimé . (  Ct  4 : 9 )
Aussi,  ma condition d’ homme, dans son immédiat quotidien, je veux l’apporter au Christ,  et ma prière devient  cri: ” Des profondeurs , je crie vers Toi, Seigneur, écoute mon appel ”   Ps 130  ( 129 ) ); ” Je lève les yeux vers les montagnes, d’où le secours me viendra-t-il ? Le secours me vient du Seigneur, l’auteur des cieux et de la terre ”   Ps 121  ( 120 )

Cette dimension est aussi vécue dans la communion fraternelle, car le  peuple chrétien, dont nous sommes, a besoin d’être rassuré, continuellement.
Cette communion fraternelle,  dans son amplitude et sa plénitude,  se retrouve dans nos  Assemblées du Dimanche. Après l’audition  de la Parole de Dieu,  vient le Mémorial du Christ.  Et  de la Communauté,  jaillit le chant de l’Anamnèse :” Nous proclamons Ta mort, Seigneur Jésus,  nous célébrons Ta résurrection,  nous attendons Ta venue dans la gloire  ”
Proclamation – Célébration – Attente – ” Ma vie présente, dans la chair, je la vis dans la foi
Vient alors le moment de la Communion.

Dans la tradition catholique, les fidèles s’avancent pour recevoir le Corps du Christ.
Ces hommes et ces femmes qui se lèvent, je les observe: ce sont des hommes et des femmes ordinaires,  comme nous sommes  tous des hommes et des femmes ordinaires.
Piétaille du Christ,  Fantassins de la Foi.
Dans cette file qui s’avance pour la Communion,  je vois comme un  Fleuve  Profond : ” Deep River “;
Je vois cet  immense cortège de tous les Saints , si bien décrit dans la dynamique et l’exubérance des Gospels :  ” Oh when the  Saints go march away  …”
Alors, dans ce grand fleuve qui passe, je m’abandonne et je crois.
Ma vie présente, dans la chair, je la vis dans la foi

[1]  Jean Calvin  – Pages spirituelles  – 9 ème sermon sur la Passion,  O.C.,  XLVI,  953 )   Revue  Unité Chrétienne  1969


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