Martin Luther. Une perspective œcuménique

Dans ce texte qui est la conclusion d’une conférence donnée en Allemagne le 18 janvier 2016, le cardinal Walter Kasper, président émérite du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, fait un point d’étape dans le processus œcuménique entre luthériens et catholiques.

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Luther n’était pas un homme œcuménique au sens actuel du terme. Ses adversaires ne l’étaient pas davantage. Les deux camps étaient enclins à la polémique et à la controverse. Cela a conduit à des restrictions et à des durcissements des deux côtés. Les questionnements se sont intensifiés dès  le départ, de la question de la justice révélée dans l’Évangile et de la miséricorde de Dieu jusqu’à  la question de l’Église, spécialement la question du pape. Dès lors que le pape et les évêques refusaient de procéder à la réforme, Luther, sur la base de sa compréhension du sacerdoce universel, dut se contenter d’une ordination d’urgence. Il a néanmoins continué à avoir foi dans le fait que la vérité de l’Évangile se serait imposée d’elle-même et a ainsi laissé la porte fondamentalement ouverte pour une possible entente future.

Du côté catholique également, au début du XVIe siècle, de nombreuses portes restaient ouvertes. Il n’y avait pas d’ecclésiologie catholique  harmonieusement  structurée,  mais uniquement  des approches,   qui   étaient   plus   une   doctrine   sur   la   hiérarchie   qu’une véritable   ecclésiologie. L’élaboration   systématique   de   l’ecclésiologie   s’obtiendra  uniquement dans la théologie controversée comme antithèse à la polémique de la Réforme contre la papauté. La papauté devint ainsi, d’une façon jusqu’alors inconnue, le contreseing de l’identité du catholicisme. Les thèses et antithèses confessionnelles respectives se   conditionnèrent et se bloquèrent mutuellement.

Seul le récent œcuménisme a ouvert un peu plus la porte. Le dialogue s’est substitué à la controverse. Le dialogue ne signifie pas jeter à la mer ce que l’on a considéré jusqu’à présent comme la vérité. Seules des personnes qui, bien qu’ayant chacune leur point de vue, sont néanmoins disposées à s’écouter réciproquement et à apprendre les unes des autres, peuvent mener un authentique dialogue. Un tel dialogue n’est pas un événement purement intellectuel ; c’est un échange de dons. Cela présuppose de reconnaître aussi bien la vérité de l’autre que ses propres faiblesses, et la volonté d’affirmer sa propre vérité d’une façon qui ne blesse pas l’autre, de façon non polémique, mais de dire la vérité dans l’amour (Ep 4,15), soustrayant  aux controverses le poison de la division et en le transformant en don, de sorte que les deux parties grandissent dans la catholicité, entendue au sens originel et qu’elles grandissant ensemble,   qu’elles reconnaissant davantage la miséricorde de Dieu en  Jésus-Christ  et  lui  rendent ensemble témoignage face au  monde.

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1999 Déclaration commune sur la justification

Telle est la route parcourue depuis le dernier Concile, qui a tracé à cet effet une voie que l’on ne peut inverser – une voie, pas une solution toute prête ! La réception du concile Vatican II, même cinquante après sa conclusion, n’est pas encore arrivée à terme. Le pape François a inauguré une nouvelle phase dans un tel processus de réception. Il souligne l’ecclésiologie du peuple de Dieu, le peuple de Dieu en chemin, le sens de la foi du peuple de Dieu, la structure synodale de l’Église et pour la compréhension de l’unité, met en jeu une nouvelle approche intéressante. Il décrit l’unité œcuménique non plus avec l’image des cercles concentriques autour du centre romain, mais avec l’image du polyèdre [I], c’est-à-dire  d’une  réalité  à  multiples facettes,  pas  un  puzzle  assemblé  de l’extérieur, mais un tout et, s’il s’agit d’une pierre  précieuse, un tout qui reflète la lumière qui le frappe de manière merveilleusement multiple. En  se référant à Oscar Cullman, le pape François reprend le concept de la diversité réconciliée. Dans l’exhortation apostolique Evangelii gaudium, son « essai programmatique », il part de l’Évangile et invite à une conversion pas uniquement de chaque chrétien, mais également de l’épiscopat et du primat.

Ainsi, sous-entend-on: au centre est placée l’exigence originaire fondamentale de Luther, à savoir l’Évangile de la grâce et de la miséricorde, ainsi que l’appel à la conversion et au renouveau.

Non seulement l’histoire de la réception du dernier Concile, mais également l’histoire de la réception de Luther est loin de toucher à sa fin, pas plus dans l’église catholique que dans les églises évangéliques [II]. Il y a  aussi un oubli et une extranéité (qualité de ce qui est extérieur, étranger. ndr) de Luther [par rapport à] la partie évangélique.
Pensons à la doctrine relative à la Cène et à la piété eucharistique. Celle-ci montre que Luther, contre Zwingli, est resté fermement fidèle à une compréhension réaliste de l’Eucharistie et qui ne peut être bloquée de façon rigide dans le schéma d’une religion de la pure intériorité.
Pensons en outre à la compréhension du ministère de Luther de la maturité, à son ouverture fondamentale à l’égard de l’épiscopat historique, de même qu’à son affirmation qu’il aurait encensé et embrassé les pieds d’un  pape  qui  aurait  accueilli  et reconnu  son  Évangile.

Il  n’est  pas  possible  pour  cette raison de  se  référer  uniquement  aux affirmations  polémiques  de  Luther.  Nous  devons  et nous pouvons plutôt reprendre  aussi  la question, fondamentale pour le progrès de l’œcuménisme, de la compréhension et du rapport entre Église, ministère et Eucharistie.

À cet égard, le fait de prendre au sérieux les aspects mystiques de Luther pourrait permettre de faire un pas en avant. Ceux-ci  ne  se  trouvent  pas  seulement  chez  le  jeune  Luther,  mais  également  chez  le   plus sympathique de ses importants écrits réformateurs: “Von der Freiheit eines Christenmenschen” (en français: la liberté du Chrétien [III]).

Cela pourrait ouvrir des possibilités de dialogue. En effet, unité et réconciliation n’arrivent pas seulement dans la tête, mais en premier lieu dans les cœurs, dans la piété personnelle, dans la vie quotidienne et dans la rencontre entre les personnes.

En d’autres termes, plus académiques : nous avons besoin d’un œcuménisme accueillant, en mesure d’apprendre  les  uns  des  autres.  Il  n’y  a  que  par  celui-ci  que  l’Église  catholique  peut réaliser concrètement et pleinement sa catholicité ; vice versa, l’instance originelle de Luther,  qui est au fond une exigence œcuménique, ne peut trouver une pleine  satisfaction que par le   biais  d’un œcuménisme  accueillant.  Nous  n’avons  encore  aucune  solution  commune,  mais une  possible perspective commune et une voie commune vers l’avenir est en train de s’ouvrir.   La voie vers la pleine unité est ouverte, mais celle-ci peut être longue et semée d’obstacles.

La contribution la plus importante de Martin Luther pour développer l’œcuménisme ne réside pas dans les approches ecclésiologiques demeurées ouvertes en lui, mais dans son orientation originelle vers l’Évangile de la grâce et de la miséricorde de Dieu et dans l’appel à la conversion. Le message de la miséricorde de Dieu était la réponse à son problème personnel et à son besoin, de même qu’aux interrogations de son temps ; celui-ci est aussi aujourd’hui la réponse aux signes des temps et aux questions pressantes de nombreuses personnes. Seule la miséricorde de Dieu peut assainir les profondes blessures que la division a infligées au corps du Christ qui est l’Église. Celle-ci peut transformer et renouveler nos cœurs, afin que nous soyons disposés à nous convertir, à faire montre de miséricorde entre nous, à nous pardonner  réciproquement  les injustices  du  passé,  à  nous réconcilier et à nous mettre en chemin pour nous retrouver ensemble, avec patience et pas à pas, sur le chemin vers l’unité dans la diversité réconciliée.

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“Jardin de Luther” à Wittenberg

En ce sens, je voudrais reprendre une phrase qui a été attribuée à Martin Luther. Comme le dicton sur l’Antéchrist, celle-ci se place dans une perspective eschatologique, mais est plus sereine,   plus détendue et orientée vers l’espérance. « Même si je savais que le monde devait disparaître demain, je planterais un pommier aujourd’hui encore ».

Le 1er novembre 2009, j’ai pu planter un petit tilleul dans le jardin de Luther à Wittenberg ; répondant à ce don, sous le mandat de mon successeur, les luthériens ont planté un olivier dans la basilique romaine de Saint-Paul-hors-les-Murs.

Celui qui plante un petit arbre nourrit l’espérance, mais a aussi besoin de patience. La graine doit en premier lieu grandir en profondeur et planter ses racines profondes pour pouvoir résister aux intempéries. Nous aussi devons aller “ad fontes et ad radices”. Nous avons besoin d’un œcuménisme spirituel dans la lettre commune de l’Écriture et dans la prière commune. En second lieu, l’arbrisseau doit grandir en hauteur et s’élever dans le ciel vers la lumière.

Nous ne pouvons « produire » l’œcuménisme, nous ne pouvons ltelechargement-2’organiser ou l’exiger par la force. L’unité est un don de l’Esprit Saint de Dieu. Nous ne pouvons mésestimer sa puissance, nous ne pouvons jeter l’éponge de façon précipitée et perdre l’espérance prématurément. L’Esprit de Dieu, qui a entamé l’œuvre de l’unité, la conduira à son accomplissement, une unité pas comme nous la voulons nous, mais comme lui la veut.

 

Enfin, le petit arbre doit grandir et prendre de l’ampleur, afin que les oiseaux du ciel puissent faire leur nid parmi ses branches (cf. Mt 13,32), c’est-à-dire afin que tous les chrétiens de bonne volonté trouvent leur place sous lui et dans son ombre. Conformément à l’image du polyèdre, nous devons permettre l’unité dans une grande multiplicité réconciliée, être disponibles à l’égard de toutes les personnes de bonne volonté et donner aujourd’hui déjà un témoignage commun de Dieu et de sa miséricorde.

telechargement L’unité est aujourd’hui plus proche qu’il y a cinq cents ans. Celle-ci a déjà commencé. En   2017, nous ne sommes plus, comme en 1517, sur la voie de la séparation, mais sur celle de l’unité. Si nous faisons preuve de courage et de patience, nous ne serons pas déçus au bout du compte. Nous nous frotterons les yeux avec reconnaissance, nous nous étonnerons de ce que l’Esprit de Dieu, peut- être  de  façon  totalement  différente  de  ce  que  nous  pensions,  nous  a  fait obtenir. Dans cette perspective œcuménique, 2017 pourrait être pour les chrétiens évangéliques et pour les catholiques une opportunité. Nous devrions savoir l’exploiter : cela ferait du bien aux deux Églises, à de nombreuses personnes qui nourrissent des attentes à cet égard et également au monde qui, surtout aujourd’hui, a besoin de notre témoignage commun.

(Texte publié dans l’Osservatore Romano en langue française, le 26 mai 2016.)

 

[I] Le pape François a exprimé cette conviction dans Evangelii gaudium, quand il écrit : « Le modèle n’est pas la   sphère, qui n’est pas supérieure aux parties, où chaque point est équidistant du centre et où il n’y a pas de différence entre un point et un autre. Le modèle est le polyèdre, qui reflète la confluence de tous les éléments partiels qui, en lui, conservent leur originalité. » (n. 236) ; DC 2014, n. 2513, p. 67.

[II] Le  terme  «  évangélique  »  utilisé  dans  ce  texte  –  «  églises  évangéliques  »,  «  partie  évangélique  »  ou  « chrétiens évangéliques » – est à comprendre au sens de « protestant » (Note du Service national pour l’unité des chrétiens).

[III] http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k932392w/f5.image.r=martin%20luther

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Le pilote, c’est l’Esprit-Saint: Cinq indications pour le cheminement œcuménique

Le pilote, c’est l’Esprit-Saint

 

0000kkoch-740x493L’œcuménisme peut se comparer à un avion qui a décollé rapidement mais qui, une fois en vol, semble avancer lentement, écrit le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, dans l’édition italienne de L’Osservatore Romano du 8 juillet 2016.

Il invite à ne pas oublier que le pilote de cet avion est l’Esprit-Saint. Il donne aussi cinq indications pour le cheminement œcuménique, tirées du récit évangélique des pèlerins d’Emmaüs.

 

Quand l’avion est en vol, il semble avancer lentement

En regardant ce dernier demi-siècle d’engagement œcuménique, la première comparaison qui me vient à l’esprit est le voyage en avion: celui-ci commence, après de longs préparatifs, par un roulement accéléré sur la piste et un décollage tout aussi rapide. À peine a-t-on atteint la bonne altitude et l’avion plane-t-il dans l’air que l’on a facilement l’impression de ne plus avancer, ou au moins de ne le faire que lentement. Toutefois, tous les passagers devraient être portés par l’espérance certaine que l’avion atteindra sa destination à coup sûr.
En ce qui concerne l’engagement de l’Église catholique pour l’unité entre les chrétiens, le concile Vatican II a été ce roulement accéléré sur la piste, par lequel l’Église a trouvé une nouvelle attitude envers le mouvement œcuménique. Mais après plus de cinquante ans, nous continuons, pour ainsi dire, à nous mouvoir encore dans l’air, ou au moins c’est ce qui peut sembler à beaucoup. Demeure pourtant légitime l’espérance que l’avion œcuménique lui aussi atterrira à coup sûr. Cela vaut plus encore si nous pensons au véritable pilote, l’Esprit-Saint, qui a initié ce voyage et qui le mènera certainement à son but.

 

À l’époque, la promulgation de Vatican II a suscité de grandes espérances et alimenté chez un bon nombre de personnes l’attente d’une unité imminente des chrétiens. Entre temps, il est apparu clairement que le cheminement œcuménique est plus long et aussi plus difficile que ce que l’on pensait alors. C’est pourquoi il est opportun de laisser l’image du voyage en avion pour passer à celle du cheminement terrestre et, plus précisément, au chemin des disciples vers Emmaüs, nous demandant ce qu’il peut nous dire pour les prochains pas dans la réconciliation œcuménique.

En premier lieu, il faut prendre au sérieux l’image du chemin. Dans la situation œcuménique actuelle, il est fondamental que les chrétiens, hommes et femmes, qui vivent dans des communautés chrétiennes différentes, soient en chemin ensemble sur la route vers l’unité et fassent ensemble tout ce qu’il est possible de faire ensemble. L’expérience œcuménique nous enseigne que l’unité croît en marchant et qu’être en chemin ensemble signifie pratiquer déjà l’unité. Cette perspective tient beaucoup à cœur au pape François surtout, qui a exprimé sa conviction œcuménique par ces paroles fortes : « L’unité ne viendra pas comme un miracle à la fin : l’unité vient sur le chemin, c’est l’Esprit-Saint qui la fait en chemin » (homélie de la solennité de la conversion de saint Paul apôtre, célébration des vêpres, 25 janvier 2014). C’est cette perspective qu’il faut aujourd’hui approfondir et surtout vivre concrètement.

Être en chemin ensemble 

c’est là la première indication que nous offre le récit profond tiré du chapitre pascal de Luc.
Nul doute que le chemin des disciples vers Emmaüs ne fut pas une partie de plaisir. Au contraire, les disciples sont pleins de tristesse pour ce qui s’est passé à Jérusalem et parlent entre eux et avec leur accompagnateur inconnu de ce qui ne leur donne pas la paix.
Et ainsi nous est donnée une seconde indication pour ce chemin :

l’œcuménisme authentique vit dans la participation mutuelle à la vie des autres,

dans la joie et dans la douleur, comme l’a exprimé Paul par cette belle image : « Si un seul membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est à l’honneur, tous partagent sa joie. Or, vous êtes corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes membres de ce corps » (1 Cor 12, 26-27).
Actuellement, une démonstration particulière de cette règle de vie de la communion œcuménique se trouve dans le triste fait que nous devons assister à des persécutions de chrétiens dans une mesure unique dans l’histoire. Les chrétiens, aujourd’hui, ne sont pas persécutés parce qu’ils sont protestants ou pentecôtistes, orthodoxes ou catholiques, mais parce qu’ils sont chrétiens. Le martyre, aujourd’hui, est œcuménique, et nous devons parler d’un véritable œcuménisme des martyrs et d’un œcuménisme du sang. De fait, le sang de tant de martyrs dans le monde actuel ne divise pas mais unit. Dans la perception de cette réalité se trouve un grand défi que le pape François a exprimé par cette phrase mémorable : « Si l’ennemi nous unit dans la mort, qui sommes-nous pour nous diviser dans la vie ? » (Discours au mouvement du Renouveau dans l’Esprit, 3 juillet 2015). En effet, n’est-il pas humiliant que ceux qui persécutent les chrétiens aient parfois une meilleure vision œcuménique que nous, les chrétiens ? Je vois dans l’expérience de la persécution et du martyre, commune à tous les chrétiens, le signe le plus convainquant de l’œcuménisme aujourd’hui. Mais en Europe, le prenons-nous suffisamment au sérieux ?

Dans l’échange d’expériences de la souffrance, sur la route d’Emmaüs, les disciples regardent autour d’eux à la recherche d’une parole libératrice et ils se la laissent offrir par leur compagnon de voyage inconnu qui leur explique l’Écriture Sainte.

De là émerge la troisième indication qui consiste dans le fait que:

nous, chrétiens, nous nous approchons davantage les uns des autres quand nous écoutons ensemble la Parole de Dieu et que nous en parlons ensemble.

La Réforme et le schisme qui s’en est suivi au XVIème siècle étaient liés à une interprétation controversée de la Bible et sont arrivés jusqu’à l’intérieur de la Sainte Écriture. C’est pourquoi dépasser la division et retrouver l’unité ne peuvent devenir possibles que sur le chemin d’une lecture commune de la Sainte Écriture. Plus nous nous immergeons dans le mystère de Jésus-Christ et de sa parole, plus nous réussissons à trouver la route les uns vers les autres. Certes, les yeux des disciples d’Emmaüs ne se sont ouverts que quand le Seigneur a rompu le pain avec eux, réveillant ainsi dans leur cœur un désir profond d’unité.

La quatrième indication est donc la compréhension que:

nous, les hommes, nous ne pouvons pas faire l’unité tout seuls, ni en décider la forme et le temps, mais nous pouvons seulement nous la faire donner.

Nous, les hommes, nous pouvons créer des divisions : l’histoire comme le présent nous le démontrent. Nous ne pouvons que recevoir l’unité, en nous orientant vers la volonté de Jésus et en lui présentant ce désir dans la prière. Au commencement du mouvement œcuménique il y a eu l’introduction de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Il s’est agi, dès le début, d’un mouvement de prière et c’est seulement ainsi qu’il demeurera sur le chemin. La prière pour l’unité des chrétiens est, et continue d’être, le cœur battant de tout le chemin œcuménique.

Après leur rencontre personnelle avec le Seigneur ressuscité, les disciples se mettent de nouveau en marche : « À l’instant même, ils se levèrent ».

Cela nous donne, au sens littéral, la cinquième indication pour le chemin :

que les chrétiens qui, dans la rencontre avec le Christ, trouvent aussi l’unité entre eux, ne restent pas commodément assis mais qu’ils se mettent en chemin

et, comme les disciples, annoncent ce qu’ils ont appris, bien conscients que la crédibilité de leur témoignage ne dépend pas de façon substantielle du fait qu’ils se dépassent mutuellement, mais qu’ils cheminent ensemble. Notre préoccupation à nous, chrétiens, pour un bon avenir de l’Europe ne sera écoutée que si nous témoignons dans la communion œcuménique et la remplissons de vie.

 

Source: Zenit.org
© Original en italien, L’Osservatore Romano du 8 juillet 2016
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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La querelle des indulgences: les 95 thèses de Luther

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La querelle des Indulgences

 Affaire de conscience, affaire « d’Etat » ?

A la veille de la Toussaint 1517, Martin Luther, moine augustin, affiche ,ou n’affiche pas d’ailleurs, peu importe, ses thèses sur le « babillard », à côté de la porte de l’église du château de Wittenberg. Ce n’est pas un geste de provocation, c’est un affichage normal, pour une controverse, une « disputatio » : Carlstadt,quelques mois avant lui, avait fait de même. Luther donc souhaite engager un débat public. Il adresse, dans le même temps, un courrier à l’Archevêque Albert de Brandebourg, demandant que les prédicateurs modifient leurs pratiques :

« (…) Vénérable Père en Christ, illustre Prince… Que Votre Grandeur, me pardonne, si moi, le plus vil des hommes, j’ai la témérité de Lui écrire … Les Indulgences Papales sont colportées dans le pays sous le Nom de Votre Grandeur pour la construction de Saint Pierre … Je déplore les fausses idées que ces prédicateurs répandent partout. Ces malheureuses âmes se figurent que, si elles achètent des lettres d’indulgences, elles sont sûres de leur salut… C’est ainsi que les âmes confiées à vos soins … apprennent à marcher vers la mort … C’est pourquoi je ne puis me taire plus longtemps … Votre Grandeur pourra prendre connaissance de mes thèses ci-jointes. Elle verra combien la doctrine des Indulgences est discutable. »

L’Eglise Institution et le moine augustin  considèrent l’affaire des indulgences de deux points de vue différents. La première défend la pratique courante, ce que l’on peut appeler la tradition remontant dans l’ensemble au Moyen Age. Luther quant à lui se place du point de vue de l’Ecriture Sainte dont il est « lecteur » et montre la distorsion existant entre la pratique et la réalité scripturaire. Dès le début  de l’affaire, on ressent  comme un malentendu. C’est donc cette  dispute, cette controverse, bref cette querelle  qui va propulser Luther sur le devant de la scène politico-religieuse de son temps, car ses thèses vont  rapidement trouver  écho dans toute l’Allemagne et plus loin encore. L’affaire va donc être en quelque sorte « médiatisée ».

L’indulgence, rachat de la pénitence…

C’est dans la seconde partie du XI e siècle qu’apparaît la pratique de l’indulgence. Elle est en relation avec la pratique de la pénitence. Cette dernière était publique pour les fautes publiques et privée pour les fautes privées. C’est à partir du IX e siècle que la pratique de la pénitence privée prévaut. C’est le Concile de Latran en 1215  qui en décide ainsi en instituant officiellement la confession sacramentelle. Le fondement théologique de l’Indulgence est le pouvoir des clefs. Cela suppose que les successeurs de Pierre peuvent utiliser, en faveur des vivants et des morts, le Trésor infini des grâces acquises par la Passion du Christ et les mérites des Saints. Cette doctrine, qui n’apparaît pas dans les premiers siècles de l’Eglise, s’élabore peu à peu avec Alexandre de Halés (1180-1245), Bonaventure (12221-1274) Thomas d’Aquin (1224-1274).

Ce dernier distingue dans le péché un double élément : un élément matériel et un élément formel. Le premier est la concupiscence dont parle déjà Augustin, et le second est la privation de la grâce sanctifiante. Le péché en conséquence est puni ( pénitence) par une double peine, si l’on peut ainsi s’exprimer : une peine matérielle, temporelle : pena, et une peine spirituelle culpa. Thomas d’Aquin, à la suite de Pierre Lombard le maître des Sentences, divisait la pénitence  en trois parties : la contrition, la confession ,la satisfaction . Luther reviendra sur ces notions dans son Sermon sur l’Indulgence et la Grâce. Le « privilège de l’Indulgence » porte sur la satisfaction :pena . Prières, jeûnes et aumônes dispensent en quelque sorte de la peine temporelle. Mais la peine spirituelle, culpa, reste affaire d’absolution.

Or, au fur et à mesure  que le temps passe, ( X e siècle et Croisades) un glissement se fait de manière insensible, on passe de la commutation de la peine à la rémission de cette même peine. La Papauté,quant à elle, déclare que l’indulgence qu’elle proclame relève le pécheur de toute sa faute . Cette opinion n’est pas partagée par tous les Docteurs de l’Eglise et la question reste ouverte. Cependant la grande majorité des fidèles, ignorante des subtilités théologiques, pense que l’indulgence Papale remet la totalité de la peine. Peu de prédicateurs, il est vrai, l’en dissuadent. Les choses vont se compliquer lorsque Sixte IV(1471-1484) en 1476 va permettre l’assimilation entre prière et versement d’argent.

L’affaire se déclenche en 1517. Jules II, un Pape Médicis, ( 1503-1513), amoureux des Lettres et des Arts, grand Mécène,  décrète une Indulgence pour la construction de Saint Pierre de Rome en 1507. Cette Indulgence sera confirmée par son successeur Léon X en 1511, et en 1515 (Indulgence du Jubilé : Année Sainte tous les cinquante ans). L’Indulgence du jubilé a donné lieu a une abondante littérature, en particulier de Paltz, un des maîtres de Luther. Dans son travail, intitulé coelifodina, il distingue pour sa part entre le sacrement de pénitence qui réconcilie avec Dieu et l’Indulgence qui libère des peines. Le jubilé, pour lui, remet culpa et pena. L’absolution est donnée au nom de l’autorité pontificale. Il est bien entendu que le « pécheur » est repentant ! Ainsi donc, d’après Paltz, le jubilé accorde une triple absolution, celle de la faute (culpa), celle des peines canoniques (peines d’Eglise pena ), et  peines temporelles, au Nom de Dieu. Cette manière d’annoncer l’Indulgence, pour le maître de Luther, était une forme « d’évangélisation » puisque les pécheurs se convertissaient, à l’annonce de l’Indulgence.

Luther et les Augustins connaissaient  bien le problème, puisque leur protecteur, le Duc de Saxe (Frédéric III), avait sa propre collection de reliques valant Indulgences, qu’il exposait dans l’Eglise du château, spécialement bâtie pour elles ! (Stiftskirche) . Son catalogue mentionnait 17443 « reliques particules » conférant 127 799 années d’Indulgence et quelques jours ! La plus précieuse de ces reliques était une épine de la couronne du Christ, offerte à Rodolphe de Saxe par Philippe VI..  De plus depuis 1398, Wittenberg ( Château- Résidence de l’Electeur de Saxe depuis 1422), possédait le privilège d’accorder l’Indulgence plénière de la Portioncule ou Pardon d’Assises, à tous ceux qui verseraient une offrande le jour de la Toussaint, après s’être confessés. Ce Pardon avait été accordé, dans un premier temps en 1211,par Honorius III à la première maison franciscaine près d’Assises .

En Allemagne du Nord, puisque c’est ici que se cristallise le problème, c’est à l’Archevêque de Mayence, Albert de Brandebourg( un Hohenzollern, frère du Margrave de Brandebourg, Joachim Ier), qu’est confiée la charge de l’Indulgence Papale. En effet, beaucoup d’Etats Allemands avaient refusé que cette Indulgence soit « prêchée » sur leur territoire. La Curie Romaine, pour convaincre Albert, lui avait proposé 50% de la recette, s’il se chargeait de la « vente » sur ses terres. Albert de Brandebourg, 27 ans en 1517, cumulait l’évêché d’Halberstadt (il en était administrateur depuis Septembre 1513), l’archevêché de Magdebourg( dont il était titulaire depuis le 30 Août 1513) et l’Archevêché de Mayence ( depuis Mars 1514). Cet Archevêché conférait à son titulaire la charge de chancelier d’Empire, c’est à dire qu’il était, en quelque sorte, chef de l’Eglise Allemande, Primat de Germanie. Pour cela il recevait le Pallium, bande de laine blanche bordée de six croix noires, que l’on porte autour du cou. La laine qui composait ce vêtement venait des agneaux bénis en l’église Sainte -Agnès -hors -les -murs (à Rome). Ce pallium était porté par le Pape, et par les Archevêques éminents, en signe de participation à l’autorité pontificale. Le Pape Léon X avait accepté ce cumul irrégulier de trois charges épiscopales, moyennant une lourde taxe, 21OOO florins, que l’archevêque avait empruntés aux banquiers Fugger (20% d’intérêt ! ) . Le comptoir des Fugger était au début du XVI e siècle la banque des princes et des hauts dignitaire ecclésiastiques allemands. On voit ici un glissement subtil, puisque les agents de la maison Fugger (combinaison ou arrangement financier du 14 février 1516) devaient accompagner le moine dominicain Tetzel, sous -commissaire à l’Indulgence, et prélever directement sur la recette !

Tetzel (1465-1519) avait déjà été sous- commissaire pour la prédication d’une Indulgence au profit des chevaliers Teutoniques au début du siècle. Il n’en était donc pas à ses débuts. Il semble partisan d’une méthode pour le moins abrupte et simpliste : toutes les fois, déclare- t-il en substance, qu’une pièce tombe dans l’ escarcelle, une âme s’envole du purgatoire ! ( Sobald das Geld im Kasten klingt, Die Seel’aus dem Fegfeuer springt! ). C’est faire peu de cas    et de l’Indulgence elle-même et du repentir des fidèles. D’ailleurs cette manière de procéder avait été condamnée en son temps par la  décrétale Abusionibus en 1312,  et en Sorbonne  en 1482.On voit qu’il n’y a là rien de nouveau. En fait, Tetzel offrait, au nom d’Albert de Mayence, quatre grâces principales.

    1. La première se décomposait en : Plenaria remissio omnium pecatorum, c’est à dire la rémission plénière de tous les péchés, puis la rémission plénière des peines temporelles ainsi que celles devant être subies au purgatoire : Poenae in purgatorio  luendae plenissime remittuntur. Bien sûr pour obtenir ces « rémissions » il fallait être contrit,  et s’être confessé.
    1. Tetzel offrait aussi une deuxième grâce, le confessionale c’est à dire le droit de choisir un confesseur et d’en recevoir deux fois l’absolution, ainsi qu’une Indulgence plénière. Cette grâce permettait aussi d’être délié d’ un vœu, trop hâtivement prononcé.
    1. Il proposait ensuite la participation à tous les biens spirituels de l’Eglise et, enfin,
    1. l’indulgence plénière pour les âmes du Purgatoire.

 

Les thèses de Luther.

 

Rédigées en Latin (donc destinées avant tout aux théologiens, lettrés…) les thèses sont sous le signe du paradoxe. Violentes par la forme, mais modérées par le fond, elles ne se veulent pas des thèses de rupture, ni de réforme de l’Eglise. Elles ne contiennent pas d’attaques virulentes contre la Papauté. Elles soutiennent, par contre, que les Indulgences n’ont pas la vertu de justifier les pécheurs. Seul Dieu peut accorder le Salut et remettre les peines. C’est donc par la Pénitence et la Charité que l’on arrive au Salut. Martin Luther prêche donc un vrai repentir, une vraie conversion. Il semble qu’il n’y ait là rien d’extraordinaire, d’autres avant lui avaient tenu ce discours. Mais l’on sent chez le moine Augustin comme un sentiment tragique du péché. Son souci permanent est le salut des âmes.

“Par amour pour la vérité et dans le but de la préciser, les thèses suivantes seront soutenues à Wittemberg, sous la présidence du Révérend Père Martin Luther, ermite augustin, maître es Arts, docteur et lecteur de la Sainte Théologie. Celui-ci prie ceux qui, étant absents, ne pourraient discuter avec lui, de vouloir bien le faire par lettres.
Au nom de notre Seigneur Jésus-Christ.
Amen.”

  1. En disant : Faites pénitence, notre Maître et Seigneur Jésus-Christ a voulu que la vie entière des fidèles fût une pénitence.
  2. Cette parole ne peut pas s’entendre du sacrement de la pénitence, tel qu’il est administré par le prêtre, c’est-à-dire de la confession et de la satisfaction.
  3. Toutefois elle ne signifie pas non plus la seule pénitence intérieure ; celle-ci est nulle, si elle ne produit pas au-dehors toutes sortes de mortifications de la chair.
  4. C’est pourquoi la peine dure aussi longtemps que dure la haine de soi-même, la vraie pénitence intérieure, c’est-à-dire jusqu’à l’entrée dans le royaume des cieux.
  5. Le pape ne veut et ne peut remettre d’autres peines que celles qu’il a imposées lui-même de sa propre autorité ou par l’autorité des canons.
  6. Le pape ne peut remettre aucune peine autrement qu’en déclarant et en confirmant que Dieu l’a remise ; à moins qu’il ne s’agisse des cas à lui réservés. Celui qui méprise son pouvoir dans ces cas particuliers reste dans son péché.
  7. Dieu ne remet la coulpe à personne sans l’humilier, l’abaisser devant un prêtre, son représentant.
  8. Les canons pénitentiels ne s’appliquent qu’aux vivants ; et d’après eux, rien ne doit être imposé aux morts.
  9. Voilà pourquoi le pape agit selon le Saint-Esprit en exceptant toujours dans ses décrets l’article de la mort et celui de la nécessité.
  10. Les prêtres qui, à l’article de la mort, réservent pour le Purgatoire les canons pénitentiels, agissent mal et d’une façon inintelligente.
  11. La transformation des peines canoniques en peines du Purgatoire est une ivraie semée certainement pendant que les évêques dormaient.
  12. Jadis les peines canoniques étaient imposées non après, mais avant l’absolution, comme une épreuve de la véritable contrition.
  13. La mort délie de tout ; les mourants sont déjà morts aux lois canoniques, et celles-ci ne les atteignent plus.
  14. Une piété incomplète, un amour imparfait donnent nécessairement une grande crainte au mourant. Plus l’amour est petit, plus grande est la terreur.
  15. Cette crainte, cette épouvante suffit déjà, sans parler des autres peines, à constituer la peine du Purgatoire, car elle approche le plus de l’horreur du désespoir.
  16. Il semble qu’entre l’Enfer, le Purgatoire et le Ciel il y ait la même différence qu’entre le désespoir, le quasi-désespoir et la sécurité.
  17. Il semble que chez les âmes du Purgatoire l’Amour doive grandir à mesure que l’horreur diminue.
  18. Il ne paraît pas qu’on puisse prouver par des raisons, ou par les Ecritures que les âmes du Purgatoire soient hors d’état de rien mériter ou de croître dans la charité.
  19. Il n’est pas prouvé non plus que toutes les âmes du Purgatoire soient parfaitement assurées de leur béatitude, bien que nous-mêmes nous en ayons une entière assurance.
  20. Donc, par la rémission plénière de toutes les peines, le Pape n’entend parler que de celles qu’il a imposées lui-même, et non pas toutes les peines en général.
  21. C’est pourquoi les prédicateurs des Indulgences se trompent quand ils disent que les indulgences du Pape délivrent l’homme de toutes les peines et le sauvent.
  22. Car le Pape ne saurait remettre aux âmes du Purgatoire d’autres peines que celles qu’elles auraient dû souffrir dans cette vie en vertu des canons.
  23. Si la remise entière de toutes les peines peut jamais être accordée, ce ne saurait être qu’en faveur des plus parfaits, c’est-à-dire du plus petit nombre.
  24. Ainsi cette magnifique et universelle promesse de la rémission de toutes les peines accordées à tous sans distinction, trompe nécessairement la majeure partie du peuple.
  25. Le même pouvoir que le Pape peut avoir, en général, sur le Purgatoire, chaque évêque le possède en particulier dans son diocèse, chaque pasteur dans sa paroisse.
  26. Le Pape fait très bien de ne pas donner aux âmes le pardon en vertu du pouvoir des clefs qu’il n’a pas , mais de le donner par le mode de suffrage.
  27. Ils prêchent des inventions humaines, ceux qui prétendent qu’aussitôt que l’argent résonne dans leur caisse, l’âme s’envole du Purgatoire.
  28. Ce qui est certain, c’est qu’aussitôt que l’argent résonne, l’avarice et la rapacité grandissent. Quant au suffrage de l’Eglise, il dépend uniquement de la bonne volonté de Dieu.
  29. Qui sait si toutes les âmes du Purgatoire désirent être délivrées, témoin de ce qu’on rapporte de Saint Séverin et de Saint Paul Pascal.
  30. Nul n’est certain de la vérité de sa contrition ; encore moins peut-on l’être de l’entière rémission.
  31. Il est aussi rare de trouver un homme qui achète une vraie indulgence qu’un homme vraiment pénitent.
  32. Ils seront éternellement damnés avec ceux qui les enseignent, ceux qui pensent que des lettres d’indulgences leur assurent le salut.
  33. On ne saurait trop se garder de ces hommes qui disent que les indulgences du Pape sont le don inestimable de Dieu par lequel l’homme est réconcilié avec lui.
  34. Car ces grâces des indulgences ne s’appliquent qu’aux peines de la satisfaction sacramentelle établies par les hommes.
  35. Ils prêchent une doctrine antichrétienne ceux qui enseignent que pour le rachat des âmes du Purgatoire ou pour obtenir un billet de confession, la contrition n’est pas nécessaire.
  36. Tout chrétien vraiment contrit a droit à la rémission entière de la peine et du péché, même sans lettre d’indulgences.
  37. Tout vrai chrétien, vivant ou mort, participe à tous les biens de Christ et de l’Eglise, par la grâce de Dieu, et sans lettres d’indulgences.
  38. Néanmoins il ne faut pas mépriser la grâce que le Pape dispense ; car elle est, comme je l’ai dit, une déclaration du pardon de Dieu.
  39. C’est une chose extraordinairement difficile, même pour les plus habiles théologiens, d’exalter en même temps devant le peuple la puissance des indulgences et la nécessité de la contrition.
  40. La vraie contrition recherche et aime les peines ; l’indulgence, par sa largeur, en débarrasse, et à l’occasion, les fait haïr.
  41. Il faut prêcher avec prudence les indulgences du Pape, afin que le peuple ne vienne pas à s’imaginer qu’elles sont préférables aux bonnes oeuvres de la charité.
  42. Il faut enseigner aux chrétiens que dans l’intention du Pape, l’achat des indulgences ne saurait être comparé en aucune manière aux oeuvres de miséricorde.
  43. Il faut enseigner aux chrétiens que celui qui donne aux pauvres ou prête aux nécessiteux fait mieux que s’il achetait des indulgences.
  44. Car par l’exercice même de la charité, la charité grandit et l’homme devient meilleur. Les indulgences au contraire n’améliorent pas ; elles ne font qu’affranchir de la peine.
  45. Il faut enseigner aux chrétiens que celui qui voyant son prochain dans l’indigence, le délaisse pour acheter des indulgences, ne s’achète pas l’indulgence du Pape mais l’indignation de Dieu.
  46. Il faut enseigner aux chrétiens qu’à moins d’avoir des richesses superflues, leur devoir est d’appliquer ce qu’ils ont aux besoins de leur maison plutôt que de le prodiguer à l’achat des indulgences.
  47. Il faut enseigner aux chrétiens que l’achat des indulgences est une chose libre, non commandée.
  48. Il faut enseigner aux chrétiens que le Pape ayant plus besoin de prières que d’argent demande, en distribuant ses indulgences plutôt de ferventes prières que de l’argent.
  49. Il faut enseigner aux chrétiens que les indulgences du Pape sont bonnes s’ils ne s’y confient pas, mais des plus funestes, si par elles, ils perdent la crainte de Dieu.
  50. Il faut enseigner aux chrétiens que si le Pape connaissait les exactions des prédicateurs d’indulgences, il préfèrerait voir la basilique de Saint-Pierre réduite en cendres plutôt qu’édifiée avec la chair, le sang, les os de ses brebis.
  51. Il faut enseigner aux chrétiens que le Pape, fidèle à son devoir, distribuerait tout son bien et vendrait au besoin l’Eglise de Saint-Pierre pour la plupart de ceux auxquels certains prédicateurs d’indulgences enlèvent leur argent.
  52. Il est chimérique de se confier aux indulgences pour le salut, quand même le commissaire du Pape ou le Pape lui-même y mettraient leur âme en gage.
  53. Ce sont des ennemis de Christ et du Pape, ceux qui à cause de la prédication des indulgences interdisent dans les autres églises la prédication de la parole de Dieu.
  54. C’est faire injure à la Parole de Dieu que d’employer dans un sermon autant et même plus de temps à prêcher les indulgences qu’à annoncer cette Parole.
  55. Voici quelle doit être nécessairement la pensée du Pape ; si l’on accorde aux indulgences qui sont moindres, une cloche, un honneur, une cérémonie, il faut célébrer l’Evangile qui est plus grand, avec cent cloches, cent honneurs, cent cérémonies.
  56. Les trésors de l’Eglise, d’où le Pape tire ses indulgences, ne sont ni suffisamment définis, ni assez connus du peuple chrétien.
  57. Ces trésors ne sont certes pas des biens temporels ; car loin de distribuer des biens temporels, les prédicateurs des indulgences en amassent plutôt.
  58. Ce ne sont pas non plus les mérites de Christ et des saints ; car ceux-ci, sans le Pape, mettent la grâce dans l’homme intérieur, et la croix, la mort et l’enfer dans l’homme intérieur.
  59. Saint Laurent a dit que les trésors de l’Eglise sont ses pauvres. En cela il a parlé le langage de son époque.
  60. Nous disons sans témérité que ces trésors, ce sont les clefs données à l’Eglise par les mérites du Christ.
  61. Il est clair en effet que pour la remise des peines et des cas réservés, le pouvoir du Pape est insuffisant.
  62. Le véritable trésor de l’Eglise, c’est le très-saint Evangile de la gloire et de la grâce de Dieu.
  63. Mais ce trésor est avec raison un objet de haine car par lui les premiers deviennent les derniers.
  64. Le trésor des indulgences est avec raison recherché ; car par lui les derniers deviennent les premiers.
  65. Les trésors de l’Evangile sont des filets au moyen desquels on pêchait jadis des hommes adonnés aux richesses.
  66. Les trésors des indulgences sont des filets avec lesquels on pêche maintenant les richesses des hommes.
  67. Les indulgences dont les prédicateurs vantent et exaltent les mérites ont le très grand mérite de rapporter de l’argent.
  68. Les grâces qu’elles donnent sont misérables si on les compare à la grâce de Dieu et à la piété de la croix.
  69. Le devoir des évêques et des pasteurs est d’admettre avec respect les commissaires des indulgences apostoliques.
  70. Mais c’est bien plus encore leur devoir d’ouvrir leurs yeux et leurs oreilles, pour que ceux-ci ne prêchent pas leurs rêves à la place des ordres du Pape.
  71. Maudit soit celui qui parle contre la vérité des indulgences apostoliques.
  72. Mais béni soit celui qui s’inquiète de la licence et des paroles impudentes des prédicateurs d’indulgences.
  73. De même que le Pape excommunie justement ceux qui machinent contre ses indulgences,
  74. Il entend à plus forte raison excommunier ceux qui, sous prétexte de défendre les indulgences, machinent contre la sainte charité et contre la vérité.
  75. C’est du délire que d’exalter les indulgences du Pape jusqu’à prétendre qu’elles délieraient un homme qui, par impossible, aurait violé la mère de Dieu.
  76. Nous prétendons au contraire que, pour ce qui est de la coulpe, les indulgences ne peuvent pas même remettre le moindre des péchés véniels.
  77. Dire que Saint Pierre, s’il était Pape de nos jours, ne saurait donner des grâces plus grandes, c’est blasphémer contre Saint Pierre et contre le Pape.
  78. Nous disons au contraire que lui ou n’importe quel pape possède des grâces plus hautes, savoir : l’Evangile, les vertus, le don des guérisons, etc…(d’après 1 Cor. 12).
  79. Dire que la croix ornée des armes du Pape égale la croix du Christ, c’est un blasphème.
  80. Les évêques, les pasteurs, les théologiens qui laissent prononcer de telles paroles devant le peuple en rendront compte.
  81. Cette prédication imprudente des indulgences rend bien difficile aux hommes même les plus doctes, de défendre l’honneur du Pape contre les calomnies ou même contre les questions insidieuses des laïques.
  82. Pourquoi, disent-ils, pourquoi le Pape ne délivrent-ils pas d’un seul coup toutes les âmes du Purgatoire, pour les plus justes des motifs, par sainte charité, par compassion pour leurs souffrances, tandis qu’il en délivre à l’infini pour le motif le plus futile, pour un argent indigne, pour la construction de sa basilique ?
  83. Pourquoi laisse-t-il subsister les services et les anniversaires des morts ? Pourquoi ne rend-il pas ou ne permet-il pas qu’on reprenne les fondations établies en leur faveur, puisqu’il n’est pas juste de prier pour les rachetés.
  84. Et encore : quelle est cette nouvelle sainteté de Dieu et du Pape que, pour de l’argent, ils donnent à un impie, à un ennemi le pouvoir de délivrer une âme pieuse et aimée de Dieu, tandis qu’ils refusent de délivrer cette âme pieuse et aimée, par compassion pour ses souffrances, par amour et gratuitement ?
  85. Et encore : pourquoi les canons pénitentiels abrogés de droit et éteints par la mort se rachètent-ils encore pour de l’argent, par la vente d’une indulgence, comme s’ils étaient encore en vigueur ?
  86. Et encore : pourquoi le Pape n’édifie-t-il pas la basilique de Saint-Pierre de ses propres deniers, plutôt qu’avec l’argent des pauvres fidèles, puisque ses richesses sont aujourd’hui plus grandes que celles de l’homme le plus opulent ?
  87. Encore : pourquoi le Pape remet-il les péchés ou rend-il participants de sa grâce ceux qui par une contrition parfaite ont déjà obtenu une rémission plénière et la complète participation à ces grâces ?
  88. Encore : ne serait-il pas d’un plus grand avantage pour l’Eglise, si le Pape, au lieu de distribuer une seule fois ses indulgences et ses grâces, les distribuait cent fois par jour et à tout fidèle ?
  89. C’est pourquoi si par les indulgences le Pape cherche plus le salut des âmes que de l’argent, pourquoi suspend-il les lettres d’indulgences qu’il a données autrefois, puisque celles-ci ont même efficacité ?
  90. Vouloir soumettre par la violence ces arguments captieux des laïques, au lieu de les réfuter par de bonnes raisons, c’est exposer l’Eglise et le Pape à la risée des ennemis et c’est rendre les chrétiens malheureux.
  91. Si, par contre, on avait prêché les indulgences selon l’esprit et le sentiment du Pape, il serait facile de répondre à toutes ces objections ; elles n’auraient pas même été faites.
  92. Qu’ils disparaissent donc tous, ces prophètes qui disent au peuple de Christ : « Paix, paix » et il n’y a pas de paix !
  93. Bienvenus au contraire les prophètes qui disent au peuple de Christ : « Croix, croix » et il n’y a pas de croix !
  94. Il faut exhorter les chrétiens à s’appliquer à suivre Christ leur chef à travers les peines, la mort et l’enfer.
  95. Et à entrer au ciel par beaucoup de tribulations plutôt que de se reposer sur la sécurité d’une fausse paix.

 

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Quatorze engagements à vie dans la Communauté, au Liban et en Côte d’Ivoire

Le Liban et la Côte d’Ivoire ont célébré fin octobre et début novembre quatorze engagements à vie de frères et sœurs dans la Communauté du Chemin Neuf.

Le 29 octobre au Liban,

Un couple franco-libanais, un frère et deux sœurs libanais ainsi qu’un frère français donneront leur vie au Christ.

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Le 5 novembre en Côte d’Ivoire:

7 sœurs et 1 frère

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Nous pouvons porter ces frères et sœurs dans nos prières.

A travers ces évènements, nous pouvons prier tout particulièrement pour ces deux pays, ainsi que les communautés présentes sur place.
Texte et photos

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La Bible à Rouen: Programme 2016-2017

 

La bible à Rouen

Programme 2016-2017

En 2017, nous fêtons les 500 ans de la Réforme, comme à l’époque de Luther nous devons en profiter pour réfléchir sur les textes qui font débat.

Nous proposons trois rencontres qui se dérouleront au: 45 rue de BuffonROUEN
dans les locaux de l’Eglise Protestante Unie de Rouen
de 20h15 à 22h30:
Les:
Lundi 10 octobre 2016
Lundi 9 janvier 2017
Lundi 24 avril 2017

Nous avons choisi d’aborder dans l’ordre : le salut, Marie, Pierre.

Dans les années précédentes, nous avons lu ensemble la Bible sur des sujets comme l’eau et l’étranger et avons pu constater que notre lecture n’était pas différente. Quelles seront les surprises de l’année ?
Pour chaque rencontre, les participants viendront avec leur Bible dans la traduction qu’ils utilisent au quotidien. Des morceaux choisis seront proposés et à partir de la langue originelle (le grec) nous chercherons et confronterons les différentes traductions des bibles à disposition. Discussion et échanges pourront naître alors.
Pour clore la rencontre, un éclairage historique et ecclésial sera donné.

 

Rencontre du 10 octobre 2016

Le thème en  était:  LE SALUT
Vous n’avez pas pu assister à cette rencontre, vous le regrettez et vous voulez en connaître le contenu.
Allez sur le site de la Bible à Rouen et vous y trouverez le compte rendu de la rencontre et divers documents utiles.

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François Clavairoly s’exprime sur le sens des 500 ans de la Réforme et sur l’avenir des relations œcuméniques

François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France,était l’invité du JT de 13h00 le 31 octobre 2016 sur la chaîne LCI.

Il s’exprime notamment sur le sens des 500 ans de la Réforme et sur l’avenir des relations œcuméniques plus particulièrement dans le cadre de l’invitation faite au pape François par la Fédération luthérienne mondiale ce même jour, et des événements associés à Lundt en Suède pour une commémoration commune de la Réforme entre catholiques et protestants.
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Source Regards protestants.com

 

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Communauté st Anselm II à Lambeth Palace

Deuxième année de la Communauté st Anselm

L’année a démarré il y a un mois et demi avec, pour cette seconde édition, 45 membres/participants : 21 Non-Résidents ; 15 Résidents et 9 « Year B »*.

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Parmi eux il y a des Anglicans de tous bords (Hight Church, Low Church) venus de 4 continents ce qui représente déjà en soit une grande diversité. Mais il y a aussi des jeunes de tradition baptiste, des membres d’églises sans dénomminations, des méthodistes, une copte orthodoxe mais aussi quelques catholiques romains … La liste est longue et les nuances nombreuses !

Parmi les résidents la diversité internationale et culturelle est impressionnante : 11 nationalités pour un groupe de 15 personnes : Pakistan, Israël, France, USA, Tunisie, Inde, Finlande, Zimbabwe, Royaume Uni, Mexique, Afrique du Sud.

Début octobre ils étaient à Rome pour vivre avec des membres de la Communauté du Chemin Neuf la semaine vie dans l’Esprit.

Au départ cette session devait se tenir à Sclerder (Cornouailles). Mais les plans ont changé du fait de la visite à Rome de Justin Welby et de sa rencontre avec le Pape François à l’occasion du 50ème anniversaire de la fondation du Centre Anglican à Rome. Ils ont donc vécu trois sessions en une : une semaine de vie communautaire, une semaine de Vie dans l’Esprit et une semaine œcuménique !

Merci de prier pour eux tous (Alan et Ione Morley-Fletcher, Olivier de Gersigny, Ula Michlowicz , Oliver et Setske Matri, Sonia Béranger) et pour la Communauté St Anselm, engagés ensemble dans cette extraordinaire aventure œcuménique de chaque instant.

 

*« Year B » sont des non-résidents qui font une deuxième année avec St Anselm pour approfondir leur cheminement.

 

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Source: Texte et image

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Commémoration commune luthéro-catholique de la Réforme, à Lund, en Suède

 

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Le pape François, entre l’évêque Munib Younan, président de la fédération  luthérienne mondiale et le révérend Martin Jung, secrétaire général de la fédération luthérienne mondiale arrive au Malmö Arena pour une célébration œcuménique, le 31 octobre 2016. / Jonathan Nackstrand/AFP

 

Le pape François et le pasteur Martin Junge, secrétaire général de la Fédération luthérienne mondiale (FLM), ont prêché ensemble sur l’Évangile de la vraie vigne (Jean 15,1-5) lors de la prière commune dite à l’occasion de la Commémoration commune luthéro-catholique de la Réforme, à Lund, en Suède, aujourd’hui. Ils ont parlé de l’unité en Christ dont jouissent ensemble les luthériens et les catholiques et des possibilités de témoignage commun dans un monde avide du message de l’Évangile de Jésus Christ en lundparole et en actes.

 

«À présent, dans le contexte de la commémoration commune de la Réforme de 1517, nous avons une opportunité nouvelle pour prendre un chemin commun, qui durant les cinquante dernières années a progressivement pris forme dans le dialogue œcuménique entre la Fédération luthérienne mondiale et l’Église catholique», a déclaré le pape François dans son homélie, ajoutant: «Nous avons l’occasion de réparer un moment crucial de notre histoire, en surmontant les controverses et les malentendus qui souvent nous ont empêchés de nous comprendre les uns les autres.»

Source: Protestants.org texte et photo

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31 octobre 2016 coup d’envoi à une commémoration commune de la Réforme

Le 31 octobre 2016 à Lund pour la première fois en 500 ans, on donnera le coup d’envoi à une commémoration commune de la Réforme

Ce sera à Lund et à Malmö en Suède que le Pape François, pour l’Église Catholique, l’évêque Munib Younan et le pasteur Martin Junge, représentant la communion mondiale des 145 Églises de la Fédération luthérienne mondiale (FLM), donneront ensemble le coup d’envoi de la commémoration commune de la Réforme à l’occasion de son 500e anniversaire.

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Le cri de ralliement de cette commémoration œcuménique et internationale commune sera «Du conflit à la Communion – ensemble dans l’espérance».

Au programme : une prière commune à la cathédrale de Lund ainsi qu’un rassemblement public à la Malmö Arena, pendant lequel sera signé un accord de coopération entre le Département d’entraide mondiale de la Fédération luthérienne mondiale, qui est actuellement au service de plus de 2,3 millions de réfugiés dans le monde, et Caritas Internationalis, présente dans 164 pays auprès des personnes dans le besoin.

« Du conflit à la communion » est également le titre d’un rapport réalisé par la Commission internationale luthéro-catholique romaine sur l’unité. Le rapport raconte l’histoire de la Réforme telle qu’elle est unanimement comprise par les deux traditions, analyse les points théologiques sujets à controverse et dresse la liste des différends qu’on peut aujourd’hui considérer comme résolus grâce au dialogue et à une compréhension mutuelle.

 

50 ans de dialogue théologique

Dans un article commun (voir infra), son Éminence Kurt cardinal Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens et le pasteur Martin Junge, secrétaire général de la Fédération luthérienne mondiale (FLM), déclarent que cette commémoration commune qui est appelée « à faire date, reflète les progrès réalisés en cinquante ans de dialogue international catholique-luthérien. ». Les deux responsables d’Églises soulignent le rôle décisif de la Déclaration commune sur la doctrine de la justification, signée par l’Église catholique et la FLM en 1999.  « Par cette déclaration, les catholiques et les luthériens sont parvenus à surmonter les clivages nés de la principale controverse du 16e siècle. Ce jalon dans l’histoire des relations œcuméniques catholiques-luthériennes constitue le fondement théologique de la commémoration commune, rendant possible l’engagement public à tourner le dos à un passé de conflit pour s’ouvrir à l’unité à laquelle l’Église est appelée. »

 

Une commémoration pour la paix à une échelle internationale

Pour souligner l’importance internationale de la commémoration commune de la Réforme, une croix peinte par l’artiste  Christian Chavarria Ayala symbolisera la paix et l’espérance. Victime de violence pendant la guerre civile, Ayala a fui son pays, le Salvador quand il était jeune et a été accueilli en Suède. Il vit aujourd’hui de nouveau à San Salvador. Sa croix est un fort rappel aux chrétiens de toutes les confessions que le témoignage commun s’inscrit aussi dans l’accueil concret des personnes.

 

Un œcuménisme qui s’élargit

« Être luthérien, c’est être œcuménique. » Le pasteur Martin Junge aime bien citer cette phrase de son prédécesseur comme secrétaire général à la FLM, le pasteur Ishmael Noko, qui de son temps a signé la Déclaration commune sur la doctrine de la justification. La commémoration commune de la Réforme entre catholiques et luthériens se tiendra en Suède, où l’Église luthérienne est, depuis 1994, en pleine communion avec les Églises anglicanes de Grande Bretagne et d’Irlande, avec l’accord de Porvoo. Axée autour du témoignage commun, fondée sur un dialogue théologique profond mais qui devra affronter les questions autour du ministère et de la communion, l’unité de l’Eglise se construit. Les 50 ans de dialogue luthéro-catholique continuent de porter ses fruits et nous encourage tous à devenir plus œcuménique  pour entrer « ensemble dans l’espérance ».

 

Faire écho localement de la commémoration commune

Le conseil pontifical pour la promotion de l’unité chrétienne et la Fédération Luthérienne mondiale ont préparé une Prière commune téléchargeable gratuitement en différentes langues, pour encourager Catholiques et Luthériens à commémorer localement ces 50 ans de dialogue dès le 31 octobre, coup d’envoi de la commémoration de la Réforme, si possible avec d’autres partenaires œcuméniques. Koch et Junge affirment : « il ne fait aucun doute que cette initiative importante et historique ne saurait avoir lieu isolément, sans tenir compte des nombreuses autres relations oecuméniques. »
La prière commune invite à l’action de grâce et à la repentance. Sous le signe de la lumière, elle reprend en forme liturgique cinq engagements œcuméniques du document « Du conflit à la communion ».  En France, plusieurs célébrations œcuméniques locales sont déjà annoncées pour faire écho à la commémoration commune lancée à Lund. C’est la ville de Strasbourg qui accueillera début décembre une prière commune au niveau national.
Dans le pays de Montbéliard, le groupe œcuménique d’Etueffont a écrit un Message à l’occasion des 500 ans de la Réforme à l’intention des communautés catholiques et protestantes de Belfort et environs dont on peut s’inspirer :
« Nous allons commémorer l’anniversaire de la Réforme protestante suscitée par Luther. En 2017 les chrétiens, catholiques et protestants, vont revisiter des événements vieux de 500 ans en plaçant l’Evangile de Jésus-Christ au centre de leurs échanges. Malgré nos divisions, l’Esprit Saint a travaillé les femmes et les hommes de nos Eglises pour éveiller de nouveaux dialogues. Nous lui rendons grâce et nous lui demandons de nous aider à poursuivre la recherche de la communion entre tous les chrétiens. »

 

Jane Stranz

source: Protestants.org


 

Le pasteur Junge et le cardinal Koch co-signent une lettre à l’approche des 500 ans de la Réforme

 

wittenberg-1536

“En l’an 1517, dans la ville allemande de Wittemberg, le moine Martin Luther exprima publiquement son opposition à la pratique courante du commerce des indulgences. Il le fit motivé par ses convictions théologiques et spirituelles. Ses prises de position publiques enclenchèrent un processus de transformation en profondeur dans un contexte déjà complexe de bouleversements sociaux, politiques et économiques. Si Luther n’avait jamais eu l’intention de fonder une nouvelle Église, la tournure que prirent les événements finit par diviser le christianisme d’Occident et faire éclater des conflits et des violences dont les effets s’en ressentent encore aujourd’hui. À chaque centenaire de la Réforme, les commémorations sont sources de polémiques et de confrontation entre les deux confessions.

Cette fois-ci, ce sera différent. Le 31 octobre 2016, le pape François, pour l’Église catholique, et l’évêque Munib Younan et le pasteur Martin Junge, représentant la communion mondiale des 145 Églises de la Fédération luthérienne mondiale, donneront ensemble le coup d’envoi de la commémoration commune de la Réforme à l’occasion de son 500e anniversaire.

Pour la toute première fois, des catholiques et des luthériens vont commémorer ensemble, à l’échelle mondiale, l’anniversaire de la Réforme. Cet événement, qui est appelé à faire date, reflète les progrès réalisés en cinquante ans de dialogue international catholique-luthérien. Établi après les importantes décisions prises par le concile Vatican II, le dialogue a permis aux deux traditions de mieux se comprendre l’une l’autre. Il a permis de venir à bout de bon nombre d’antagonismes et, surtout, il a instauré la confiance. Il a affirmé la conviction commune que ce qui unit les catholiques et les luthériens compte davantage que ce qui les divise. Il a donné expression à la profonde conviction de foi selon laquelle catholiques et luthériens sont, par le baptême, appelés à faire partie d’un seul et même corps.

Mais cette commémoration est aussi l’expression des relations consolidées et de la meilleure compréhension mutuelle que le service et le témoignage ont permis d’atteindre. Les luthériens et les catholiques se sont rapprochés, souvent dans des contextes extrêmement difficiles marqués par la persécution, l’oppression et la souffrance.

Parmi les nombreux accords conclus au cours de ces décennies de dialogue, la Déclaration commune sur la doctrine de la justification, signée par l’Église catholique et la FLM en 1999, est décisive. Par cette déclaration, les catholiques et les luthériens sont parvenus à surmonter les clivages nés de la principale controverse du 16e siècle. Ce jalon dans l’histoire des relations œcuméniques catholiques-luthériennes constitue le fondement théologique de la commémoration commune, rendant possible l’engagement public à tourner le dos à un passé de conflit pour s’ouvrir à l’unité à laquelle l’Église est appelée.

Le cri de ralliement de la commémoration commune sera « Du conflit à la Communion – ensemble dans l’espérance ». Au programme de la commémoration figure une prière commune à la cathédrale de Lund ainsi qu’un rassemblement public à la Malmö Arena, en Suède.

« Du conflit à la communion » est aussi le titre d’un rapport réalisé par la Commission internationale luthéro-catholique romaine sur l’unité. Le rapport raconte l’histoire de la Réforme telle qu’elle est unanimement comprise par les deux traditions, analyse les points théologiques sujets à controverse et dresse la liste des différends qu’on peut aujourd’hui considérer comme résolus grâce au dialogue et à une compréhension mutuelle. Par ailleurs, il répertorie les sujets qui nécessitent une discussion théologique approfondie avant de pouvoir trouver un accord, notamment la conception de l’Église, du ministère et de l’eucharistie. La commémoration commune sera structurée autour de l’action de grâce, de la repentance et d’un engagement en faveur du témoignage commun.

– Action de grâce : pour le don de la Parole de Dieu, qui s’est adressée de nouveau à l’Église et au monde et qui continue de s’exprimer. Mais aussi pour les dons spécifiques de la Réforme, ainsi que les dons que luthériens et catholiques se reconnaissent mutuellement.

– Repentance : parce que les antagonismes ont conduit à la désunion de l’Église. Mais aussi pour les immenses souffrances qu’ont dû subir des gens ordinaires à cause d’un contentieux théologique qui, en étant récupéré par des intérêts politiques hégémoniques, s’est aligné sur ceux-ci. Cela s’est traduit par de longues « guerres de religion » qui ont ravagé l’Europe aux XVIe et XVIIe siècles.

– Engagement en faveur d’un témoignage commun : Parce que si les luthériens et les catholiques poursuivent leur quête d’unité, rien n’empêche leur témoignage commun de la joie, de la beauté et du pouvoir transformateur de la foi, notamment en étant au service des personnes pauvres, marginalisées et opprimées. La commémoration commune invite les catholiques et les luthériens à donner, car ils reçoivent la grâce en Christ et par le Christ.

Si ces trois éléments auront toute leur place dans la prière commune à la cathédrale de Lund et dans la déclaration commune qui sera signée par le pape François et le président de la FLM l’évêque Munib Younan, le troisième – l’engagement en faveur du témoignage commun – sera particulièrement mis en valeur à la Malmö Arena, qui peut accueillir jusqu’à 10 000 participants. Lors de ce rassemblement public, un accord de coopération sera signé entre le Département d’entraide mondiale de la Fédération luthérienne mondiale, qui est actuellement au service de plus de 2,3 millions de réfugiés dans le monde, et Caritas Internationalis, qui, avec une présence dans 164 pays dans le monde, peut se prévaloir d’un record impressionnant en matière de service diaconal aux personnes dans le besoin. En offrant des témoignages, en chantant des chansons et en échangeant des réflexions, catholiques et luthériens vont ainsi faire comprendre que leur engagement à tourner le dos au conflit ne se cantonnera pas à ces deux communions mais qu’il portera des fruits dans un service empreint de compassion et d’amour à l’égard du prochain dans un monde blessé et fragmenté par le conflit, la violence et la destruction écologique.

Bien que les luthériens et les catholiques soient appelés à laisser le conflit derrière eux et à se tourner vers leur avenir commun, il ne fait aucun doute que cette initiative importante et historique ne saurait avoir lieu isolément, sans tenir compte des nombreuses autres relations œcuméniques. Des représentants œcuméniques participeront à la commémoration commune, accompagnant les catholiques et les luthériens dans ce moment clé et encourageant par leur présence la suite du processus. Ce contexte œcuménique mettra aussi en valeur la conviction que la Réforme du XVIe siècle n’est pas un événement isolé, mais qu’elle a été précédée et suivie par d’autres mouvements réformateurs. Les différentes traditions confessionnelles ont reçu et se sont approprié chacune à leur manière le mouvement de réforme mis en branle par Luther.

Dans un monde aux prises avec des déficits de communication, la récurrence croissante de discours incendiaires et de nature à semer la division et la montée de la violence et du conflit, les luthériens et les catholiques puiseront au plus profond de leur foi commune en le Dieu Trine pour déclarer publiquement :

– Ensemble, catholiques et luthériens vont aller de l’avant, toujours plus près de leur Seigneur et Sauveur commun Jésus-Christ ;
– Il est important de maintenir le dialogue ;
– Il est possible de tourner le dos au conflit ;
– La haine et la violence, y compris celles qui sont motivées par la religion, ne doivent pas se banaliser – et, surtout, elles ne sauraient être justifiées –, mais elles doivent être rejetées avec véhémence ;
– Les mauvais souvenirs peuvent se dissiper ;
– Une histoire douloureuse n’exclut pas un avenir radieux ;
– Il est possible de passer du conflit à la communion et d’entreprendre ce cheminement ensemble et dans l’espérance ;
– Il y a un pouvoir dans la réconciliation, car celle-ci nous libère pour nous permettre de nous tourner les uns vers les autres mais aussi vers l’extérieur dans l’amour et le service.

La commémoration commune représentera un immense encouragement pour les catholiques et les luthériens dans leur témoignage commun dans un monde blessé et brisé. En outre, elle fournira la motivation nécessaire pour s’engager en faveur d’un dialogue encore plus passionné permettant de venir à bout des différences et de recevoir et célébrer l’unité à laquelle nous aspirons”.

 

(*) Version française de la Fédération mondiale luthérienne. Titre de La DC.

31 octobre 2016 coup d’envoi à une commémoration commune de la Réforme Lire la suite »

1517-2017 Anniversaire de la réforme en différents endroits.

luther
Suisse
 
Un film sur Nicolas de Flue, Jean Calvin et Ulrich Zwingli
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A partir d’une approche historique et spirituelle, un réalisateur allemand, Rainer Waelde, a voulu mettre en lien la commémoration des « 600 ans de Nicolas de Flue » et celle des « 500 ans de la Réforme ». Mettant en scène les trois figures centrales de l’histoire politique et religieuse de la Suisse – Nicolas de Flüe, Jean Calvin et Ulrich Zwingli-, le réalisateur désire ouvrir l’horizon des deux commémorations et interpeller un public plus large même que celui des différentes confessions chrétiennes. Dans le film, les trois principaux protagonistes ne parlent pas, seule leur voix intérieure se fait entendre. On découvre alors trois personnalités différentes qui, chacune, amène à une question essentielle :
« Quel est mon appel ? » (Nicolas de Flüe),
« Où dois-je m’engager concrètement ? » (Zwingli),
« Jusqu’où suis-je prêt à aller ? » (Calvin).
Source: Idea-Spektrum, 17 Aout 2016 (Nr. 33), http://www.waeldemedia.de/

 

France
Week-end au Centre Œcuménique et Artistique de Chartres
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Le leitmotiv de l’Eglise Protestante Unie de France (EPUF) pour l’année jubilaire de la Réforme est clair : rechercher ce que l’on peut dire ensemble au monde d’aujourd’hui et non pas afficher une identité protestante « contre » les autres.
Une Week-end à Chartres les 13-14-15 Octobre sera organisé par l’église locale de l’EPUF en collaboration avec le Diocèse de Chartres et le Centre Œcuménique et Artistique tenu par la Communauté du Chemin Neuf.
L’intention est de redécouvrir ensemble l’Evangile comme le centre de notre vie, et par là, se réapproprier le message de libération de Luther.
Parmi les invités, seront accueillis Mgr Michel Pansard et le pasteur André Birmelé.
Source : Judith Doré, Présidente du conseil presbytéral EPUF Chartres

 

Suède
Le Pape François, l’évêque , Munin A. Younan, et le Révérend Martin Junge,
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respectivement président et secrétaire général de la fédération luthérienne mondiale, présideront une célébration œcuménique conjointe le 31 octobre 2016 à Lund, en Suède, en collaboration avec l’Église luthérienne de Suède et le diocèse catholique de Stockholm. Cette célébration donnera un écho aux progrès œcuméniques entre catholiques et luthériens et aux dons réciproques dérivant du dialogue. L’évènement comprendra une célébration commune fondée sur la “Prière Commune”, récemment publiée, qui sert de trame liturgique aux célébrations catholico-luthériennes.

 

Pays-Bas
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A l’initiative de l’Eglise Luthérienne du Pays Bas, toute au long de l’année jubilaire, une torche va traverser le pays, du Nord (région protestante) au Sud (région catholique). Le feu s’arrêtera aux nombreux endroits où la commémoration de la Réforme va se dérouler dans une célébration œcuménique.
Une des stations sera l’Abbaye St Paul à Oosterhout, où la Communauté du Chemin Neuf va proposer plusieurs démarches de réconciliation.

 

Allemagne
Le « jardiluthergartenn de Luther » à Wittenberg: « Si l’on m’annonçait que la fin du monde est pour demain je planterai quand même un pommier aujourd’hui ». Cette citation, attribuée à Martin Luther, a donné l’idée à La Fédération Luthérienne Mondiale d’un Mémorial vivant et changeant, en signe d’espérance. Depuis 2009, autour de Wittenberg – la ville où Luther a affiché ses 95 thèses – le jardin de Luther se développe arbre par arbre, afin d’arriver au nombre symbolique de 500 arbres jusqu’ à 2017.
Dès le début, ce projet s’est voulu oecuménique et c’est le Cardinal Walter Kasper qui planta le premier arbre, un tilleul, au nom de l’Eglise catholique romaine. Les quatre grandes dénominations chrétiennes ont ainsi planté la même sorte de tilleul autour de la croix, qui est notre terre commune.

 

Source: Chemin Neuf actualité

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